Si je reste...

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En plus de la méthode contraceptive, on a décidé qu'il fallait que je me marie avec le premier venu qui voudrait bien de moi. Ma tante à Diourbel m'a trouvé ''quelqu'un'' et c'était fait aussi rapidement que possible.

J'ai débarqué dans la vie de cet homme sans prévenir mais on aurait dit qu'il m'attendait. J'ai eu avec lui des années difficiles.

Imaginez ce que ça peut faire de partager un lit avec un inconnu, de devoir vivre avec lui ce qu'il y a de plus intime, de le laisser vous voir toute nue, de vous toucher, poser ses lèvres sur les vôtres sans que ce ne soit réciproque, coucher avec vous sans votre consentement, le laisser vous prendre tandis que vous pensez à un autre homme.

Imaginez !

C'est vrai que j'étais sa femme et il avait le droit de me toucher mais je n'en avais aucune envie. Quand je voulais améliorer les choses, j'imaginais que c'était l'homme que j'aime qui est en face de moi. Tout me répugnait chez lui, simplement parce que le cœur n'y était pas malgré le peu de temps que j'ai passé avec lui car j'étais sa troisième femme et il était un émigré, toujours entre deux avions.

Quand il a compris que je ne lui ferai jamais d'enfant, il m'a répudié et chassé de chez lui comme une malpropre. Un soulagement pour moi.

Je suis rentrée à Dakar où j'ai tout raconté à mes parents qui pourtant pensaient que je vivais dans d'excellentes conditions vu les sommes d'argent qu'il leur envoyait et la maison dans laquelle je vivais.

Mignane, lui, n'est pas super riche mais ce que nous vivons n'a pas de prix et je donnerai tout pour que ça dure éternellement.

À mon retour, mes parents s'en ont voulu. De mon côté je n'osais pas sortir dans la rue par peur de croiser Mignane parce que j'avais l'impression de l'avoir trahi. Il n'est pas lui aussi venu me voir.

Il a fallu que ma mère aille lui parler. Il est venu chez moi aussitôt et nous avons longuement discuté de ma situation et de la tienne. J'étais heureuse d'apprendre qu'il ne s'était pas encore marié.

- Mignane je suis tellement désolée.

- Ne t'en veux pas. Si je savais ce que tu vivais, je serai venu te chercher depuis. On m'a fait savoir qu'un riche homme d'affaires t'avait épousé et que tu vivais une vie de rêve.

- C'est vrai qu'il avait de l'argent mais toi-même tu sais qu'il y a des choses qui ne s'achète pas. Le bonheur, la tranquillité d'esprit, la paix intérieure, l'amour... L'amour n'a pas de prix.

- Tu as raison. Dis-moi est-ce qu'il y a encore de la place pour moi dans ton cœur ?

Il est assez direct, c'est ce que j'aime chez lui .

- Aujourd'hui plus qu'hier.

- Alors ça te dirait de m'épouser ?

C'est quel genre de demande en mariage ça ? Sauvage ce type.

- Tu es sérieux ?

- Si tu dis oui j'irai parler à tes parents en sortant d'ici.

- Mais je viens tout juste de divorcer, je... Je ne sais pas. Tu penses que c'est le bon moment ? Que vont penser les gens ?

- Bah je ne sais pas et à vrai dire ça ne me préoccupe pas. J'attendrai que tu sois d'accord et d'ici là je ne reviendrai pas te voir. Notre relation n'a plus d'autres avenirs si elle n'est pas légale aux yeux de Dieu et des hommes. On a plus droit à l'erreur aujourd'hui.

- Je sais. Donne moi juste du temps.

- D'accord.

Et pourtant ça ne l'a pas empêché d'aller parler à mes parents dès qu'il est sorti de ma chambre.

Ma mère en était très contente mais moi je ne savais plus quoi penser vu que je viens à peine de sortir d'un ménage.

J'avais peur aussi de l'homme qui voulait m'épouser à nouveau, je ne savais pas ce qu'il était devenu entre temps. Avait-il changé en mieux ? En pire ?

J'ai pourtant accepté sa demande et nous nous sommes mariés dans la plus grande simplicité, un lundi soir, il y a de cela 2 ans aujourd'hui. Depuis j'ai l'impression que mon cœur vient de découvrir ce que c'est que ''aimer''.

(...)

Aujourd'hui son père nous a invité à déjeuner. Il avait dit non au dîner parce qu'il travaille de nuit mais moi je peux facilement sacrifier une journée de travail. Le vieux lui aussi, a dû faire des concessions pour nous caler une petite heure dans sa journée.

Moi qui parlait de vieux, j'ai vu ce qu'on appelle ''Demi-pa'' avec une petite barbe grisonnante et un corps bien maintenu, mieux qu'à la télé.

Mignane a longtemps hésité avant d'accepter de venir mais aussi j'ai beaucoup insisté pour qu'il efface sa rancune, ce qui n'est pas chose aisée mais il va y arriver j'espère.

Je ne vois pas pourquoi il s'obstine à ne pas faire de la place à son père dans sa vie.

J'ai peur qu'il le regrette un jour quand ça sera trop tard c'est pourquoi je lui demande toujours de faire un pas en avant vers son paternel peut-être qu'avec le temps, leurs relations vont s'améliorer.

Ils sont sur la bonne voie vu la façon dont ils causent.

- Séga voici mon épouse Poulméra.

Vous croyez qu'un jour il arrivera à l'appeler ''Papa''?

- Enchanté Madame dit-il en me tendant une main que je serre avec le sourire.

- Moi aussi dis-je.

Nous avions ensuite discuté de tout et de rien, de sa carrière, de sa famille actuel, histoire d'apprendre à Mignane un peu plus sur ses origines.

C'était vraiment une discussion intéressante quoique j'ai eu l'impression que le regard de Séga s'attardait un peu trop sur moi et c'était vraiment gênant. Mignane lui semblait boir les mots de son père surtout concernant ses origines.

Je me suis pourtant habillée de façon très correcte et sans vouloir me vanter, la mode c'est mon truc, mais il ne cessait de me regarder et de sourire. Je crois que je me fais des idées.

Pourtant en lui disant au-revoir, j'ai senti qu'il a glissé un carton dans ma main pendant que Mignane arrêtait un taxi vu qu'il a refusé que son père nous dépose.

Pour ne pas paraître suspecte, je l'ai tout de suite mis dans mon sac et arrivée chez nous j'ai vu que c'était son numéro de téléphone.

Qu'est-ce que ça veut dire ?

Le père de mon mari, un tel geste ?

J'ai des raisons de m'inquiéter ?

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#RebbeiL

28 février 2019 - 18:06