Parce que c'était lui

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J'étais figée.
Je ne savais pas quoi faire, comment réagir.

Il était là, juste devant moi. Je n'avais qu'à avancer de quelques pas pour le rejoindre, le toucher, entendre le son rauque de sa voix que j'avais, avec les années, oublié.

Je dictais à mon corps de bouger, de faire quelque chose; un pas, un seul. Mais, c'était comme si j'étais piégée. Comme si quelqu'un avait pris possession de mon corps, l'interdisant de faire ne serait-ce qu'un seul geste. De rester pétrifié mais aussi affreusement terrorisé.

Parce que oui, j'avais peur en cet instant. Malgré le sentiment d'euphorie, la joie de le revoir après tant d'années, une boule s'était formée dans ma gorge et se chargeait dans le même temps de me broyer le ventre. J'avais peur parce que je savais.

Je savais que si je m'approchais, le torrent reviendrait. Ce torrent de sentiment que j'avais pour lui et que j'avais réussi à calmer pendant deux longues années. J'avais de la haine, du dégoût, de la tristesse. J'avais de l'amour, de la joie, du bonheur.
Ce torrent n'attendait que de m'engloutir pour au final me submerger.

Alors je restais là, à le regarder de loin, lui ne m'ayant toujours pas vu, et je retenais le pincement qui me serrait le cœur.

Il était plus beau que jamais avec sa peau lisse et foncée, ses yeux chocolat où des millions d'étoiles pouvaient se loger. Je regardais ses cheveux qu'il avait décidé de couper, laissant ses boucles briller sous les lumières du supermarché où nous étions. Je regardais son corps qui avait pris en masse, faisant de lui un jeune homme svelte et musclé. Enfin, je vis ses lèvres, ses magnifiques lèvres charnues et légèrement rosée qui s'étiraient en un doux sourire.

Mon Dieu, je crus mourir en cet instant alors que je sentais des larmes perlées au coin de mes yeux. Je n'étais pas encore prête ou plutôt, pas encore réparée. Mon cœur n'avait pas cicatrisé de cette relation et mon souffle se coupa face à cette constatation.

Alors je restais là, dans le rayon des surgelés entre les pizzas et les boîtes de glaces. Je le regardais et me rappelais de notre parcours à tous les deux. De cette relation qui fut fatale pour moi. De ces larmes versées, mais aussi du bonheur ressenti, durant un temps.

Je me souvins des années passées avec lui et clignais des yeux, tentant de calmer mon cœur battant la chamade, ayant oublié cette sensation.

Et je me souvins, oh oui, la raison de mes mains moites et de ma respiration erratique.

Parce que c'était lui, tout simplement.

Parce que c'était luiWhere stories live. Discover now