Chapitre 4

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- Aloysia, dépêche-toi, on ne peut pas être en retard au tribunal. Ton frère est déjà dans la voiture.

La voix angoissée de ma mère résonne dans toute la maison. J'enfile une robe à la vitesse de la lumière et je descends pour éviter que la douce femme qui m'a donné la vie ne crie davantage. J'ai à peine le temps de mettre des chaussures qu'elle me pousse hors de la maison. Pendant qu'elle ferme la porte à clé, je rejoins Alexy en profitant des chants des oiseaux. Les journalistes ont enfin quitté la pelouse du jardin pour aller chercher d'autres proies. Seule Kendra a été déçue quand elle l'a su.

- Prête petite sœur, me demande mon frère quand je m'installe sur les sièges arrière ?

- Prête à être ressuscitée ? Bien sûr !

- Ne t'en fait pas. Il s'agit seulement d'une audience pour vérifier que tes déclarations n'ont pas changé et qu'elles coïncident avec les éléments du dossier.

Je souris distraitement à mon frère. Il essaie de me rassurer comme il peut. J'ai appris qu'il commencé des études de droit il y a quelques années. Il doit savoir de quoi il parle.

J'essaie de ne pas montrer mon stress. Après tout, il s'agit seulement d'une audience pour me rendre la vie légalement. Pas grand-chose en somme. Et puis, si je dis à ma mère que je suis stressée, elle va angoisser encore plus et là, ce sera la fin. Sur le chemin, tout le monde est silencieux. Ma famille a enfin compris qu'il valait mieux me laisser tranquille.

L'arrivée au tribunal de grande instance se fait sous les flashs des photographes et sous les questions des journalistes. Personne ne s'écoute, tout le monde hurle. Mon frère et ma mère m'encercle et m'entraînent à travers la cohue avec l'aide de policiers bienveillants.

Dans la salle, mes proches s'installent dans l'assistance tandis que je m'avance devant au centre de la pièce. J'ai l'impression que tous les yeux sont fixés sur moi. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une impression. Tous les curieux de la ville se sont donnés rendez-vous au même endroit. Après tout, une résurrection n'est pas au programme toutes les semaines. Heureusement, le calme revient quand le juge fait son entrée.

Le début de l'audience se fait dans un brouillard complet. Je n'arrive pas à me concentrer. Je sens le regard de ma mère et celui de mon frère me brûler le dos. Je sursaute quand le juge s'adresse à moi pour que je raconte mon histoire. Je respire profondément et j'essaie de mettre mes idées au clair.

- J'ai été kidnappée alors que je rentrais du collège. J'étais seule et une voiture s'est arrêté à mon niveau. J'ai accéléré le pas mais des bras m'ont empoignée et m'ont jetée de force dans une voiture. Après... Je crois que je me suis cognée la tête. Je ne me souviens plus de ce qu'il s'est passé.

- Où étiez-vous retenu ?

- Je ne sais pas exactement. J'étais dans une pièce sale et froide. Un sous-sol peut-être. Je n'en sais rien, il n'y avait pas de fenêtre.

- Avez-vous vu votre ou vos ravisseurs ?

- Il était seul, je crois. Mais, maintenant que j'y pense, il avait un masque qui lui couvrait tout le visage et il portait tout le temps la même chose. Donc... je ne sais pas s'il s'agissait de la même personne à chaque fois.

- Et combien de temps avez-vous été retenu ?

Combien de temps ? Mes pensées s'embrouillent. Je me souviens très bien de ce jour-là. Le jour qui a marqué la fin de mon cauchemar au bout de trois ans en enfer. L'Ailiss m'a sauvée !

- Tu n'en as plus pour longtemps.

Les derniers mots prononcés par l'homme au masque tournent en boucle dans ma tête, encore embrumée par la drogue. Je ne me fais pas d'illusions. Cette phrase n'a pas trente-six sens.

Ma première missionΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα