Jamais vaincue

Chapitre 1

22h05

L'eau tombe en trompe sur la route depuis plusieurs heures. Un ruisseau s'est formé le long du trottoir et coule jusqu'aux grilles d'égouts déjà pleines. Tenant fermement le bras de mon petit frère, je cours le plus rapidement possible pour nous mettre à l'abri sous le pont que je vois se dessiner au loin. En arrivant je suis complètement dégoulinante, je porte qu'un simple t-shirt et je commence à avoir vraiment froid. J'ai donné mon sweat à mon frère pour le réchauffer.

Nous sommes là tous les deux, je ne sais plus quoi faire. J'essaie de faire bonne figure face à lui mais dans ma tête tout s'emmêle.
Ben grelotte, il est frigorifié. Je le prend contre moi, il se blottit dans mes bras et nous nous endormons ainsi dans la nuit.

8h35

- Réveillez-vous, hé ho !

Je me réveille en sursaut. Le soleil levant m'ébloui et je peine à ouvrir les yeux.

- Que faites vous ici ?

Quand j'arrive enfin à voir quelque chose, je distingue un grand homme en uniforme. D'un bon je me relève, je prend Ben encore endormi par le bras et tente de prendre la fuite. L'homme nous rattrape facilement et m'empoigne fermement.

- Où comptes tu aller comme ça ? Parle moi, je ne vais pas vous faire de mal.

- Je n'ai pas besoin de vous parler.

- Votre état ne dit pas la même chose !

Je n'ose même pas imaginer à quoi je ressemble. Je regarde Ben... ses yeux cernés, ses habits souillés, ses lèvres presque violettes ne donnent pas l'impression que je souhaiterais. L'homme reprend:

- Ecoute moi s'il te plais. Je suis là pour vous, je ne vais pas vous faire de mal. Vous ne pouvez pas rester dans la rue ainsi.

- Nous allons bien...

- J'en ai pas l'impression. Allez, venez.

Je reste un moment immobile, regardant l'homme marcher en direction de la voiture de police. Il se retourne, nous fait signe et Ben se met à courir jusqu'à lui. Bon... plus le choix. Je les rejoint et nous montons dans la voiture.

10h55

- Donc tu vas rien me dire ?

- Non.

- Comment tu t'appelles ?

- Vous n'avez pas à le savoir.

- Que faisais-tu à dormir sous un pont avec ton petit frère ?

- ...

- J'aimerai juste vous aider.

- Vous n'allez pas nous aider si je vous parle.

- Écoute, je ne peux pas te forcer à dire quoi que ce soit. Cependant vous n'avez pas l'air en forme vous deux. Je doute que si je vous relâche vous aller rentrer sagement chez vos parents donc votre état ne va pas s'améliorer. Ton frère est fragile, il ne survivra pas à deux jours de plus dans la rue. Je doute que tu aies envie de perdre ton frère, non ?