Réveille-toi

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- Bonne papa, bonne nuit maman !

C'est la nuit, enfin ! Le seul moment où tout se mélange, où tu peux te sentir libre.

Tu soulèves la couette et plonge dans ton lit. Il fait chaud dedans, c'est agréable. Tu savoures avec délicatesse ce moment de plaisir.

Doucement tu te décides à fermer tes paupières. Elles sont lourdes et se laissent faire, comme d'habitude, et le noir prend enfin possession de ton esprit.

Petit à petit, une forêt se dessine. Les arbres sont nombreux, on y entend les chants des oiseaux et une rivière couler. Tu découvres que tu es toi aussi dans cette forêt, alors tu n'hésites pas. Tu avance vers la petite rivière et te regarde dans le reflet de l'eau. Oui, c'est bel et bien toi.

Tu commences à tremper tes mains dans l'eau, la température de celle-ci te fait légèrement trembler. Tu fermes les yeux et laisse tes mains bouger en fonction du courant. Ça fait du bien.

- Hey ! La demoiselle ! Vous bloquez le chemin là !

Tu sursautes et regarde autour de toi rapidement, essayant de trouver à qui appartenait cette voix.

- Hé mais vous êtes sourde ou quoi ? Z'allez créer un bouchon !!

Cette fois tu te retournes vers tes mains, quelque chose les frôle.

À côté d'elles se trouve un poisson, qui, étonnamment, a la bouche à l'extérieur de l'eau. D'ailleurs, cette bouche est vraiment grande et pulpeuse, coloré d'un beau rouge sang. D'après ce que tu sais, ce n'est pas très ordinaire, mais tu n'y prêtes pas plus d'attention et continue à examiner l'animal.

Son corps est lui, assez petit et de jolies écailles bleues l'ornent. Mais la même voix te stope à nouveau dans ta contemplation.

- Z'avez fini de me dévisager, c'est que j'ai pas tout mon temps moi.

Tu comprends alors que cette voix n'appartenait à personne d'autres qu'à ce poisson à l'étrange bouche.

- Oh pardon. Je ne vous avez pas vue !

- Je vous pardonne mais retirez moi donc ces deux choses qui me bloquent le passage.

En effet, tes mains sont toujours dans l'eau et semblent empêcher le poisson d'avancer. Tu te précipites de les enlever.
Mais à ton plus grand étonnement, l'animal n'avance pas mais commence à te dévisager comme tu l'avais fait quelques minutes plus tôt.

- Dîtes donc, z'êtes pas d'ici vous ? C'est la première fois que je vous vois.

- Heu... Je viens d'arriver mais je ne sais pas vraiment si je suis d'ici...

- Vous ne savez pas où vous êtes ? Mm... Z'êtes pas net vous... Comment que vous vous appellez ?

- J-Je crois que je ne sais plus... Et vous ?

- Je m'appelle Poisson, heureux de te rencontrer Jecroisquejenesaisplus. Dis moi, d'où viens tu ?

- De chez moi, de ma maison si je me souviens bien...

- Et où ta maison ?

- Quelque part... Dans une ville je crois. Mais j'oublie souvent.

- Avec qui vis-tu dans cette maison ?

- Et bien, avec mes parents. Et vous vous ne vivez pas avec eux ?

- Moi ? Ahaha ! Je n'ai pas de parents !

- Comment ça ? Mais si vous n'en avez pas, comment êtes-vous né ?

- Je suis né parce que j'ai voulu naître ! J'ai voulu exister alors j'existe. Comme toi !

- Comment ça comme moi ?

- Je te parles car tu es ici, et tu es ici parce que j'ai voulu que tu existes. Je t'ai imaginer sans m'en rendre compte !

- Mais alors, vous existez parce que j'ai voulu vous voir ??

- Ça, je ne sais pas ! C'est toi qui le décide... Tu sais, ici, tu peux avoir tout ce que tu veux vraiment, au fond de toi. Regarde, observe autour de toi.

Tu te retournes alors pour observer où tu te trouvais. Mais étrangement, le décor n'a pas changer, les arbres quant à eux, ont eu des fleurs. Tu devines que c'est le printemps, ta saison préférée. Là où toutes choses nées pour disparaître quelques mois plus tard. C'est vraiment un spectacle formidable.

- C'est vrai que c'est joli, finalement...

- Tu sais petite, c'est la première fois que j'existe dans un monde pareil ! Le décor est vraiment vide...

- Je croyais que vous veniez d'exister ?

- Oui mais j'ai déjà exister dans un autre monde, différemment. Pour quelqu'un d'autre.

- Je ne comprends pas très bien...

- Oublie. Je suis surtout ici pour te dire une chose importante, que tu dois impérativement savoir.

- Quoi donc ?

- Tu es entrain de rêver. Tout ce qu'il y a ici n'est que illusion.

- Vraiment ?? Mais... Ça veut dire que tu cela est faux et que je ne l'ai pas vécu ?

- Je n'ai pas dit qu'un rêve ne peut pas être vécu...

Le poisson disparu. Soudain tes paupières devinrent à nouveau lourdes malgré leur légèreté. Et tout devint noir. Tu venez de vivre une fois de plus. La route est encore longue...

Avancer.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant