Chapitre 1

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Aaaaaah les vacances, enfin ! Je l'attendais tellement cette sonnerie ! En plus ce soir c'est la soirée d'Abigail, pour célébrer ces deux mois de liberté qui nous attendent. D'ailleurs, en parlant du loup, elle se tourne vers moi, et s'exclame d'un coup :


« VACAAAAANNNNNCES !

-Tellement hâte à ce soir !!! Ça va être trop génial !

-Tu te souviens de ce qu'on avait dit hein ? Je t'invite que si tu me promets d'aller voir Alice. »

Oups. Elle a pas oublié .J'espérais qu'elle oublierait, mais non, elle a pas oublié. Comment pourrait-elle oublier ? Alice, c'est une fille en L. Qui me plaît. Genre, beaucoup. Depuis un bout de temps déjà. Je lui ai pas beaucoup parlé... Ouais, en fait, à part un midi où j'ai cru mourir en lui demandant la carafe au self, je lui ai jamais parlé. Mais je l'ai énormément écoutée, énormément regardée... Elle fait partie de l'équipe de hand d'Abigail, c'est comme ça qu'elles se sont connues, et c'est comme ça que je l'ai rencontrée aussi. Au début, j'allais voir les matchs de ma meilleure amie, mais petit à petit ça s'est transformé en « les matchs d'Alice ». En même temps, j'y peux rien si elle est aussi canon. Bref, ça fait presque un an que je crushe sur elle et j'ose toujours pas aller la voir.

« On verra.

-Nan on verra pas, il va bien y avoir un moment où il va falloir te lancer merde !

-Mais oui mais je le sens pas... Puis t'es sûre qu'elle est lesbienne ?

-Ça fait un million de fois que je te dis que oui, c'est sûr à 100%, elle aime les meufs je te dis.

-Comment tu le sais ?

-Hehe, il s'en passe des choses dans le vestiaire des filles après les matchs...

-Attends... Tu...

-Roooooh mais non, t'inquiète, je te la laisse, c'était pour rire ! Tu devrais vraiment t'acheter un humour hein... Bon allez, j'y vais, je rentre moi, il paraît que j'ai quelque chose de prévu ce soir. Salut !

-A ce soir ! »

Elle a pas attendu mon « à ce soir » pour s'en aller. Bah, c'est pas important. Je rentre chez moi de mon côté. J'habite à dix minutes à pied du lycée, donc je suis vite arrivée. Je monte directement dans ma chambre, balance mon sac, et m'écroule sur mon lit, où un paquet de chamallows m'attendait. J'en mange un. Puis deux. Puis j'allume mon ordi. Puis trois. Je me lève pour aller poser le paquet sur mon bureau avant de le finir, avant de me glisser sous la couette et de reprendre mon ordi. Je me préparerai plus tard, c'est pas urgent. Mes parents ne sont pas là, pour une fois qu'ils peuvent pas râler parce que « je passe trop de temps sur internet », j'entends bien en profiter.

C'est fou ce que le temps passe vite quand même, mon pc doit ouvrir sur une faille spatio-temporelle, je ne vois que cette solution. Sinon, comment expliquer que quelques vidéos de chatons plus tard, il soit déjà 19h30 ? Je me prépare en vitesse et pars de chez moi, à pied vu que mes parents ne sont toujours pas rentrés. Ma mère a une réunion il me semble, et mon père est en déplacement. C'est pas grave, Abigail n'habite qu'à une quinzaine de minutes de ma maison. L'avantage avec la campagne, c'est que t'as beau habiter à l'autre bout de la ville, ça reste pas loin.



 J'arrive devant le pas de sa porte les jambes en compote. C'est une fille de l'équipe de hand qui m'ouvre. J'espérais que ce soit Abi, c'est plus facile de trouver sa place dans un groupe quand on a une excuse pour venir avec les gens. Je ne connais pas grand monde ici, en même temps au lycée on est la plupart du temps toutes les deux seulement,on n'aime pas vraiment les grands groupes, surtout quand ils sont composés des... Hum. Gens de notre classe. On dit qu'au collège on est dans un âge gamin et que le harcèlement cesse au lycée, quand les gens mûrissent, mais quand je vois ces gros débiles jouer aux gars cools en jetant se moquant de tous ceux qui ont la malchance d'être un peu moins populaires qu'eux, je me demande si je l'ai bien quitté, le collège. Puis forcément, entre mon homosexualité et la bisexualité d'Abi, on fait partie de celles qui s'en prennent plein la gueule. Donc forcément, à sa soirée, il y a plutôt ses amis d'enfance, ou des filles de l'équipe de hand. J'ai déjà plus ou moins croisé la plupart des gens qui sont présents, mais rien de plus. Je ne me sentirais pas suffisamment à l'aise avec eux pour arriver et engager la conversation directement.


