Halloween

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Aujourd'hui c'est Halloween.

Je sais que maintenant plus grand monde ne s'y intéresse, pas même les enfants. C'est fini l'époque où les enfants se déguisaient pour aller récolter des bonbons. Finies les soirées déguisés juste pour s'amuser. Plus d'enfants dans les rues qui rigolent, qui font des farces et jouent à se faire peur. Plus de « Bouh ! » inoffensif pour faire sursauter. Plus d'hurluberlu hurlant le hululement d'une chouette.

Mais moi je continue d'acheter des bonbons dans l'espoir d'entendre ma sonnette et ce fameux « des bonbons ou la vie ? », d'entendre les rires des jeunes au pas de ma porte. Parce que vu mon âge, Halloween c'est le seul moment où je les entendais et parce que depuis que je suis tout petit c'est ma fête préférée.

Je suis pas particulièrement fan des monstres ou des films d'horreur mais j'adore les fantômes. Ils sont aériens, ils peuvent prendre des formes différentes et il y en a même un qui m'a aidé à retrouver mon chemin.


C'était Halloween et j'avais six ans cette année 1999. Avec mes deux grands frères on avait décidé d'aller à la fête organisée dans le village voisin du notre : Le festival de l'Horreur de Fauville. C'est en m'attardant sur les barbes à papa que je les ai perdus dans la foule plutôt dense du festival. Je les ai cherchés autour de moi mais impossible de les repérer, je ne voyais que des visages inconnus. La foule m'oppressait alors je me suis réfugié derrière la première porte que je vis. C'était l'erreur à ne pas faire.

Je me retrouvai dans une petite pièce toute blanche. Il y avait des sortes de matelas qui recouvraient tous les murs, du sol au plafond et de la moquette au sol. Les seuls éléments de mobilier étaient une table de chevet en métal et un lit qui ne semblait pas vraiment confortable. Et une grande partie de la pièce était plongée dans le noir.

C'est un endroit qui me déplut immédiatement, trop blanc, trop stérilisé, trop inhabituel. La foule me semblait à présent bien plus accueillante.

Mais impossible de retrouver la porte par laquelle j'étais entré. Elle était la source principale de lumière en plus d'une petite fenêtre en hauteur. Et quand elle s'était refermée, elle avait disparue dans le noir. Je sentis un frisson me parcourir le dos et je crus entendre un rire aigu. Il n'en fallut pas plus pour que ma panique déjà grande se transforme en larmes. Je pleurais chaudement, appelant à l'aide, mais bien sûr personne ne répondit à mon cri de désespoir.

J'étais seul.

Enfin c'est ce que je crus un instant avant de me rendre compte qu'une main se dirigeait vers moi, une main blanche et entourée d'un drap. Un son bien trop aigu sortit de ma gorge avant que mes jambes ne me lâchent et que je tombe à terre. Une masse blanche se dirigea alors sur moi. J'allais mourir, j'en étais sûr, elle allait me tuer.

Mais encore une fois j'avais tort et elle n'en fit rien. Elle m'offrit juste une main pour m'aider à me relever. J'acceptais avec appréhension.

-Tout va bien ? Tu ne t'es pas fait mal ?

La voix était chaleureuse et grave, une voix d'homme qui avait quelque chose de rassurant.

- N... N... Non, ça va. Merci.

- Je t'ai fait peur, je suis désolé. Moi c'est Bertrand et toi ?

On a ensuite discuté un petit peu et il m'a demandé ce que je faisais là. Je lui ai tout expliqué et il chercha avec moi la porte, qu'il trouva rapidement. Je le remerciai plusieurs fois avant de sortir. 

Mes frères qui avaient fait demi tour lorsqu'ils s'étaient rendu compte que je ne suivais plus, ne furent pas durs à retrouver. Je leur racontai comment j'étais resté coincé dans une pièce sombre et comment un gentil fantôme m'avait aidé. Pour ne pas me gâcher ma joie, ils acquiescèrent à mon récit.

Ce n'est que quelques années plus tard que je compris que je m'étais retrouvé dans un des décors de la maison hantée du festival, celui d'une chambre d'hôpital psychiatrique, et que c'était un comédien costumé qui m'avait aidé.

Mais même si ce n'était pas un vrai fantôme, cette personne m'a fait aimer Halloween pour le reste de ma vie.

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Festival de l'Horreur de Fauville, 1999, à l'entrée de la Maison hanté :

- Dis-moi Richard, vous avez pas de fantômes cette année ? Je veux dire de comédien qui joue les fantômes.

- Non, ça fait plus peur au gens et puis on a pas les moyens de se payer trop de personnel. On a même pas pu ouvrir le décor de la chambre d'hôpital psychiatrique, c'est pour dire.

- Ha oui, dur.

- Bah, qu'est-ce que tu veux, c'est une année creuse et puis c'est plus pareil depuis que Bertrand est mort.

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⏰ Last updated: Apr 16, 2019 ⏰

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