La définition de la pudeur

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La définition de la pudeur

Les savants lui ont attribué des définitions similaires les unes aux autres. Même si ces définitions divergent, ce sont souvent des divergences de forme, mais dont le sens est concordant.

Ibn Salâh a définit la pudeur comme étant : « un caractère qui pousse à délaisser les choses répugnantes et empêche d'enfreindre le droit d'autrui ».

Selon Az-Zamakhsharî, la pudeur désigne : « le changement [emotionnel] et la honte qui s'emparent de quiconque commet ou délaisse une chose pour laquelle il sera blâmé ».

D'après Ibn Muflih, la pudeur est « un caractère qui incite à faire le bien et à délaisser le mal ».

D'autres savants affirment que la pudeur est un terme qui caractérise le retrait de l'âme face à une chose blâmable. Sa conséquence visible, selon eux, résulte dans abstention de la laisser libre cours à ses mauvais penchants.

Certains savants ont divisé la pudeur en trois catégories, et d'autres l'ont subdivisée davantage.

Al-Mâwardî a dit : « Sache qu'il y a trois formes de pudeur chez l'être humain :

- Une pudeur vis-à-vis d'Allah : qui consiste à se conformer à Ses ordres et à s'éloigner de Ses interdits ;

- Une pudeur vis-à-vis des gens : qui se traduit par le fait de s'abstenir de nuire et de ne pas exhiber ses péchés;

- Une pudeur vis-à-vis de soi-même : qui se caractérise par de la chasteté et par un comportement irréprochable lorsqu'on se retrouve seul ».

Ibn Al-Qayyim disait :

« Il existe dix formes de pudeur : une pudeur causée par la culpabilité d'avoir commis une erreur, une pudeur suite à un manquement ou une négligence, une pudeur de crainte et de révérence, une pudeur liée à la générosité et la grandeur d'âme, une pudeur liée à la timidité et la décence, une pudeur qui consiste à dédaigner son âme lorsqu'on en constate la faiblesse, une pudeur amoureuse, une pudeur liée à la servitude de l'adoration, une pudeur qui naît de la fierté et de la noblesse, une pudeur envers soi-même.

La pudeur causée par la culpabilité d'avoir commis une erreur : il s'agit de la pudeur qu'a éprouvée Adam  en s'enfuyant du Paradis [après avoir mangé] le fruit défendu. Allah lui demanda alors :

- « Ô Adam, t'es-tu sauvé afin de Me fuir ? »

- « Non, Ô mon Seigneur, mais par pudeur envers Toi ! » dit-il.

La pudeur suite à un manquement ou une négligence est comparable à celle des Anges qui glorifient Allah sans cesse, nuit et jour. Lorsque viendra le jour de la Résurrection, ils diront :

« Gloire à Toi ! Nous ne t'avons pas adoré comme Tu le mérites. »

*La pudeur de crainte et de révérence résulte de la connaissance d'Allah. Effectivement, plus le serviteur connaît son Seigneur [à travers Ses noms et attributs], plus sa crainte envers Lui sera intense.

*La pudeur liée à la générosité et la grandeur d'âme est semblable à celle du prophète  lorsqu'il invita un groupe de personnes au repas de noces de Zaynab lors duquel ces derniers s'attardèrent. Il se leva alors par pudeur d'avoir à leur demander de partir.

*La pudeur liée à la timidité et la décence est celle qu'a manifestée cAlî Ibn Abî Tâlib, [l'époux de Fâtimah (C)] lorsqu'il a éprouvé de la gêne à interroger directement le prophète  au sujet du liquide spermatique, en raison du lien qui le liait directement à sa fille.

*La pudeur qui consiste à dédaigner son âme lorsqu'on en constate la faiblesse survient lorsqu'un serviteur se gène de demander à son Seigneur de satisfaire ses besoins, par dédain et mépris envers soi-même. Il a été rapporté dans un des récits des enfants d'Israël que Mûsâ (NdT : Moïse) dit un jour :

- « Ô Seigneur ! J'ai besoin d'une chose insignifiante de ce bas-monde mais je me gène de Te la demander ! »

- Allah répondit : « Demande-Moi [tout ce dont tu as besoin], même le sel pour faire le pain ou le fourrage pour tes moutons » ;

 *La pudeur amoureuse est celle qui est ressentie par la personne amoureuse pour son ou sa bien-aimé(e). Cette pudeur peut même se manifester en absence de la personne aimée. Cela se ressent sur son visage alors qu'il en ignore la raison. Cette pudeur se dégage également lors de la rencontre d'une personne aimée, et elle est d'autant plus intense lorsque cette rencontre est inattendue.

 *La pudeur liée à la servitude de l'adoration : elle se caractérise par un mélange d'amour, de crainte et de prise de conscience de ne pas avoir adoré Allah comme il se doit, et qu'Allah est bien plus Élevé et mérite bien plus que cela. Ainsi, la soumission envers Allah provoquera inévitablement une honte vis-à-vis de Lui.

 *La pudeur qui naît de la fierté et de la noblesse : l'âme noble et de grande valeur éprouvera de la honte lorsqu'elle prendra conscience qu'elle n'a pas réalisé d'efforts suffisants et n'a pas été suffisamment généreuse ou bienfaisante. Ainsi, malgré ses efforts, elle éprouvera de la gêne. Cela est du à deux raisons : la première est celle citée antérieurement.

*La seconde est une gêne éprouvée envers la personne qui bénéficie de sa générosité, comme s'il se projetait dans cette propre personne. Cela atteint même un degré chez certaines personnes de valeur où elles n'osent même pas affronter le regard de la personne à qui elles donnent, par honte envers lui [de ne pas pouvoir être encore plus généreux]. Et ceci est une catégorie d'auto-reproche, car la personne généreuse se gène de la gêne du bénéficiaire.

*La pudeur envers soi-même est celle éprouvée par les âmes nobles, supérieures et distinguées qui n'admettent pas les imperfections ou le sentiment d'être inférieur. De ce fait, l'homme éprouve de la gêne envers lui-même, comme s'il possédait deux âmes, l'une éprouvant de la pudeur vis-à-vis de l'autre. Cette forme de pudeur est la meilleure de toutes, car si l'homme éprouve de la pudeur envers lui-même, il en éprouvera a fortiori envers d'autres créatures.» - Fin de citation résumée de la parole d'Ibn Al-Qayyim (?).

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