La griffe de la panthère noire

Prison dorée

- Il était temps, siffla Yuta, qui tenait à la main son laptop et contrôlait le verrouillage. Les bleus viennent de quitter, tu as 15 minutes avant que ...

- Ouvrez cette trappe! Le coupa-t-elle. Ken est encore là-bas!

- Il sait s'occuper de lui, fit Lee. Je m'occupe du boss

Il courut vers une des portes dissimulées derrière la cuisine.

- Et Ken? questionna Lilith

- Il sait ce qu'il a à faire, fit Yuta, avec suffisance 

Les trois hyènes se tenaient à l'écart, près des caisses d'alcool. Elle croisa le regard trouble de Takada, aussi détendu qu'un gorille, une bouteille à la main. Elle distingua les points de suture encore frais. Il esquissa un sourire terrifiant.  

- Hâfu, grogna-t-il

 Elle porta son attention sur son merveilleux cousin. Elle marcha droit vers lui, ignorant Gin qui tentait de lui bloquer la route.

- Salaud!

La gifle se percuta dans la pièce. Tous se figèrent. La messe au Vatican n'aurait pas obtenu autant de silence. Raeden eut un rictus glacial en touchant sa joue.

- Tu as la chance d'être une fille, cousine. Beaucoup de chance, dit-il, entre ses dents blancs éclatants

- Joue une fois encore avec moi et je t'arrache un peu de peau, imbécile! rugit Lilith, sentant sa voix craquer

Elle refusa de pleurer devant sa famille, devant ce salaud qui avait trahi sa fragile confiance. Le regard de Raeden se porta sur son bras et quelque chose ressemblant à la compassion remplaça son dépit. Mais elle n'était pas dupe, elle ne lui ferait jamais confiance.

- Bouge ton derrière, hâfu, ordonna Takada

- Avec plaisir connard!

Gin secoua lentement la tête

- Ce n'est pas possible...grand-mère...

- La ferme! Répliqua son cousin

Raeden ne disait rien.

Elle aurait dû se douter que son cousin allait aussi décevoir ses attentes. Lilith se fit violence contre elle-même. Elle ne récoltait que ce qu'elle avait semé.

Vite, elle n'allait pas rester un instant de plus dans ce lieu macabre. Elle se dirigea vers la sortie.

Tous les hommes la regardèrent comme si elle était sortie d'un asile. Elle s'en foutait et marcha droit vers la porte. Mais ils  lui bloquèrent le chemin.

- Bougez de là! 

L'expression de Daikuze se fit songeuse.

- La police surveille la rue, on ne peut pas encore sortir, expliqua-t-il

Magnifique. Son calvaire n'était pas fini. Elle toucha son cou, c'était encore tendre, et son bras portait bien les traces de sang séché. Elle se sentait minable dans ses vêtements. Elle porta le regard sur tous les hommes, ils semblaient mal à l'aise.

Alors, Daikuze eut un geste qui la bouleversa davantage.

Bravant la mine scandalisée du public, il s'approcha lentement et lui prit le bras dans un geste qui n'était pas violent. Son visage restait impassible, presque comme si il s'attendait qu'elle se défile. Elle lui lança un regard au coin pour tenter de deviner ses intentions. Il  la poussa vers l'ascenseur d'un pas décidé. Elle ne se défila pas de son emprise, tout valait mieux que de rester à affronter sa famille et devoir se ridiculiser davantage.

Elle garda le silence jusqu'à arriver au 11 ième étage. Ils arrivèrent dans un vaste couloir aux murs tapissés de scènes de samouraïs, de geishas et de valeureux combats. Daikuze la conduisit vers la première porte.

- Restez ici jusqu'à ce que ça se calme, dit-il en tournant la poignée

C'était une grande chambre composée d'un matelas mou par terre, une tv et peu des meubles.

- Que va-t-il se passer avec Ken?

- Il ne court aucun danger, fit-il, le ton posé

Il voulut ajouter quelque chose mais quelque chose le retint. 

A peine sorti de la pièce, Lilith se laissa tomber sur le matelas. Tout le poids de ce qui venait de se passer tomba sur ses minces épaules. Elle avait assez de se faire brutaliser, trahir et voir son coeur brisé par les gens qui étaient supposés l'aimer....

Elle ferma les yeux.

Il lui sembla qu'elle avait dormi des heures, quand elle fut tirée de ses songes par un bruit inhabituel. Elle découvrit un nouveau mobile à coté de son lit.

- Allô?

- Ta mère est en bas

Elle ne reconnu pas la voix qui raccrocha aussitôt.

Elle avait vécu plus d'émotions en une journée que dans toute son existence et son lit était justement ce qu'elle avait besoin. Elle retourna aux pays des songes. Mais la caresse d'une main sur sa joue la fit revenir au monde des mortels.

-Repose-toi, bébé

- Ken!

Elle lui sauta dans les bras. Il avait quelques écorchures au menton, mais à part cela il semblait en bon état.

- J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose

- J'enverrai quelqu'un te soigner, la rassura-t-il

- Merci, fit-elle en le serrant dans ses bras encore plus fort

Il fit alors quelque chose d'inusité: il déposa un léger baiser sur sa joue. Une pluie de joie et de fleurs déferla sur l'adolescente. Elle se rendit compte combien le contact humain lui avait manqué. Elle lui sourit.

- Les choses vont brasser dans les prochaines heures, fit le beau brun. Si ce n'est pas moi, n'ouvre à personne d'accord?

- Je serai plus rassurée si j'avais une arme. Takada va tenter de me caser

Il leva le sourcil.

- Qu'est-ce que cette crapule t'a fait? Grogna-t-il

-  Rien pour l'instant, mais je lui ai brisé le crâne

Il eut un large sourire aussi grand que l'océan.

- Et le boss veut t'apprendre à te défendre? Bah, on devrait plutôt t'enseigner à ne pas tuer personne

Lilith lui lança un regard incendiaire. 

- Je te verrai plus tard. Je vais aller aider les gars nettoyer les tunnels.

Elle ne voulait pas savoir ce qu'il entendait pas là.

Une fois parti, elle mit le verrou en place et se laissa tomber sur le matelas.

Une heure plus tard, quelqu'un frappa à sa porte.

- Yoko san, je viens traiter vos blessures, fit la voix d'une femme

Lilith se hâta d'ouvrir la porte. 

La jeune femme s'écarta pour laisser Ren rentrer de force dans la chambre de Lilith.