0. Prologue

15 1 9
                                    

Son regard parcourut les enfants qui quittaient l'école pour rejoindre leur famille, un goûter à la main. Il se dirigea, seul, sur la route qui le ramenait chez lui en songeant à quoi ressemblerait sa vie si ses parents avaient beaucoup plus d'argent. Un sourire triste s'installa sur son visage enfantin et bientôt, ses yeux s'embuèrent de larmes. Il essuya d'un geste las les gouttes qui menaçaient de s'échapper et fixa ses chaussures sales et trouées à certains endroits.

Il emprunta la petite ruelle qu'il prenait tous les soirs et un frisson de peur lui traversa l'échine quand il se fit engloutir par l'obscurité. Un chien aboya violemment à sa droite ce qui lui provoqua un sursaut qui fit accélérer son rythme cardiaque.

« — Satané chien, soupira-t-il en reprenant hâtivement sa marche. »

Le vent faisait voler les feuilles de ce mois de novembre, les devantures des maisons étaient dégradées et pour certaines, en ruines. Harry se souvint qu'il y a quelque temps, il avait rencontré une vieille femme qui se promenait dans cette rue. Il avait sympathisé avec cette dernière et ne l'avait plus revu alors qu'elle habitait dans l'une de ces maisons.

Il resserra les pans de son manteau devant le froid glacial qui s'installait doucement dans cette petite ville. Une rafale de vent vint emporter son bonnet et un cri sortit de sa bouche. Il courut après mais dès qu'il était un peu plus proche du but, le vent l'éloigna de lui. Il réussit à le rattraper après deux minutes de course et s'arrêta net quand il vit la grande bâtisse en face de lui.

Cette grande maison dont tout le monde avait peur parce que des rumeurs disaient qu'elle était hantée ou qu'un psychopathe habitait ici. Il se souvint des histoires que lui racontait son père sur cette maison pendant qu'ils prenaient le repas tous ensemble le soir ; sa mère finissait toujours par lui dire que son paternel le taquinait.

Pourtant, Harry commençait à croire en ces légendes. Cette maison - si l'on pouvait encore la définir par ce mot - était barricadée et personne ne pouvait y accéder à cause de ses grandes barrières qui bloquaient l'accès. Un cadenas maintenait fermement le portail et aucun des habitants de la ville, même le maire, savaient qui posséder la clé pour le déverrouiller. Ils avaient tenté à maintes reprise de le briser mais dès que quelqu'un voulait rentrer à l'intérieur, un cri à en glacer le sang, surgissait de la maison - d'après ce qu'on disait.

Sa respiration se coupa quand le cadenas s'agita à cause du vent. Le petit garçon remit en place son couvre-chef et tourna les talons, prêt à reprendre son chemin initial et ne pas s'attarder sur ce mystère. Il percuta quelqu'un et fut obligé de reculer pour pouvoir apercevoir la personne qu'il avait bousculée.

Un homme, grand, très grand, qui possédait un visage balafré à une multitude d'endroit, était posté devant le petit garçon. Il portait des vêtements vieillis et trop petit pour lui, ses pieds étaient protégés qu'avec des chaussettes. Ses épaules étaient maigres, comme un squelette mais il n'en était pas sûr. Il ne pouvait pas voir ses yeux à cause de la capuche rabattue sur sa tête, et de la noirceur qui l'en empêchait, seules ses cicatrices immondes étaient visibles.

« — Fais attention à toi, petit, dit l'homme d'une voix rauque et mystérieuse. Tu pourrais rencontrer des personnes malintentionnées par ici. »

Harry ne répondit pas et s'en alla en jetant un coup d'œil une fois éloigné. Il ne vit personne, même pas l'ombre qui se cachait derrière l'une des seules fenêtres en bon état de la maison.

Il rentra chez lui essoufflé d'avoir marché rapidement. Sa mère l'appela du salon et lui intima de venir rapidement regarder les informations que diffusait la chaîne télévisée. Il retira son manteau et le mit sur le porte-manteau bancale, installé près de la porte d'entrée. Il fit de même avec son bonnet et ses chaussures et courut immédiatement rejoindre le salon où son regard se posa en premier, sur le papier peint abîmé qui se décollait un peu plus chaque jour.

Une main tira sa manche, c'était son père qui lui demandait de s'asseoir pour regarder le petit écran placé sur une table basse verte écaillée. Il prit place sur le vieux canapé que ses parents possédaient depuis une vingtaine d'années et braqua ses yeux noisette sur l'objet en face de lui.

Une voix robotique alertait qu'un enlèvement s'était produit dans une ville proche de celle de cette famille.

« — Un petit garçon de cinq ans prénommé Tom a été enlevé à la sortie de son école alors qu'il rentrait chez lui. Il portait un manteau bleu, un pull noir, un jean, des chaussures vertes et un bonnet rouge. Nous n'avons pas plus d'information sur l'identité du kidnappeur mais nous vous demandons d'être vigilent et de faire attention à vos enfants s'ils rentrent seuls. Si vous voyez cet enfant, appelez le numéro...»

Son père coupa la télévision en appuyant violemment sur le bouton « off » de cette dernière.

« — On fait comment, Howard ? Notre enfant rentre seul et s'il faut déplacer des heures ça ne va pas être possible, les fins de mois sont déjà difficiles, paniqua sa mère en se frottant les mains continuellement sur son tablier.

— Je sais, Véronique, il se tourne vers son fils et prit une grande bouffée d'air avant de lui parler. Harry, tu vas m'écouter attentivement, le petit garçon hoche vivement la tête en écoutant sérieusement son père. Quand tu sors de l'école, tu fais très attention aux routes. Je sais que tu prends celle où il fait tout le temps noir, mais n'adresse jamais la parole à un inconnu même s'il te demande de te retourner. Jamais. Tu m'entends ? demande-t-il avec un ton volontairement calme. »

Harry hocha de la tête et alluma la télévision sur une chaîne de dessin animé, après l'approbation de ses parents. L'heure fila rapidement et ils s'installèrent tous ensemble autour de la table où une ratatouille était posée.

Véronique demanda au petit garçon comment s'était déroulée sa journée et il raconta tout, même de son trajet.

Seulement, il oublia le mystérieux homme au visage balafré qu'il avait rencontré.

***

C.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 07, 2019 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Ne me suis pasWhere stories live. Discover now