Chapitre 1

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            La soirée pizza du jeudi avait fini par se dérouler dans la bonne humeur. Leokadia savait qu'elle avait du chemin à faire pour que son père lui pardonne son absence. Elle savait aussi qu'il le ferait, à condition d'en connaître la véritable raison. Elle n'était cependant pas prête de la lui donner, à lui comme à Stiles. Ce dernier se montrait cependant plus compréhensif.

Elle se trouvait désormais dans la chambre qu'elle avait occupé les vingt-deux premières années de sa vie. Cinq ans qu'elle l'avait quitté, deux ans qu'elle n'y avait plus du tout remis les pieds. La jeune femme était debout, et vidait le sac de voyage qu'elle avait posé sur son lit. Quelques vêtements retournèrent dans son placard. Alors qu'elle était penchée en avant, elle sentit une présence dans l'encadrement de la porte :

- Sympa, ton collier.

Leokadia se tourna vers son petit frère et baissa les yeux : il parlait en fait de la bague qu'elle avait passé sur une chaîne, autour de son cou. Une voix retentit dans sa tête malgré elle : « Keep it, but don't wear it ».

- Leo ?

Stiles s'approcha d'elle, sentant qu'elle était ailleurs. Elle respira profondément et afficha un sourire qu'elle voulut sincère :

- C'est une chevalière, en fait, tu vois ?

Elle permit à son cadet de s'approcher pour qu'il puisse voir. Le bijou était en or, épais et large. Serti d'un diamant en forme d'étoile dans un coin, il y avait également des traits fins, faisant penser à la représentation du vent, dans le coin opposé.

- C'est sympa. Mais... fit Stiles.

- Mais quoi ?

- C'est une bague d'homme, non ?

Difficile de rater que le bijou était destiné à la gente masculine. Leokadia répliqua :

- C'est un cadeau.

Elle remit le pendentif sous son t-shirt. Son frère comprit qu'elle ne voulait pas en dire davantage. Il la regarda placer son sac -qui n'était pas vide- dans sa penderie. Elle s'assit au bord de son lit et il l'y rejoint :

- Merci de ne pas avoir dit à papa que c'est moi qui t'ai demandé de venir. Il l'aurait mal pris que je ne lui en parle pas... chuchota le plus jeune, les yeux plantés dans ceux de sa sœur.

Cette fois-ci elle lui offrit un véritable sourire. Un sourire triste, mais un sourire quand même.

- T'inquiète, je n'ai pas menti de toute façon, j'ai vraiment des vacances. Et puis il m'en veut déjà.

- C'est pas vrai et tu le sais...

- Si, il m'en veut.

- Ça ne veut pas dire qu'il n'est pas content de te voir. Il est juste grognon, tu le connais.

Ils éclatèrent de rire. Ils avaient beau se moquer gentiment de leur père, ils ne savaient pas ce qu'ils feraient sans lui.

- Pourquoi tu avais besoin que je vienne, Stiles ?

Le garçon soupira et détourna le regard. Il avait envie de tout dire à sa sœur. Tout ce qui lui était arrivé ces derniers mois, à lui, Scott, Lydia... Allison.

- Il s'en est passé des choses depuis que tu es parti, répondit-il simplement.

Leokadia ne sut pas quoi répondre. Elle savait qu'il ne voulait pas lui faire de peine ou qu'elle se sente coupable, mais elle ne put s'empêcher de l'être. Comment auraient tournés les choses si elle était restée à Beacon Hills ?

Une voix retentit depuis l'autre bout du couloir :

- Stiles, je te rappelle que tu as cours demain !

- Je crois que c'est mon signal... soupira le plus jeune.

Son père n'avait pas dit cela de manière réprobatrice, il fallait donc en profiter avant que cela ne change. Sa sœur lui lança, avant qu'il ne quitte sa chambre :

- Tu me raconteras tout ça. Je ne suis pas prête de partir.

Il lui sourit :

- Et toi tu me raconteras comment ça se passe, l'université.

Le sourire de la jeune femme se crispa, mais le garçon ne le remarqua pas. Il quitta la chambre et sa sœur ferma la porte derrière lui. Elle attendit patiemment que le bruit se calme dans le couloir. La Stilinski retourna chercher le sac qu'elle avait volontairement éloigné de la vue de Stiles. Elle le posa sur son lit et en sortit une boite de comprimés.

Hésitante, elle l'ouvrit et fit tomber dans sa paume un cachet blanc. Quelques secondes s'écoulèrent sans qu'elle ne sache si elle allait l'avaler.

Elle entendit Noah lui lancer un « bonne nuit ! » de derrière sa porte, sans oser entrer. Leokadia sursauta et remit le médicament à sa place :

- Bonne nuit papa !

Les pas s'éloignèrent de derrière la porte. Leo replaça sa boite de pilules dans son sac.

La jeune femme se positionna devant le miroir situé au dos de sa porte. Elle avait bien changé depuis la dernière fois qu'elle s'y était contemplée. Heureusement pour elle, ni son frère ni son père ne s'en était aperçu. Mais elle se doutait que ce n'était qu'une question de temps. Noah était shérif et Stiles l'adolescent le plus curieux qu'elle connaisse. L'un des deux -si ce n'étaient les deux- allait fouiner et lui demander des comptes.

Et elle n'était pas prête pour ça.

* * *

Depuis qu'elle avait appris qu'elle était une Banshee, Lydia Martin savait qu'il ne fallait plus s'étonner des nombreux rêves étranges qu'elle faisait, accompagnés généralement d'impressions de malaise et d'intuitions morbides.

Ce n'était pas pour autant qu'elle appréciait tout ce qu'elle voyait, qu'elle aimait se sentir impuissante en assistant parfois à la mort des gens (quand ses rêves étaient explicites), ou bien de savoir que quelque chose d'horrible allait se passer sans pouvoir connaître les détails et ainsi l'empêcher.

C'était ce qu'il se passait cette nuit. La jeune fille rousse se réveilla en sursaut en suffoquant et en ne parvenant plus à respirer. Il lui fallut un moment pour réussir à se trainer à la salle de bain de sa chambre. Lydia s'observa dans le miroir : ses cheveux étaient en batailles, ses yeux rougis laissaient couler de nombreuses larmes... sa tête bascula en avant et elle cracha du sang dans l'évier.

Quand elle fut calmée, elle s'assit contre le meuble, à même le sol. Alors que son cauchemar prenait fin, elle murmura un nom, sans le vouloir, sachant pertinemment que cela avait un lien avec ce qu'il venait de lui arriver :

- Stiles...

Lydia ne parvint pas à se rendormir, même après être retournée au lit. Stiles. Quelque chose allait arriver à Stiles. Elle ne savait pas comment elle le savait. Elle se souvenait avoir fait un rêve horrible qui l'avait fait se réveiller en sueurs et qui l'avait fait vomir du sang.

Mais impossible de se souvenir du rêve...

Home is a happy place to die (Teen Wolf)Where stories live. Discover now