INTRODUCTION

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« - Si vous lisez ces mots, bravo ! Je vous félicite. Vous vous êtes enfin aperçu de mon absence.

Je me demande qui de vous quatre a été le, ou la, première à le remarquer.

Je ne compte pas Wyatt parmi ces gens, après tout il n'est pas dans ses obligations de se préoccuper de la jeune fille que je suis. Il n'est ni mon père, ni mon frère, ni mon cousin et encore moins mon ami.

Mais je suis curieuse Ça vous a pris combien de temps ? Sans doutes plusieurs jours. A l'heure où j'écris cette fameuse première page de mon carnet, je me rappelle que le jour de mon départ est un jour de match pour Mason.

Mince alors ! Ça signifie que vous ne rentrerez que très tard à la maison et repartirez tôt pour reprendre le travail le lendemain. Donc, ça fait au moins un jour.

Mais n'oublions pas la séance shopping habituelle du mardi après-midi entre maman et Marley. On rajoute vingt-quatre heures.

Pour finir par le midi quotidien du mercredi, en famille, mais sans moi bien sûr, chez Matt. Ce qui nous fait quelques heures en plus.

Si je suis bonne en maths et en pronostic, ainsi qu'en analyse d'une situation, je dirais qu'il vous a fallu entre trois à cinq jours, avant de remarquer mon absence dans la maison.

Il faut dire que c'est inhabituel de ne plus voir sa fille le soir lors du diner, non ? Mais pour ça, il faudrait peut-être vous rappelez que vous en avez une.

Vous savez, c'est une jeune femme de dix-neuf ans, qui a passé la majeure partie de sa vie à essayer de rendre fière des personnes qui ne le seraient jamais.

En vérité, j'aurais dû le remarquer beaucoup plus tôt, mais ça me paraissait invraisemblable, irréaliste, que des parents aient des préférences parmi leurs enfants. Je croyais idéalement et bêtement, en leur amour, même si c'est vrai que vous avez réussi à oublier mon anniversaire cette année.

J'étais naïve.

Je ne le suis plus.

J'ai finalement pris conscience d'une chose : je ne suis pas heureuse. A la maison, avec vous, à l'école, je ne suis pas moi-même. Tout simplement parce que j'essaye désespérément d'attirer l'attention de personnes qui aurait dû m'en donner suffisamment pour ne pas que je doute de moi et de ma place dans ma propre famille.

Mais peut-on vraiment parler d'une « famille » dans mon cas ?

Ce que vous tenez entre vos mains est, en quelque sorte, une rétrospective de ma vie. J'ai fouillé mes anciens carnets, repensé aux événements qui m'ont marqué et m'ont poussé, à l'heure d'aujourd'hui, à partir loin de vous.

Je vous conseille de vous assoir et de vous réunir avant de débuter votre lecture. Ça risque d'être assez long. Mais dix-neuf ans, ça fait un petit nombre d'année quand même, surtout quand on en a raté la moitié.

Oh ! Au fait, vous devriez inviter Wyatt pendant cette réunion familiale, durant laquelle vous allez enfin apprendre à me connaitre. Il fait parti de la famille après tout ! Et puis, son prénom risque d'être cité un bon nombre de fois dans la suite. Il n'y a pas de raison que vous sachiez ce que je pense de lui, et le laisser dans l'ignorance.

Je ne suis pas égoïste. Vous pouvez partager mon histoire avec lui. Après tout, vous avez passez votre vie à partager votre propre attention en quatre. Sauf que ma part lui a toujours été attribué.

Attention ! Je tiens à mettre les choses au clair, dès maintenant. Je ne vous fais pas lire ça par pur esprit de vengeance ou par colère.

Je l'ai été, et dans un sens, je le suis encore toujours un peu. Mais, c'est plus l'envie que vous sachiez enfin qui je suis, qui m'a motivé à faire ce carnet.

Je vous laisse donc découvrir qui est June Moson et son histoire.

P.S : Au fait, au cas où ça vous intéresserez, je vais bien. Seulement voilà j'avais besoin d'air, d'être dans un endroit où je suis libre d'être moi-même, et avec des gens que je n'ai pas à impressionner pour avoir leur attention.

Je ne vous dirais pas où je me trouve. Pas de lieu. Pas d'adresse. Et pas de numéro de téléphone.

Jayla, Jonah et moi-même, nous n'avons pas envie d'être retrouvé. On reviendra, dans quelques jours, mois ou bien années. Mais on rentrera un jour, c'est promis.

Et moi, contrairement à vous, je tiens mes promesses. »

Le carnet de JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant