Chapitre 14 : Olenka

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Olenka se mit de l'eau sur le visage histoire de se rafraîchir mais rien a faire, elle ressemblait à un cadavre. Son maquillage avait coulé et d'énormes cernes se creusaient sous ses yeux. Qu'est-ce que j'ai foutu, merde ?

Elle rassembla ses quelques affaires et sortit discrètement de la maison de Farah par la baie vitrée derrière. Et puis elle attendit sur la route, seule et frigorifiée. Elle se sentait terriblement mal.

Elle reconnut la grosse voiture de son père au loin. Il ralentit brutalement et s'arrêta devant Olenka. Alors que la blonde allait rentrer, il sortit de la voiture et lâcha :

« T'as pas honte, d'être habillée comme ça ? Plus courte la jupe, la prochaine fois. À qui tu cherches à plaire ? »

Olenka l'ignora et rentra dans la voiture, le coeur encore plus serré. Elle n'avait pas imaginé de telles retrouvailles.

Son père recommença à crier mais Olenka refusa d'y prêter attention, elle se contenta de se retenir de vomir. Et puis soudain, son père se calma et soupira :

« On s'est inquiétés... Tu peux pas penser qu'à toi et nous faire des frayeurs comme ça.
- Je ne savais pas que vous rentreriez, souffla Olenka.
- Ça veut dire quoi, ça ? Quand on n'est pas là, tu fais n'importe quoi ?! Olenka, tu te rends pas compte. On fait ça pour ton bien. Il la coupa net. Je sais qu'on est souvent absents, mais tu es notre fille. Je ne veux pas qu'il t'arrive de malheurs.
- C'est juste une soirée, répliqua Olenka en faisant semblant d'être insensible à ces paroles. Arrêtez d'être putain de paranos. Arrêtez de jouer aux parents parfaits alors que je vous vois jamais.
- Tu parles comme une petite pourrie gâtée ! Si on travaille si dur, c'est pour toi, et c'est comme ça que tu nous remercies ? Toutes nos richesse, on a travaillé dur pour ! »

Olenka serra les dents. Après tout, peut-être qu'il avait raison. Elle était tellement pourrie gâtée qu'elle était incapable de savourer ce qu'elle avait déjà et se plaignait de ne pas avoir l'amour de ses parents. Quelle faiblarde.

« Qu'est-ce qui s'est passé, à ta soirée ? demanda son père, visiblement surpris par l'impassibilité d'Olenka. »

J'en ai aucune putain d'idée, merde.

« Rien. C'était sympa mais je dois me reposer.
- Je te préviens, c'est la dernière fois que tu fais ça. Tu as bu ?
- Un peu.
- Quoi ? Tu as bu quoi ?
- Une bière. »

Olenka était obligée de mentir. Sinon, il allait la foutre dans un couvent. Elle tenta de faire bonne mine mais son état empirait.

Son père continua de faire la morale, comme quoi il fallait faire attention, que les gens n'étaient pas tous hein intentionnés et qu'il aurait pu lui arriver du mal. Olenka ferma les yeux.

*

Lorsqu'elle les rouvrit, elle était au chaud dans son lit. Complètement HS, son premier réflexe fut de prendre son portable. Il était 12h30. Ah oui ok. Olenka se frotta les yeux et se redressa lentement. Elle constata avec joie qu'elle se sentait déjà mieux.

Peut-être pas pour longtemps. Nathan lui avait envoyé un message.

Ça va ? T'es partie sans rien dire
Tu regrettes rien j'espère ?

Olenka ferma les yeux. Le retour des emmerdes. Au fur et à mesure qu'elle avançait, des bribes de souvenirs commençaient à lui revenir. Elle se rappelait avoir bu, avoir beaucoup dansé. Elle se rappelait que Nathan lui faisait enchaîner les verres en rigolant et qu'elle était très enthousiaste. Mais il y avait toujours une partie de sa soirée qui demeurait un véritable brouillard.

Pour avoir le cœur net, Olenka répondit rapidement.

« Jme rappelle de rien. J'ai fait quoi? »
« Rien de grave, t'as juste beaucoup bu et on s'est embrassés. »

Olenka manqua de peu de s'étrangler. Elle tenta de puiser dans ses souvenirs pour se rappeler de ça, mais... Impossible. La blonde commença à suffoquer. Nathan lui plaisait un peu, certes, mais elle n'aurait jamais dû faire ça. Putain... Était-elle devenue si incontrôlable ?

« C'est une blague ? »
« Non, mais tranquille, c'était rien. Je sais qu'on est pas ensemble ou quoi, panique pas »

Olenka fut étrangement soulagée par ces paroles. Et ça, c'était mauvais signe. Si elle était vraiment attachée à Nathan, ces mots froids l'auraient affectée. Il faudrait que je lui en parle... Alors qu'elle réfléchissait à une façon d'amener le sujet, Nathan lui renvoya un message :

« T'as déjà envoyé des nudes ? »

Le sang d'Olenka se glaça dans ses veines. Elle se sentit gênée par cette question. Mais surtout, une panique immense. Au fond d'elle, elle savait très bien où Nathan allait en venir.

Elle aurait bien voulu ne pas répondre, mais elle avait besoin de savoir si Nathan allait vraiment faire ce à quoi elle pensait.

« Nop »
« Je peux être ton premier ? 😂 »

Olenka était affreusement gênée. Cela ne ressemblait pas au Nathan qu'elle avait côtoyé. On aurait dit un vieux bizarre.

« Non plus »
« Oh, allez. C'est qu'une photo, ça reste entre nous. T'es magnifique »

Mais il me prend pour une grosse conne ? Olenka voyait très bien ses tics de manipulation. Pensait-il vraiment en arriver à ses fins en la complimentant ? Soudain, Olenka ne ressentit plus qu'une sombre colère pour Nathan.

« Je suis pas intéressée, bouge »
« Pourquoi tu fais la coincée ? Tout le lycée t'a vue a poil l'année dernière, t'as déjà une réputation de pute »

Au début, Olenka n'eut pas de réaction. Elle se contenta d'observer quelques instants le message et puis elle éteignit son téléphone. C'est rien. C'est pas grave. C'est passé. Je m'en fous. Je savais que ça allait ressortir. Qu'on allait en arriver là.

Et puis Olenka sentit son cœur se serrer. Elle se rappelait. La douleur. La honte. La colère. La haine. Il n'avait pas le droit. Ils n'avaient pas le droit. Personne n'avait le droit de lui coller une étiquette sur ce qu'elle était sans la connaître. Personne n'avait le droit de l'insulter. Et encore moins cette sombre merde de Nathan.

Olenka avait bien senti que quelque chose clochait. Il y avait toujours cette espèce de distance entre Nathan et elle. Depuis le début, il la manipulait, c'était tout. Pourquoi tombait-elle toujours sur des putains d'enfoirés ? Matth la trompait, Nathan l'insultait. Son cœur se serra. Elle les détestait tous, du plus profond de son être.

Elle hésita à répondre. Après tout, l'ignorance était la plus belle des réponses. J'aviserais si la situation empire.

Olenka inspira. Cette fois-ci, elle ne se laisserait pas faire.

Le ciel était bleuWhere stories live. Discover now