- Yandé s'il te plaît pourrais-tu au-moins frapper avant d'entrer ?

- Mais... Je...

- Tu ressors et tu frappes s'il te plaît.

- Tu es sérieux Mignane? Je te rappelle que je n'ai plus 5 ans.

- Raison de plus pour te comporter comme une adulte responsable.

Je continue de faire descendre mes enveloppes. Elle ressort et frappe à la porte, je la fis entrer.

- Bon Mignane faut qu'on parle dit-elle.

- Je t'écoute.

- Je sais que ... Je sais que je ne suis pas facile à vivre mais écoute je vais changer. Je l'ai promis à maman. Je ne répéterai plus la même erreur.

L'erreur en question c'est quand elle a fugué avec son petit ami Gabonais au bout de 5 mois aulieu de passer son bac quand elle avait 18 ans.

On l'a cherché partout et mademoiselle était au Gabon à jouer la gentille petite épouse. Elle s'est enfuie pour rentrer quand elle n'en pouvait plus d'être l'esclave sexuelle de son homme et la bonne à tout faire de la famille de son petit ami.

À vrai dire on ne lui a jamais vraiment pardonné ça, son papa s'en est voulu jusqu'à sa mort. Résultat aujourd'hui à 20 ans, elle essaie toujours d'obtenir son bac.

- Je veux voyager lâche t'elle.

Je ne pus m'empêcher de la regarder de haut en bas.

- Pour aller où ?

- À Dubaï.

De mieux en mieux...

- Yandé mais qu'est ce que vas faire à Dubaï ? Tu as de la famille que je ne connais pas là-bas ? Tu as vu ce qui se passe là-bas pour les filles qui y vont ?

- J'ai un travail qui m'attend là-bas.

- Un travail ? Mais tu es encore élève Yandé. Ta place est à l'école. Je ne te demande que de me ramener le bac et après on pourra parler d'un boulot.

- Tu sais très bien que je ne suis pas faite pour l'école.

- Tu es allée jusqu'en terminal alors tu peux bien continuer.

- Je ne suis pas douée avec les math ni la philosophie. Je veux arrêter et aller travailler à Dubaï. Je serai une nounou pour une famille riche, je gagnerai bien ma vie et j'investirai mon argent dans quelque chose de rentable pour préparer mon retour. Je veux juste que tu me prête de l'argent.

- Tu n'iras pas à Dubaï et nous avons fini cette discussion. Je vais te payer des cours de renforcement en math et en philosophie. Tu verras tout ira pour le mieux.

Elle m'a lancé un regard noir avant de quitter la pièce. Elle s'en remettra.

La première lettre que j'ouvre est cette fois  écrite par ma mère, je reconnais son écriture. Elle me semble être un brouillon, elle l'a écrite mais ne l'a jamais envoyé mais je la lis quand-même.

'' Séga.

Celà fait bien longtemps que je ne t'ai pas écrit, j'en suis désolée. J'ai réussi le concours à l'école des métier de l'enseignement. Je t'avais promis que j'y arriverai. Je serai bientôt enseignante. Je serai ravie de fêter ça avec toi et notre enfant. Accepte aumoins de le voir une fois, c'est un garçon brillant comme son père. Il est toujours premier de sa classe et très doué au sport. Je pense l'inscrire au basket vu qu'il est grand de taille. En dehors de cela Séga, je ne désespère pas quant à la suite qu'il faudra donner à notre histoire.

...

''

C'est tout. Je m'empresse de chercher une lettre de réponse au cas où elle aurait envoyé la lettre formelle. En suivant les dates, je vois une lettre venant de Séga Diouf.

'' Sountou.

Je me réjouis que vous alliez bien tout les deux très sincèrement. Seulement il s'est passé plein de chose depuis mon retour de la guerre. Nous sommes restés un bon moment sans nous écrire et je suppose que tu as dû être occupée à meubler le vide que j'ai dû laisser dans ta vie. Je t'apprend par cette lettre que je suis désormais marié et père d'une adorable jolie fille. Vois-tu de l'eau a coulé sous les ponts depuis nos précédentes correspondances. J'ai compris que ce ne serait jamais possible entre nous et j'ai pris sur moi pour tourner la page. Aujourd'hui je te demande avec ma dernière force de me laisser en paix et de vivre ta vie convenablement avec ton fils. Je ne veux plus être lié à toi, je dois faire la paix avec mon passé. Tu as un travail, tu peux donc prendre la relève financièrement et assurer une bonne éducation à ton fils. Fais en sorte qu'il devienne quelqu'un dans ce pays comme ma mère l'a fait pour mon père et moi. Actuellement je n'ai ni l'envie ni le besoin de vous faire de la place dans ma nouvelle vie pour être honnête. Ma femme et ma fille me suffisent largement. Dis lui que je suis mort pour alléger son coeur d'enfant. J'espère que le bonheur sera à ta porte au côté d'un autre homme. ''

Les tâches de goûte présentes sur la page me font aisément comprendre que la personne pleurait en lisant ces mots. Ses larmes ont séché sur la feuille et ont fini par devenir des tâches avec le temps. Elles ont séché parce qu'elle a du retenir longtemps la feuille entre ses doigts. Elle a dû lire et relire ses horribles mots.

Ces mots. Ils sont d'une telle cruauté. Peu importe les erreurs de maman, elle ne méritait pas ça.

Je ne méritais pas ça.

Aujourd'hui tout est clair dans ma tête. Je dois avouer que je me sens terriblement mal et dégoûté par l'homme qui me sert de père.

Comment seraient nos relations si on s'était connu?

Dire qu'il a été vivant mais refusait simplement de me voir et a proposé lui-même de se faire passer pour mort. Mais qu'est ce que je lui ai fait ?

J'aurai tellement aimé qu'il m'explique. De sa propre bouche, qu'il me dise ce que j'ai fait pour mériter un tel rejet.

Je me disais que le moment était venu de tout dire à Ousmane et ensemble nous allons trouver une autre stratégie pour l'approcher même si on devrait implorer nos supérieurs de nous assigner à sa protection comme ça j'aurai largement l'occasion de l'approcher.

Pour commencer j'ai appris qu'il tenait une meeting non loin de chez moi quelque jours après. Malgré l'interdiction d'une partie de ma conscience, je décide quand-même d'y aller et de le voir sous un nouveau jour.

J'y suis allé très tôt pour avoir une bonne place et il est arrivé un peu plus tard avec tout son convoi. Après les bruits d'usage, il est monté sur le podium pour tenir son discours.

J'étais à quelque mètre de lui, j'étais attentif à ses moindres faits et geste. J'étais désolé d'apprendre que nous avions certains tic en commun et comme un con j'en ai pleuré.

-

-

-

-

-

# RebbeiL
21 janv 2019 - 23:49

Disponible sur Facebook, nom de la page : RebbeiL écrit.



Si je reste...Where stories live. Discover now