À l'aube de ses quarante ans, Violette Fleury déprime. Psychologue dans une unité Alzheimer, elle sent que sa vie lui échappe. Son plus gros problème : sa libido inexistante alors qu'elle ne souhaite qu'une chose, devenir maman. Toutes ces histoires...
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9 octobre ~ Otis
— J'ai trouvé !
Violette débarque dans ma chambre en furie, s'invite sur les draps comme si c'était son propre lit, puis me colle son portable sur le nez. Agressé par la lumière bleue, je repousse le téléphone d'un geste vif de la main et profite de cet instant de répit pour me frotter les mirettes. Ma bougresse de meilleure amie n'a pas dit son dernier mot et allume la lumière sans penser à mes jolis yeux verts qui souffrent le martyr. Elle est à quatre pattes sur mon lit, toujours vêtue de la tenue qu'elle portait hier. Face à ce constat, je hausse un sourcil intrigué. À en juger la tête qu'elle se paie, elle n'a pas fermé un œil de la nuit et a passé des heures d'insomnie à parcourir des profils de mâles qui pourraient correspondre à son idée du père idéal. Quand on sait qu'elle a grandi seule avec sa mère et n'a jamais connu son paternel, on est en droit de penser que sa quête promet d'être difficile.
Une nouvelle fois, elle agite son smartphone devant moi et sautille sur ses genoux pour exprimer son impatience. Malgré ses cernes qui lui donnent l'air d'un panda et sa tignasse blond platine décoiffée, je la trouve divine. Si je n'étais pas attiré par la gente masculine, Violette serait mon idéal féminin. Parfois, elle me dit que je la trouve jolie uniquement à cause de son côté garçon manqué. C'est faux. Même si elle a une carrure impressionnante pour une femme et dépasse de loin le mètre quatre-vingt, elle est gracieuse, élégante et terriblement sexy.
J'ai compris depuis longtemps que Violette n'était pas comme les autres. Dans cette société hypersexualisée, elle dénote. Pourtant, elle est heureuse. Elle a un métier qui la passionne, des amis exceptionnels – moi en tête de liste – et une vie sociale bien remplie. Elle n'est pas le cliché de la vieille célibataire endurcie qui hait les hommes. Au contraire, elle a toujours eu plus de gars comme copains. Elle a même connu plusieurs petits amis, mais généralement, quand elle annonçait ne pas vouloir coucher avec eux, ça jetait un froid. D'un sens, je peux les comprendre. J'aurais du mal à me mettre en couple avec un type qui ne me désire pas. Pour moi, le sexe est indispensable dans une relation. Violette me soutient que non, mais jusqu'ici, elle n'est jamais parvenue à me prouver le contraire en gardant un homme assez longtemps dans sa vie. Le dernier en date, Adam, était fou d'elle. Ça se voyait à la manière dont il la regardait, avec tendresse et passion. Quand les choses sont devenues sérieuses entre eux et que ma meilleure amie a confié son « grand secret », il a vraiment essayé de faire fonctionner leur histoire. Malgré tous ses efforts, au bout de quatre mois de relation platonique, il a craqué et a abandonné ma jolie Violette.
— Il n'a pas de photo de profil. Tu as des milliers de mecs sur ce site et toi, tu choisis le pauvre type qui n'ose pas poster sa tronche sur les réseaux.
Elle fronce les sourcils, surprise par ma réaction. Puis elle quitte le profil pour m'en montrer un autre, sans un mot.
— Ah ben voilà ! m'exclamé-je. Celui-là est canon !
