Ji'rakiit Vakozay

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Ji'rakiit Vakozay naquit dans un bourg tranquille sur l'île de la dent de métal, dans la nation d'Embar. Il passa une enfance relativement tranquille chez ses parents et décida dans son adolescence d'étudier l'ébénisterie. Son pays ne se prêtait pas vraiment à son activité, le bois n'étant pas très varié et peu abondant. Peut-être l'impasse que représentait ses études l'a fait également s'intéresser aux aventures. Plus les mois passaient, plus une petite voix dans sa tête lui disait de tout quitter, de prendre une épée et de courir après les chimères du monde. C'est seulement lorsqu'un de ses anciens amis revint au pays couvert de richesses, fruit de ses explorations, qu'il se décida enfin. Il dit adieu à ses parents, prit son épée, son bouclier, et enfila une brigandine pour se lancer à l'assaut des îles qui forment le monde. Les années s'écoulèrent, trop rapidement à son goût, sans qu'il ne trouve vraiment l'El Dorado tant recherché. Au bout d'une petite décennie, alors qu'il se « reposait » à coup d'hydromel à Iilme, dans le Royaume. Il y rencontra une fille, un peu plus jeune que lui, pour laquelle il eut le coup de foudre. Elle s'appelait Mary Grunbeld, et n'était que de passage dans la ville portuaire, son père y étant venu acheter un bois spécifique pour l'exporter.

Ils se rapprochèrent rapidement et dans leur relation, l'impatience se transforma bien vite en alliance. Ils s'installèrent en Erguent, car le cadre leur plaisait mais également pour que Ji'rakiit puisse reprendre un début d'activité en tant que travailleur du bois. Rapidement, leur solitude relative disparut et les cris et rires de leurs enfants emplirent les salles de leur petite maison de campagne. Plusieurs années écoulèrent jusqu'à un frais matin de février.

Rakiit se réveilla, la vue tout embuée par une longue nuit hivernale. En se levant, il vit la silhouette de Mary encore endormie, et la laissa dans les bras de Morphée. Il descendit au rez-de-chaussée, et se prépara un petit déjeuné correct ; du pain tartiné de miel avec une infusion d'herbe de la région. Rapidement, quelque chose le fit tiquer. Il devait être bien 10h du matin, à cette heure-ci ses enfants devrait déjà être en train de courir dehors ou au moins de jouer dans leurs chambres. Il s'y rendit, il y vit ses reflets miniatures, encore allongé dans leur lit, comme si leur sommeil était sans fin. Lorsqu'il souleva une de leur couverture

Il se réveilla, une nausée immonde lui brouillant la vue. Il courut en dehors de la maison. L'air était lourd et putride, et à l'instant où le vent froid de minuit fit irruption dans ses poumons, son esprit tenta de se réveiller, de s'ordonner. Ce n'était pas possible, un simple cauchemar et il allait se réveiller.

Il se réveilla, un filtre rouge et odorant lui brouillant la vue, et après quelques clignements, sa vue revint. Il observa autour de lui. Il se trouvait dans la cuisine, pour une obscure raison, une neige tachée de quatre petites taches rouges, entourant une petite statue en bois. Il s'arrêta un instant pour l'observer.

Il se réveilla, une lumière intense lui brouillant la vue. Les couleurs caléidoscopiques lui barrait la route, et plus rien n'avait d'immunoglobuline. Les cadrans psychomoteurs des méridiens se perdait dans les affres insondables et verts du temps. La puissance de calcul du lithopédion n'était que limité.

Il se réveilla dans un cri affreux. Absolument rien ne brouillant sa vue. Lorsqu'il regarda à côté de lui, Mary était là, son corps froid comme un pic de glace qui transperça le cœur du bestial. Il se leva difficilement, ses jambes flageolantes. Quand il jeta un simple coup d'œil à sa femme, l'horreur d'une gorge bleue, déformée et tortueuse, lui fit prendre ses jambes à son cou. Il arriva au rez-de-chaussée, le soleil au zénith lui confirmant son infâme théorie. Il ouvrit la porte. Une odeur sale emplit ses poumons. La porte se ferma aussitôt, et Ji'rakiit, des larmes inconnues lui montant aux yeux, brûla, que ce soir son âme où sa demeure.

Il erra. La fine couche de neige s'effaçant sous les rayons assassins du soleil. Ji'rakiit marcha, la tête vers le bas, le regard vide, presque hagard. Une caravane passa. Il monta. L'heure tardive du sommeil eu raison de lui. Un sommeil si profond qu'aucun démon ne vint le troubler.
Le matin, tout est flou, la vue est saccadée, des enfants viennent lui parler. Le dégoût monte, leur image est insupportable, leur visage comparable aux bovins d'une étable. Sales, repoussant, terrifiant. Il sortit de la carriole en courant. Et couru. Longtemps, aussi longtemps que son corps le pouvait, aussi longtemps que son cœur le pouvait. Il s'effondra dans une croute de neige, sur le dos, le regard droit vers le soleil. Le soleil, cet enfoiré, le monde se détruit mais lui n'en a que faire, il continue de tourner, de danser tel un tableau mouvant. Ce salopard ne faisait rien, il fallait le faire plier. Ji'rakiit le fixa intensément, des larmes tentèrent d'hydrater ses yeux, mais sans succès. Plus il dévisageait son tout nouvel ennemi, plus les couleurs s'effaçaient, les formes disparaissaient, les contrastes s'équilibraient...

Il se réveilla dans une pièce silencieuse, allongé sur un lit dur comme la roche. L'air tiède était agréable, sa fourrure avait été totalement démêlée. Après quelques minutes, la porte s'ouvrit et une jeune femme entra dans la pièce. Elle posa ce qui à l'odeur semblait être un plateau repas. C'est également à ce moment qu'il se rendit compte que ses yeux étaient bandés, si bien qu'il ne discernait aucune lumière. L'infirmière commença à lui parler, rien de bien intéressant jusqu'à une certaine phrase :

-Néanmoins, je dois vous avertir, vous ne pourrez plus jamais utiliser vos yeux, le soleil en a eu raison. Je suis désolé.

Ji'rakiit n'en avait que faire, il se leva, et essaya tant bien que mal de sortir du bâtiment dans lequel il se trouvait. Il en sortit non sans mal, et arriva à se repérer grâce aux innombrables sons et odeurs qu'il connaissait. Il recommença à s'entraîner à l'épée, ou au combat en général.

Il retrouva bien vite ses anciens réflexes de combat et commença à errer en ville, à la recherche de quelqu'un voulant bien engager un infirme.
C'est alors qu'il se fit interpeler par un certain Ji'draj Bajiit, un marchand d'art véreux, pour un travail de garde du corps. Ji'rakiit avait déjà fait quelques travaux pour lui ils y a quelques années, et le commerçant semblait avoir gardé un bon souvenir de lui. L'aveugle accepta, et fut même heureux que quelqu'un daigne lui accorder de l'importance malgré sa condition, et se jura de remplir sa tache à la perfection.

Ji'rakiit VakozayWhere stories live. Discover now