Chapitre 2 : Si j'étais un vêtement... je serais une chaussure.

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Albà

Ce soir nous sommes off. Nous avons le droit à deux soirs de libre par semaine. Le club rapporte suffisamment d'argent pour fermer les mardis et mercredis soirs.

Je devrais certainement être en train de traîner dans mon canapé, devant la télé, un pad thaï dans une boite en carton carré venant de chez Lee, le traiteur thaï qui est à deux rues d'ici. Au lieu de ça, il est dix-sept heures, je suis perchée sur des talons hauts. C'est bien le seul élément que je concède pour rendre ma tenue un peu plus féminine. Pour le reste je porte un pantalon noir slim moulant et un chemisier brodé en jean déboutonné sur une brassière en dentelle. Je ne porte jamais de soutien-gorge. Je déteste ça.

Victoria et Katerina ont insisté pour que je vienne ce soir. Je crois surtout qu'elles tentent de me caser par tous moyens. Mais j'ai dit au revoir aux relations avec les hommes en arrivant ici.

Nous avons rendez-vous dans un bar branché de Paris pour un after-work. Je stationne ma voiture au parking près de ce dernier. Il ne fait pas trop froid pour un mois d'octobre même si un vent frais caresse la peau de mon cou. Il est encore tôt et la ville fourmille autour de moi.

— Albà, m'interpelle Victoria lorsque j'entre dans le bar.

Je lui fais un signe de la main et me faufile entre les hommes en costume, les filles en tailleurs –pieds nus pour la plupart, souffrant surement de leurs hauts escarpins inconfortables-.

— Où est Kate ? demandé-je.

Vic m'indique d'un coup de menton. Kate est en train de discuter avec un de ces types au costume hors de prix, certainement taillé sur mesure. A vu de nez je dirais qu'il bosse dans un banque ou un cabinet d'avocat. Le genre de type sur qui Katerina adore mettre le grappin.

— Incorrigible, soufflé-je.

— Il ne lui a pas fallu plus de trois minutes ici pour qu'il lui fasse de l'œil.

— En même temps avec sa mini-jupe en cuir, elle ne laisserait pas indifférent le curé de la paroisse du coin, plaisanté-je.

— Tu bois quoi ?

— Whisky.

— Tu ne veux pas tourner à quelque chose de plus féminin, pina colada, spritz à la rigueur.

Je secoue la tête en signe de dénégation. Il n'y a que le bourbon qui anesthésie suffisamment mes nerfs pour me laisser aller dans ces soirées. Dans le cas contraire, je passe mon temps à scruter la foule autour de moi de peur d'y voir le visage d'un fantôme de mon passé.

Victoria hausse les épaules. Elle commande mon bourbon au barman et me tends mon verre. Je le descends d'une traite avant de voir Katerina approcher à grand pas vers moi.

— Dites les filles, les gars nous invites dans un bar hyper selecte à quelques pas, vous venez ?

— Kate, est ce qu'au moins tu connais le prénom du type qui t'invite ? demande Vic.

— Est-ce que ça a une importance ?

Je lève les yeux au ciel et Victoria soupire avant de rire. Elle attrape son sac et je les suis sans grande conviction. Ce qui était à la base une soirée entre fille va finir en plan drague avant même que la soirée girly n'ait commencé. Je savais que j'aurais mieux fait de rester chez moi avec des plats thaï. Au moins, je n'aurais pas eu à me coltiner monsieur costume trois pièces, qui me conte les cours de la bourse du jour, ses heures interminables passer au boulot et son envie de décompresser après une dure journée.

SANS DESSOUS NI DESSOUSWhere stories live. Discover now