La cité des morts

La colonne de quatre quatre blindés progressaient le long de la ruelle sous le grillage du réseau physique. « clank ». L'antenne du pickup du shérif tapa contre la barre de la balise relais. « Tu vois Conan, ce qui m'emmerde le plus avec ces machins c'est que j'ai été obligé de transformer mon camion en une putain d'auto tamponneuse. Et ça – Rogers leva le doigt en anticipant le prochain « clank » - ça me le rappelle à chaque fois que j'ai la chance de pas le voir ». Conan Grogna en guise de réponse. « Au moins toi tu me comprends » - ria Rogers.

L'antenne fouetta l'air lorsque la grille du réseau physique s'arrêta. Ils arrivaient dans la zone que personne ne s'était embêté à reconnecter au réseau depuis la perte des ondes radio lors de l'incident Atlas. Rogers accéléra puis freina brusquement lorsqu'il vit des blocs de béton bloquant la route qui descendait dans la vallée. Il passa le bras par la fenêtre pour ordonner aux autres véhicules de convoi de se garer.

Le shérif ouvrit la porte du pickup et sauta au sol. « Terminus les gars, tout le monde descend ! ». Il monta sur un bloc de béton et contempla l'objectif un instant : une petite cité au fond de la vallée qui avait pour seul point remarquable la tour SpaceConnect. La boîte en vogue fit faillite après l'incident et ses citoyens qui n'ont pas eu la présence d'esprit d'émigrer ont officiellement cessé d'exister avec elle. Maintenant les lieux ont été rachetés et ils devaient faire le ménage. Pas le job le plus excitant, mais facile et bien payé.

Il se retourna. La trentaine d'adjoints était rassemblée en demi-cercle devant lui. Il n'était pas possible de se tromper sur leur appartenance Avec leurs stetsons, leurs pardessus et leurs bottes à éperons typiques de la Winchester Security Corp ils semblaient sortir d'un autre temps. Leurs holobadges et leur bras droit cybernétique qui permettait de dégainer plus vite que n'importe quel cowboy dans l'histoire rappelaient cependant qu'ils étaient bien en 2058.

Rogers sourit et sa dent en or refléta la lueur du soleil pâle. « Ok les gars, on continue à pied d'ici. Ouvrez l'œil, ces blocs ne sont pas tombés ici par hasard. On aura peut-être de la résistance pour une fois. Faites gaffe à pas vous casser un ongle. » Les adjoints éclatèrent de rire. « Cho, tu démontes la mitrailleuse et tu nous rejoins ». Il hocha la tête en direction de la mitrailleuse montée à l'arrière de son pickup. « Les autres, on avance. Quand vous voyez quelqu'un bouger vous me le descendez ! »

Les adjoints avançaient d'un pas assuré et sur de ceux qui n'avaient rien à craindre. Arrivé en bas, Rogers s'arrêta devant le panneau « bienvenue chez SpaceConnect et brancha le mégaphone. « Squatteurs, criminels et autre vermine ! Ici le shérif Rogers de la Winchester Security Corp et je vous laisse 5 minutes pour déguerpir. Après ça je commence à tirer ! » Il l'a déjà fait tant de fois, pourtant ça restait toujours le moment préféré de ses interventions.

Le vent soufflant à travers les ruelles de la ville fut la seule réponse aux invectives du shérif. Rogers était déçu par ce manque de réaction. Après un début prometteur, ça ressemblait de plus en plus à une de ces missions où la seule chose à faire serait de dégager un clochard trop ivre pour se rappeler de partir. Ça ne changeait pas la paye, mais ça lui donner toujours une impression de gâchis d'utiliser une force d'élite comme la sienne pour si peu de résistance. Si au moins les quelques retardataires essayaient de s'enfuir ils pourraient faire du tir au pigeon. Mais la cité avait l'air morte.

Un bruit métallique le tira de sa rêverie et fit se retourner tout le monde. Les agents se retrouvèrent à pointer leurs armes vers une poubelle abandonnée qui continuait à rouler poussée par le vent. Juste au moment où chacun se détendit les balles se mirent à pleuvoir.

Des types armés de pistolets et de mitraillettes surgirent semble-t-il de partout : de derrière des débris de béton, des poubelles, des fenêtres des bâtiments abandonnés et même des bouches d'égout. Cochrane, qui était le plus avancé, était en train de se faire cribler de balles, ce qui ne l'a pas empêché d'abattre 6 adversaires avant qu'un tir chanceux ne lui traverse l'œil. Pour les autres la situation était moins dramatique. Cheminski avait pris deux balles dans le torse, toutes deux arrêtées par son armure sous-dermique. Elle tira, changea de position et tira à nouveau, chaque balle éliminant un nouvel adversaire. Malgré quelques blessures sérieuses, les hommes de la winchester prenaient rapidement le dessus et l'assaut sauvage se transforma peu à peu en fuite généralisée.