And the boys go on and on and on

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Jimin et JungKook ne savent plus exactement comment ils sont devenus amis. C'est sans doute arrivé très naturellement. Comme de se réveiller un matin et se rendre compte que quelqu'un fait partie de notre vie pour de bon. C'est drôle. En cours de sport en seconde, personne ne voulait les prendre dans leur équipe. Alors ils se sont retrouvés dans un coin du terrain à faire des conneries avec leur ballon. Après ça, et comme ils trouvaient ça marrant, ils se sont accommodés l'un à l'autre. Au début, ils faisaient leurs trucs et n'avaient pas grande importance. Mais ça leur allait bien. C'est quand les embrouilles avec YoonGi ont commencé que les gens se sont intéressés à Jimin. JungKook n'a jamais trop su ce qui était arrivé. Et d'ailleurs il n'a jamais trop eu l'air de vouloir savoir.

Au lycée on trouve Jimin cool et marrant. Un peu différent. Jimin a une réputation. JungKook a l'air de se soucier très peu de ces choses là. C'est comme s'il ne comprenait pas que ce genre de trucs puissent exister. Des trucs comme « le regard des autres ». Et c'est sûrement pour ça que Jimin traîne avec JungKook. Parce qu'à ses yeux, il reste le gars avec qui il faisait des conneries au fond du terrain en seconde. Et que peut-être que ça a pas besoin d'être plus compliqué que ça.

En fait, Jimin aimerait que tout le monde soit comme JungKook.

Mais ça marche jamais comme ça.

It's been days now
And you change your mind again

Dans le salon, à l'ombre du jour, il tend la main et arrête le morceau de Chopin qui traversait la maison. Ça fait clic et le CD sort du stéréo. Il l'attrape du bout des doigts, le remet dans la pochette qu'il pose sur une pile d'albums sur la table à côté. Puis il prend une vieille compil qu'il a trouvée sur un coin d'étagère, sort la cassette de la boîte, la met dans l'engin et l'enclenche. Ça refait clic. Ça démarre. Puis il s'éloigne.

Il traverse le couloir et rentre dans la salle de bain, sur fond des musiques qu'écoutaient ses parents en se rencontrant. Autrement dit, il y a mille ans. Peut-être même plus. Dans la petite pièce, c'est encore le bordel. Des jouets et du gel douche rétamés dans la baignoire. Des serviettes humides par terre. Et le maquillage de sa mère, renversé dans le lavabo. C'est la scène du crime. Ou pas. A travers le rideau bleu et la petite fenêtre, on peut voir la rue déserte. Il s'en fiche un peu.

JungKook s'arrête devant le miroir. Il se regarde. Il n'en revient pas. Mais son visage est tellement figé qu'il peut même pas lever un sourcil. Il est tout rouge et bouffi. Ça ruisselle de partout. Des rivières sur ses joues.

« Merde, dit-il. »

Il s'approche un peu du miroir, se fixe bien en face, et lâche :

« -Arrête de pleurer. »

Ses yeux s'ouvrent grands. Rouges.

« -Regarde-toi. »

Il cligne un peu des paupières, pour voir ce que ça fait.

« -Mon dieu. »

Puis il répète, plus doucement, en pesant bien ses mots.

« -Arrête. De. Pleurer. »

Mais ses incantations veulent pas fonctionner. Ça continue de se renverser, goutte après goutte. Alors il baisse la tête, voit les fards à paupière ouverts, le mascara, le fond de teint, le rouge à lèvre qui se confondent sur la céramique. Il attrape le vernis rouge entre ses doigts et observe. C'est étrange comme couleur le rouge, quand on y pense. Mais rien de tout ça n'a d'importance. C'est ridicule. C'est con. Le rouge. Il le repose sur le bord du lavabo, renifle un coup, et se traîne hors de la pièce.

« -Rouge. »

La lumière tamisée apparaît devant lui.

« -Rouge. Rouge. Rouge. Merde. C'est trop bizarre.»

L'Empire des Lumières / SOUS CONTRAT D'ÉDITIONWhere stories live. Discover now