Je vais déposer mes affaires dans un coin, avec celles des autres, puis vais m'asseoir sur le canapé, mon portable à la main, faisant semblant d'avoir un truc important à faire. Abi' choisit pile ce moment pour débarquer. Ouf. C'est pour elle que je suis venue à la base, parce que je ne voulais pas trop la vexer. Et aussi parce que les seules soirées auxquelles j'ai participé, c'est les soirées de mes potes de danse, et que j'avais envie pour une fois de faire la fête avec ma meilleure amie. Sauf que forcément, c'est pas pour m'aider à aller voir ses amis qu'elle est là.


Elle s'assoit à côté de moi avant de s'exclamer, surexitée : « Alors ? T'es allée la voir ?

-Pas dès maintenant !Je viens à peine d'arriver !

-Et alors ? Y'a pas d'heure pour ça ! »

Elle me regarde avec un grand sourire. Je sais pas si j'ai bien fait de venir finalement. Si c'est pour me faire faire des trucs contre mon gré, j'aurais été aussi bien chez moi. Ou avec les danseuses. J'aimerais être partout sauf ici. Sauf que je suis bloquée ici avec Abi', qui reprend. « D'ailleurs elle est juste là bas, près de la bouffe. Pourquoi t'irais pas prétexter l'accès à mes délicieux petits toasts pour lui parler ? En plus j'ai préparé ceux au chèvre rien que pour toi, c'est tes préférés non ?


-J'le sens vraiment pas du tout. Je vais plutôt attendre plus tard ok ? Quand j'aurai un peu bu, que j'aurai moins peur, que je bafouillerai moins, qu'elle aussi elle sera un peu atteinte et qu'elle se rendra pas compte que je dis de la merde, puis comme ça au pire si elle m'envoie chier, elle s'en souviendra pas donc c'est pas trop grave.

-Euuuuh... Permets-moi d'exprimer mes doutes... De ce que tu m'as raconté, l'alcool ça te va pas super bien. T'aurais plus de chances en y allant sobre.

-Non. S'il te plaît arrête d'essayer de me forcer à faire les choses comme tu veux qu'elles soient ok ? J'ai pas envie d'y aller maintenant, tu comprends ça ? »


Je me suis peut-être un peu emballée. J'ai été super agressive. Mais en même temps elle m'énerve ! C'est quelle partie du mot « non »qu'elle comprend pas ? Je me lève et vais me servir un verre. Il me faut un prétexte pour faire autre chose, et qu'elle me laisse tranquille. Un mec, Hugo il me semble, vient me voir aussitôt. Tant mieux. Elle viendra pas me pousser à aller draguer Alice si je parle déjà avec quelqu'un. « Eh, t'as l'air énervée, qu'est-ce qui s'est passé avec Abi ?

-Rien, elle voulait juste que je vienne m'incruster parmi vous telle une grosse lourdingue et que je comprenne rien à vos conversations tellement vous vous connaissez depuis longtemps et que moi pas du tout. »


Raté, je suis encore aggressive à mort. Pourtant il a pas l'air de trop m'en vouloir. Heureusement. Au contraire, il a l'air de vouloir me calmer, me rassurer et me dit d'une voix posée :

« Tu sais, elle a pas tort, ce serait dommage de passer la soirée assise sur le canapé... Tu sais, je connais pas grand monde non plus, je suis un ami d'enfance d'Abi', je ne connais quasiment qu'elle. Mais bon, c'est pas une raison pour se morfondre, au pire il se passe quoi ? Tu parais chiante devant des gens que tu reverras jamais ? On s'en fout au fond non ? »

C'est tellement facile pour lui de dire ça... Lui, il n'a pas son crush en plein milieu de ce grand groupe, qui a l'air tellement imposant face à une petite souris comme moi... Sauf que ça, je peux pas trop le lui dire. Je finis par répondre :

« Ouais, je sais, mais j'ai pas envie de faire chier le monde...


-Allez, dis pas de bêtises, viens ! »

Lu'Where stories live. Discover now