" ignis "

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Je vivais dans un vieux manoir depuis peu, héritage de ma grand-mère décédée. Une vieille femme aigrie par les années, méchante, au cœur de pierre. Elle occupait la chambre du troisième, son lit à baldaquin était orné d'une sinistre tête de lion. A son pied, une vieille harpe poussiéreuse et désaccordée que personne n'avait touché depuis sa mort. Lorsque la fenêtre était ouverte, les légers rideaux qui entouraient son lit volaient de manière fantomatique. Son vieux chapeau avec une plume verte reposait dans sa bibliothèque. A côté de celui-ci, des clichés jaunis par le temps la montraient dans sa splendide jeunesse.

La fenêtre de sa chambre, à la vitre sale donnait sur son étrange jardin en friche, où seule elle avait le droit de pénétrer. Le papier peint de cette pièce se décollait par endroits, laissant apparaitre un mur sali par les années.
Son couvre-lit, d'un rouge éclatant, pareil au feu, était le seul objet à paraitre neuf. Le manoir dans lequel se trouvait cette pièce était tout aussi vieux que celle ci. Le couloir du troisième étage qui accédait à de nombreuses autres pièces dont seule ma grand-mère avait la clef, était décoré de nombreux portraits, couverts d'une épaisse pellicule de poussière.

Ma chambre, ma salle de bain et mon bureau étaient au deuxième étage et contrastaient grandement avec le reste du manoir, enfin pour l'instant, j'avais décidé de donner une seconde vie à ce vieux manoir. Je débutais ma lourde tâche dans la cuisine. De nombreuses casseroles en cuivre s'empilaient ici et là. De la vaisselle sale gisait sur le plan de travail, sale lui aussi. Apres la cuisine je m'attaquais au salon, un véritable enfer! Des magazines « people » s'empilaient, nous informant des derniers potins à savoir. Les vieux fauteuils en cuir prenaient la poussière, l'ancienne télévision carrée était débranchée et une tapette à mouche traînait au sol. Je continuais ainsi de pièce en pièce, trouvant parfois des bibelots utiles et ramassait, ici et là, des clefs, jusqu'a arriver à la chambre de l'affreuse bonne femme qui avait été ma grand-mère. Je commençais à frotter les carreaux crasseux, pour enfin apercevoir le jardin, si on pouvait appeler cela ainsi. Je nettoyais à présent les étagères de la bibliothèque, ramassant de vieilles photos de famille. Fière de mon œuvre, je me retournais, emportent inconsciemment une photo.

Je m'assoupis aussitôt que je touchais mon lit.

Vers deux heures, je me réveillais avec un étrange sentiment de malaise, une sorte d'angoisse qui me tiraillait l'estomac et une peur qui me prenait par les entrailles sans vraiment savoir pourquoi. J'avais de plus en plus de mal à respirer, si bien que j'allumais ma lumière et ma précipitai pour ouvrir ma fenêtre. La nuit était noire d'encre, avec pour seule lumière le dernier croissant de lune qui semblait malade. L'ombre dansante des arbres donnaient un aspect lugubre à la nuit. Je retournais à mon lit, et mes yeux parcoururent automatiquement ma table de nuit, avant de s'arrêter sur les pupilles dénuées de sentiments d'une femme. J'avais l'impression que mon cœur tentait de sortir de ma poitrine, tant il battait. Ce n'était qu'une photo. Une simple photo, où ma défunte grand-mère m'observait, figée.

Comment avait-elle pu arriver là ? Je ne me souvenais pas de l'avoir prise. La vue de cette image provoquait en moi une étrange sensation glaçante, terrifiante. Après de longues minutes à me questionner, j'en vins à la conclusion que la fatigue me causait des hallucinations. Je me glissais dans les draps, froids, tentant de m'endormir. J'y parvins après une heure à me tourner et me retourner pour trouver le sommeil.

Je me réveillais lorsque le soleil était déjà haut dans le ciel. Je me sentais en pleine forme, la nuit avait été reposante. Je tirais les rideaux, respirant l'air matinal avant de me diriger vers la salle de bains pour me laver. J'en sortais douchée, habillée, maquillée. Je remontais ma couette sur les oreillers, et mettais un peu d'ordre sur ma table de nuit, lorsque je vis le cadre. Il était vide.

𝒊𝒈𝒏𝒊𝒔. Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon