Chapitre 7 - Un loup dans la bergerie

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Esseulé, je me résigne à sortir. Le temps est agréable dehors, il fait encore bon et le bruit y est moins assourdissant. Je repère un banc juste devant l'étang et m'y assois. Je me trouve en retrait de la foule et je profite de la vue et du calme.

- Bonsoir Gabriel, je ne m'attendais pas à vous voir ici mais le plaisir est à la hauteur de la surprise.

Je sursaute brutalement, je n'avais pas entendu qui que ce soit arrivé, perdu dans ma contemplation, mais c'est surtout parce que je reconnais la voix chaude d'Alexandre. Je tente de cacher mon embarras de le voir :

- Alexandre, bonsoir, ce genre de soirée vous convient sans nul doute mieux qu'à moi. J'ai l'impression d'être un poisson sorti de son bocal.

Il sourit poliment à ma remarque. J'enchaine aussitôt sur un sujet terre à terre :

- Je crois que Thomas vous a informé que je travaille toujours sur votre demande, je pense pouvoir bientôt revenir vers vous.

Il me stoppe en levant la main :

- Oui, oui bien sûr mais je nourrissais secrètement d'avoir de vos nouvelles, de façon plus personnelle. Dit-il d'une voix mielleuse et en prenant place près de moi.

Son regard brillant, son sourire enjôleur, tout dans son attitude me révulse. Il pose alors une main sur ma cuisse, se penche vers moi et me susurre à l'oreille :

- Vous m'avez fait forte impression quand nous nous sommes rencontrés. J'avoue que j'ai eu un petit coup de foudre ce jour-là et si je ne me trompe pas, ce ne sont pas les femmes que vous regardez lorsque vous sortez le soir.

Je saisis immédiatement sa main et l'enlève de ma cuisse. Son contact me donne la chair de poule. J'essaie d'affermir autant que possible mon ton alors que je tremble en réalité quand je réponds :

- Je suis très flatté de votre intérêt mais je regrette, il n'est pas réciproque. Du plus, je ne souhaite pas mélanger travail et relations personnelles.

- Vous m'en voyez fort déçu mais je ne vais malheureusement pas pouvoir me contenter de cette réponse, Gabriel.

Il se rapproche encore :

- Votre beau Thomas sait-il ce que vous éprouvez pour lui ? M'interroge-t-il.

Il m'aurait giflé à l'instant ma réaction aurait été la même. Je suis estomaqué par ce qu'il vient de dire, incapable de prononcer un seul mot. Il poursuit :

- Non bien sûr, il ne sait pas. Je vous ai vu ensemble dans la salle, c'est flagrant, vous l'aimez. Votre air était si triste quand il a dû vous quitter.

Il plante ses yeux dans les miens et continue :

- Il a l'air tellement ravi de ce contrat, il serait dommage que pour une raison quelconque, je sois obligé de le rompre, vous ne trouvez pas ?

J'ai à présent envie de vomir et je porte d'ailleurs ma main à ma bouche alors qu'Alexandre semble se délecter de me voir au supplice. Nous sursautons quand une voix nous interrompe :

- Gabriel, Alexandre, alors c'est là que vous étiez ? Désolé, Gabriel, je t'ai fait attendre mais je vois que tu as trouvé une excellente compagnie !

Thomas vient de surgir derrière nous.

Cette fois, je suis vraiment sur le point de vomir. Je parviens à m'excuser maladroitement, indiquant que je dois me rendre aux toilettes et les laisse tous les deux. J'ai juste le temps de voir Thomas froncer des sourcils quand son regard intercepte celui d'Alexandre me regardant m'éloigner.

*

Lorsque Thomas me raccompagne en voiture, il n'a de cesse de me jeter des coups d'œil et il y a de quoi, je suis blanc comme un linge. N'y tenant plus, il finit par me demander :

- Vas-tu me dire ce qui ne va pas ?

- Rien, tout va bien, je suis surement un peu fatigué, mais rien de plus, vraiment.

Je dois vouloir un peu trop me justifier car il ne semble pas tout à fait convaincu :

- Mmmm, si tu le dis.

Après quelques minutes de silence, il m'annonce :

- J'ai oublié de te le dire plus tôt mais je vais m'absenter deux ou trois jours la semaine prochaine, je dois rencontrer un client en dehors de la ville et j'en profite pour cumuler d'autres rendez-vous.

- Fais ce que tu veux, c'est ta vie, qu'est-ce que ça peut me faire.

Merde, j'ai répondu impulsivement d'un ton exécrable. J'essaie de me ressaisir mais je ne fais que bafouiller :

- Pardon Thomas, je ... non rien, pardon.

Nous ne prononçons plus un mot ensuite.

*

Une fois chez moi, plongé dans le noir, ma conversation avec Alexandre ne cesse de tourner en boucle.

J'ai déjà côtoyé des hommes comme lui, des prédateurs prêts à tout pour obtenir l'objet de leur convoitise, des hommes avides de domination et de pouvoir. D'une façon ou d'une autre, j'ai toujours réussi à m'en débarrasser. Mais, avec son argent, sa prestance et son influence, Alexandre sera bien plus dur à éconduire. En réalité, je ne vois vraiment pas comment il va être possible de lui échapper tout en protégeant le business de Thomas.

***

J'aime bien sa compagnie. Je me sens plus détendu quand je suis avec lui, il réveille un aspect de ma personnalité qui me surprend souvent.

Il est comme un petit frère que tu as envie de taquiner pour le plaisir de l'énerver et qui te fait te sentir bien rien qu'en apparaissant.

Il joue les bougons régulièrement mais en réalité il a un caractère enjoué alors que s'est-il passé ce soir pour qu'il se mette dans état pareil et pourquoi ça m'ennuie ? 

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