Partie 12

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En bas de l'immeuble, quelques paparazzis sont déjà là. Harry Potter, est-ce que c'est vrai ce qu'on dit ?
J'aurais du m'y attendre. Je les dépasse et transplane rapidement une rue à peine plus loin.

Est-ce que c'est vrai ?

La vérité, c'est que je n'aurais pas du quitter l'appartement sur un coup de tête.

La vérité, c'est que je ne sais pas où aller pour réfléchir calmement à mon univers qui se casse la figure. Je réalise que je n'ai pas d'espace à moi, partout Harry Potter est reconnu, hélé, sollicité.
Je ne peux aller ni au Ministère, ni sur le Chemin de Traverse, ni sur le terrain d'entraînement de Quidditch, et je ne veux pas aller toquer chez Ron et Hermione de bon matin, la panique au bord des lèvres.
La vérité, c'est que je n'ai pas de chez moi, d'endroit où je me sens en sécurité.
J'aimerais retrouver le sentiment que j'éprouvais quand je me rendais à Poudlard, retrouver l'excitation et l'impatience qui pulsaient dans mon cœur quand je savais que je rentrais enfin chez moi, à la maison.
Mais Poudlard n'est plus qu'un champ de ruines dans ma mémoire, et même si l'école a été reconstruite et réouverte, je ne m'y sens plus chez moi. C'est juste devenu la source des cauchemars qui me hantent, le lieu où je n'ai pas pu sauver ceux qui ont cru en moi, l'endroit où j'aurais du mourir avec ceux qui ont donné leurs vies pour une cause qui les dépassait.

Alors je marche au hasard dans les rues du Londres moldu. Je me fonds dans la foule des travailleurs matinaux, pour mieux me perdre. Passer inaperçu, ne pas être sur le qui-vive, avoir le temps de réfléchir... Essayer de comprendre ce que cette photo volée, livrée en pâture, signifie sur ma vie future... Essayer de comprendre pourquoi je me sens si vulnérable et si en colère depuis ce matin...

Je repense aux mots de Ron, au soutien d'Hermione, et s'il était temps de faire descendre Harry Potter de son piédestal et que Harry commence à vivre pour lui ? Est-ce que je ne l'ai pas mérité après une vie entière à être le pion d'une prophétie de pacotille ?

Et si je m'autorisais à être vulnérable, avec mes doutes et mes angoisses, et si j'arrêtais de lutter contre celui que je suis ?

Et si le courage, c'était juste d'accepter qui on est aux yeux des autres ?

La vérité, c'est que j'aurais du rester auprès de Drago dans cet appartement trop grand. J'aurais du le serrer dans mes bras, le rassurer, lui dire que ça ne change rien, le couvrir de baisers et de promesses d'avenir. Mais il a aussi raison, cette bulle entre nous ne peut pas durer éternellement. Il faut que je reprenne le contrôle de ma vie, ou du moins, en avoir l'impression.

La vérité, c'est que j'aurais du rester auprès de Drago, parce que c'est lui ma maison, c'est auprès de lui que je me sens moi-même, sans artifice et sans masque, c'est auprès de lui que les monstres se calment et que je m'autorise enfin à être heureux.

Je passe la matinée à errer dans les parcs du Londres moldu, à retourner dans tous les sens les conclusions qui me semblent de plus en plus évidentes. Je marche au hasard pour prendre le temps, pour ne pas prendre de décisions hâtives, contrer la voix d'Hermione qui me dirait que j'agis sans réfléchir, sous le coup de la colère.

Aujourd'hui, je suis debout au bord d'un précipice inconnu, la peur au ventre, et je sais que je dois sauter dans le vide pour avancer.

Aujourd'hui, il est temps d'arrêter de jouer un rôle aux yeux de tous...

***

Il est tard quand je rentre à l'appartement, et je redoute de le retrouver vide.

Mais la surprise m'arrête sur le pas de la porte, une main encore sur la poignée. Drago est toujours là, emmitouflé dans un plaid. Il a allumé un feu dans la cheminée et une odeur agréable s'échappe d'une casserole dans la cuisine ouverte. Mes entrailles se tordent, je ne suis qu'un con. A quel moment j'ai pu douter de lui, c'est définitivement lui mon chez-moi, je n'aurais pas du partir, et le laisser avec l'angoisse de l'inconnu.

Les fantômes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant