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Chapitre 3

PDV LUCAS

Je ne sais pas quoi dire; elle paraît si fragile. J'ai peur d'attaquer un sujet qu'il ne faut pas et de la rendre encore plus triste qu'elle ne l'est déjà. Elle semble remarquer mon malaise.

- T'inquiète pas, je vais pas me suicider devant toi.

- Euh, oui, dis-je avec un léger sourire.

- Pourquoi tout le monde est mal à l'aise lorsque je prononce le mot "suicide" ?

- Humm, peut-être parce que c'est un sujet sensible ? Les gens ne sont pas habitués à en parler et ont du mal à l'accepter. Le fait d'en parler c'est le rendre réel.

- Mais justement, le suicide c'est un appel au secours non-entendu. Ignorer ce fait n'aide en aucun cas la personne. Ça ne devrait pas être un sujet tabou.

- Tu veux qu'on en parle alors ? Je suis là pour t'écouter si tu en ressens le besoin.

- Oh, je ne disais pas ça dans le but qu'on en discute. D'ailleurs mes parents ne vont pas tarder à arriver tu ferais mieux de t'en aller.

- Tu es sûre ? J'ai pas trop envie de te laisser seule. Je préfère attendre le retour de tes parents.

- Tu es quand même entré chez moi par effraction. Je doute que mes parents acceptent ça.

- Tu n'auras qu'à dire qu'on est amis ? Ce ne serait pas totalement un mensonge pas vrai ?

- Euh, ouais. J'aurai pas dit ça mais c'est rien.

- De toute façon, je partirai pas sans savoir que tu n'es pas seule. Tu as besoin d'être entourée.

- Mouais, j'aime bien rester seule aussi.

On reste un moment à se fixer, sans rien dire. Puis je reprends la parole.

- Tu penses que t'as le temps de venir faire un tour à la soirée ?

- Je sais pas, mes parents sont à une soirée d'anniversaire d'un de leurs amis donc peut-être, peut-être pas. Mais j'en ai pas franchement l'envie.

- Oui, je comprends. Tu veux regarder un film sinon ?

Laura n'a même pas le temps de répondre qu'un bruit sourd nous parvient du rez de chaussée. On se tourne simultanément vers l'autre, l'expression inquiète. Elle entrouvre la bouche. Je lui fais signe de garder le silence en lui collant un doigt sur la bouche. Elle secoue la tête.

- C'est sûrement juste mes parents, chuchote-elle.

-Ou peut-être pas. Qui sait ?

- Tu te fais des films là. Je vais voir.

Elle se lève.

- Attends ! J'arrive.

Je me lève à mon tour et Laura ouvre la porte. Le bruit se fait plus fort : on dirait des voix. Elle doit avoir raison c'est sans doute ses parents.

- Lucas ?

C'est la voix de Matteo.

- Oh, c'est mon pote Matteo.

Je descends les escaliers, Laura sur mes talons.

- Ouais je suis là Mat'.

- Bah alors mon pote, qu'est-ce-que tu foutais ?

Il remarque que je ne suis pas seul.

- Tu ne me présentes pas ?

- Laura, Matteo, Matteo, Laura. Bon allez, mec, on se barre, je suis défoncé.

- On va pas laisser cette demoiselle seule ?

- Les parents de cette demoiselle pourraient se réveiller d'un moment à l'autre, mens-je. Et puis on est chez elle je te rappelle. A la prochaine Laura.

Elle ne dit pas un mot et nous sortons. Je referme la porte derrière moi et Matteo me demande de me retourner, ce que je fais. Des phares de voiture sont plantés sur nous. Des personnes en sortent.

- Dis-moi que c'est la voiture d'un de tes potes Mat'.

- J'en ai bien peur que non.

- OK, reste qu'une seule solution alors. On court ?

- On court.