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Pourquoi n'ai-je jamais écrit sur cette histoire? Sur toi? À cette question, j'ai trouvé plusieurs réponses plausibles.

La première, c'est que j'ai peur. Écrire cette histoire la rendrait réelle, elle transformerait mes souvenirs en quelque chose de matériel, quelque chose qu'on peut toucher. Je n'ai pas peur de toi. Je n'ai plus peur de toi. J'ai peur de moi, ce que je pourrais faire.

L'autodestruction, je connais. Et, tu le sais plus que n'importe qui, je suis dangereuse.

La deuxième possibilité serait qu'en écrivant ça, je devrais assumer. Je devrais assumer ma plus grande connerie, ma plus grande honte. Ton existence et la trace que tu as laissé dans ma vie.

Tu m'as marquée. Je sais que cette idée te déplaît autant qu'à moi, mais tu es gravé en moi. Tu restes dans ma tête à la façon d'une sangsue qui reste accrochée à sa proie. Seulement, je ne suis pas une proie. Je ne suis pas une victime. Je suis même très loin d'en être une.

Alors pourquoi écrire ça? Pourquoi publier ça? Et, aurai-je seulement le courage de le publier? Je ne sais pas trop. Peut-être que c'est pour m'en libérer.

Tu es lourd. Et j'ai l'impression d'avoir un rocher sur les épaules en t'entraînant avec moi. Mon cœur, mon estomac, son fait d'acier. Dur, lourd. Sans aucune souplesse. Est-ce seulement la bonne métaphore ? Je ne pense pas.

Des erreurs, j'en ai fais pleins. Tu es juste la plus grande. Tu sais pourquoi ? Parce qu'avant toi j'en avais accumulé tellement en restant "heureuse", que tu t'es tout pris dans la gueule.

J'aimerai te dire que je suis désolée. Mais je ne le suis pas. Je ne le serais jamais. Pas pour toi. Pas pour ça.

Je m'en veux. C'est vrai. Mais je t'en veux aussi. Tellement.

Mes bras s'en souviennent. Mes cuisses aussi et mon ventre. Si tu les regardais bien, tu verrais ces fins traits blancs. Seulement, je ne te les montrerais jamais. Tout ce que tu verras de moi, c'est un regard noir.

Alors, maintenant, vient la question cruciale; ai-je envie de raconter cette histoire? Non. En ai-je besoin? Oui.

Ne crois pas que je me placerai en tant que bouc émissaire. Je sais très bien que je suis fautive. Que c'est de ma faute. Entièrement.

Ou presque.

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