La griffe de la panthère noire

Règles de base

- Si la faute est grave, et impardonnable le clan pratique le seppoko, poursuivit le beau brun. C'est l'éventration. Mais depuis que le frère de grand père a tenté de le tuer, personne d'autre n'a eu à le pratiquer

Lilith ne pu s'empêcher de frémir. Juste la mention du sang lui donnait envie de vomir.

- La famille fonctionne un peu comme la famille royale, fit Ken, insensible à sa pâleur.  Au sommet se trouve le patriarche, Oyabun, ne t'avise pas de l'apeller grand père. Il est entouré de juristes et gestionnaires, des Komonos,  qui gèrent ses affaires administratives. Ses deux lieutenants, le boss et Ayame sont égaux en titre mais pas en autorité. Ils assurent la sécurité et continuité des affaires. Le boss a ses propres hommes, tandis qu'Ayame travaille dans le recrutement des nouveaux membres. 

- Qui est Ayame? questionna-t-elle

- Fils de Tao et petit-fils de grand-père, précisa Ken

Il y avait quelque chose dans son ton de voix qui sonnait étrange. Lilith conclut qu'il n'appréciait pas beaucoup Ayame.

- Les plus jeunes membres de la famille, doivent respect et servitude aux lieutenants. Nous sommes des kobun, enfants protégés. Donc, vu que tu n'as pas de grand frère ou père, pour sortir, travailler, étudier, tu dois obtenir la permission de grand père ou te référer à son successeur, le boss

Lilith ouvrit grand la bouche. Il ne pouvait pas être sérieux! Ken lui sourit dans tout l'éclat de sa dentition avant de poursuivre; 

- Les filles ne peuvent pas se marier en dehors du clan. Si elles le font, il faut avoir la permission du oyabun, et le marié doit payer une lourde amende pouvant s'élever a un équivalent de 10 ans de travail. La virginité des filles n'est pas discutable. Pas de sexe avant le mariage, jeune fille, mais pour les jeux coquins, on peut s'en parler

Cette fois-ci, Lilith su qu'il se marrait d'elle! Elle eut envie de lui jeter une flèche juste pour lui enlever son satané sourire! Le garde, lui, restait impassible, soit qu'il ne comprenait leurs échanges, soit qu'il se foutait royalement  qu'elle soit rabaissée.

- On voit la fumée sortir de tes oreilles, se moqua le beau brun. Tu ne deviendras jamais présentable si tu continues à garder  le feu sacré du qi en toi

- Je me fiche de vos règles! Je ne suis pas japonaise moi, je n'ai pas demandé à venir ici!  Éclata l'adolescente en se levant

- Calme...

- Non, je ne me calmerai pas! Je veux parler à mon père, puis à ton boss  et me tirer d'ici. 

- Yoko...

- Je m'appelle Lilith! Pas Yoko ni san quelque chose! Liliiiiith!

Le garde la regarda comme si elle se fut agi d'un chien enragé. Pour sa part, Ken semblait avoir de la compassion. Il déposa ses flèches;

- Respire un peu. Les règles...

- Vos règles tu peux les mettre où je pense!

Elle le planta là et se faufila entre les arbustes pour disparaître de la civilisation. Elle voulait juste être seule. Il ne lui fut pas difficile de semer son cousin, le jardin offrait plusieurs cachettes. Elle traversa un magnifique pont rouge, arriva devant un lac artificiel peuple d'une variété exquise de poissons, petits et grands, colorés et exotiques. C'était une vue à couper le souffle.  Elle ne résista pas a son charme, et alla se cacher derrière un cerisier aux belles fleurs roses, et quand elle se sentit en sécurité, céda à l'envie d'y tremper ses pieds. L'eau était d'une température délicieusement froide.

Son cellulaire sonna, le beau visage de Ken s'afficha. Lilith n'était pas disposé à lui parler. Ce mannequin agissait à la solde de sa famille, il ne semblait pas tenir compte de ce qu'elle voulait. Elle sentit le chagrin l'envahir. 

C'était sa faute, elle n'aurait pas dû mettre les pieds dans ce pays de malheur. La curiosité lui avait valu de sérieux problèmes dans le passe, comment avait-elle pu croire que cette fois-ci ce serait différent? Elle chassa une larme. Son père aussi était fautif. Pourquoi lui avait-il caché que sa famille était des vrais criminels qui se croyaient tout permis? 

Elle sentit un soudain chatouillement dans les pieds, et s'aperçut que 3 mini poissons becquetaient la plante des pieds. Rouge, orange et un blanc à longue queue. Elle avait vu sur youtube que certains spas offraient des pédicures faites par les poissons. Le concept lui semblait bizarre mais maintenant elle n'était pas contre l'expérience.

Son cellulaire sonna de nouveau et cette fois ci Ken lui envoya un texto" réponds". Elle lui lança un regard noir. Trente minutes plus tard, il texta encore" c'est sérieux, le boss veut te voir". Elle eut une pincée de peur, car de tous les hommes qu'elle avait rencontré ses oncle Feng l'intimidait le plus. Il amenait de lui une aura d'autorité dans un gant de velours. D'un seul haussement de sourcil, il la faisait sentir insignifiante.

Cependant, son chagrin prit le dessous sur sa peur. Elle contempla les profondeurs du lac, qui ne lui semblait pas avoir de fond, se demanda si elle pourrait y nager. Il faisait particulièrement chaud et elle portait un pantalon en coton rose. Mais elle ne voulait pas être surprise entrain de nager en petite culotte. Il faudrait demander à Soto de lui trouver un bikini...

Des voix s élevèrent derrière elle. Elle entendit des hommes parler et compris qu ils la cherchaient. Elle ne bougea pas. A quoi bon? Ils finiraient par la trouver. Ce n'est pas comme si elle pouvait vraiment s'échapper.

Quelques minutes plus tard, ses pires craintes s'avérèrent confirmées quand le boss en personne apparut. Lilith se perdit dans ses magnifiques yeux noirs aux reflets volcaniques. Le corps du yakuza vibrait comme le Vésuve avant sa pleine éruption.

Source : article "Mes deux ans passés chez les Yakuzas" par Nicolas  Prouillac