Perdu

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J'ouvre les yeux. Tout est sombre autour de moi.

Où suis-je ?

Mon dos me fait horriblement souffrir. J'ai froid.

Qu'est-ce que je fais là ?

Je ne me souviens de rien. Rien mis à part mon identité.

Qu'ai-je fais avant d'être ici ?

Je tourne la tête, je vois un corps. Une femme.

Qui est-elle ?

Elle est à quelques mètres de moi. Je me lève pour m'approcher, mais rien que de faire fonctionner mes muscles me demande beaucoup d'énergie et me provoque des grosses douleurs. Je suis faible. Je n'ai sans doute pas mangé pendant plusieurs jours. Je puise au plus profond de moi-même pour faire les quelques pas qui me séparent de cette femme. Lorsque j'aperçois enfin son visage, j'ai comme un flash.

Ma sœur et moi sommes partis de la maison dans l'après-midi. Nous avions décidé d'aller chercher des branches mortes, des pommes de pin, du houx et d'autres végétaux que la nature pouvait nous offrir, afin de décorer la maison pour l'hiver. Même si nous étions devenus de jeunes adultes, c'était une tradition d'enfance que nous voulions perpétuer. Jadis, nous sortions avec nos parents après le déjeuner pour passer un moment en famille. Mais les années passaient et l'âge de nos parents les contraignaient à rester au chaud. Alors, ma sœur et moi enfilions nos vêtements chauds, et partions explorer la forêt qui se trouvait près de chez nous.

Ma petite sœur est presque défigurée. Ses vêtements on été arrachés. Ses jambes, ses bras, son ventre sont couverts de bleus et d'égratignures. Ses cheveux partent dans tous les sens.

Elle est allongée, les yeux fermés, ne fait aucun mouvement. Sa poitrine se soulève doucement à rythme régulier, signe qu'elle respire encore.

Je n'ose pas imaginer ce qui lui est arrivé.

J'hésite à la réveiller, mais me retiens. Elle a sûrement besoin de repos.

Je me dirige vers la seule fenêtre présente dans la pièce et regarde à l'extérieur. Il fait nuit, mais la pleine lune me permet de voir comme en plein jour, ou presque.

Il n'y a aucun bâtiment, aucun signe de présence de l'homme. Seulement la nature.

Des arbres. De la neige.

Beaucoup de neige.

Nos sacs à dos commençaient à être remplis et le soleil se couchait. Nous étions sur le point de rentrer chez-nous quand il s'est soudainement mit à neiger très fort. En seulement quelques minutes, le sol était recouvert. Le vent soufflait fort, les nuages étaient bas, nous ne voyions plus ne savions pas vers où aller, nous ne pouvions plus nous repérer. Ma sœur et moi avancions très doucement et de plus en plus difficilement à mesure que la neige tombait. La nuit arrivait également. Nous étions pris au piège.

Je me dirige ensuite vers la porte. Elle est bien-sûr verrouillée mais je dois vraiment sortir d'ici pour trouver de l'aide et de la nourriture. Je n'ai plus de force mais nos vies sont en jeu ; le mental prend le dessus. Je réussi alors à défoncer la porte, non sans faire du bruit. Malgré cela, ma sœur ne se réveille mieux pour elle, mieux vaut qu'elle se repose.

Un long couloir sombre apparaît alors en face de moi. J'avance doucement et remarque plusieurs portes sur les côtés. Des portes semblables à celles que j'ai défoncé. Est-ce que ce bâtiment, qui semble être un grand manoir, est rempli de cachots, renfermant des gens ? Curieux, je colle mon oreille à l'une des portes, mais je n'entend rien. Je continue ma marche mais, arrivé au bout du couloir, mon sang se glaça. Un cri aiguë retentit.

Nous marchions tout en étant collés l'un contre l'autre. Dans cette obscurité et cette véritable tempête de neige, il était préférable de ne pas se perdre de avions peur mais aucun de nous n'osait n'avouer. J'étais le grand frère et je devais protéger ma sœur, alors je ne devais pas lui montrer que j'étais effrayé. Je devais me montrer courageux. Elle avait pourtant insisté pour revenir quelques pas en arrière afin d'aller ramasser son portable, qui avait glissé de sa poche. Je l'ai laissé y aller seule. Ce n'était qu'à quelques mètres. Elle disparu pourtant de mon champs de vision. C'était normal. Puis, un cri aiguë retentit.

« Ce cri ». Je le reconnais immédiatement. Vite, je me retourne et me précipite vers la pièce où je l'ai laissée. Il y a des tâches de sang sur le sol. Il y a ses vêtements sur le sol. Il y a ses cheveux sur le sol.

Mais il n'y a pas son corps.

Ma sœur n'est plus là, elle a disparu comme elle l'avait déjà fais.

« Noooooooooon ».

Je regrette maintenant d'avoir quitté la pièce et de l'avoir laissé seule. J'ai recommencé mon erreur.

C'était elle. C'était ma sœur. Je l'appelais, je la cherchais, mais elle ne répondait pas. Je n'entendais plus rien. Elle ne pouvait pas être très loin, elle était avec moi quelques secondes avant. Mais soudain elle avait disparu. Pourtant, je n'avais vu ni entendu personne. Nous étions seuls. Il n'y avait même pas d'animaux, j'en étais certain. Elle avait juste... disparu. Je retourna alors vers la forêt pour me mettre à sa recherche.

Sans perdre de temps, je me met à courir dans le couloir et à descendre les escaliers en colimaçon qui se présentent au bout. Je les descend en toute vitesse. Je manque de tomber à plusieurs reprises. Je me retrouve alors dans une gigantesque pièce vide. Totalement vide. Il n'y avait aucun meuble, aucune lumière, aucun bruit.

Je me sentais perdu, et petit. J'étais seul dans ce grand étendu ; seul, sans ma sœur ; seul, sans réponse. Il y avait déjà une grosse couche de neige sur le sol et il était difficile de marcher. Chaque pas était épuisant.

Sur la droite, j'aperçus une porte ; l'unique porte. Je me dépêche de l'ouvrir.

C'est une minuscule pièce, à peine assez grande pour que le corps de ma sœur tienne allongé dedans.

Elle est nue. Elle est réveillée. Elle est en sang.

Elle pleure. Puis, nos regards se croisent, juste avant que ses yeux ne se referment...

***

Elle pleurait. Puis, elle ouvrit ses yeux et nos regards se croisèrent. Je voyais ma sœur pour la première fois. Nos parents aussi pleuraient, mais de joie. C'était bien la seule fois où des parents étaient heureux de voir leur enfant pleurer.

Ce jour-là, la famille s'agrandissait.

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