Blue Jamian

Chapitre 2 : Sauver les apparences

Sept heures du matin, Jeannie et Georges prenaient leur café avec Lucie dans la cuisine alors que Léa était toujours à l'étage. Blue arriva d'un pas léger, se sentant en pleine forme.
-Bonjour à tous, lança t'il.
-Bonjour Blue, lui répondit Jeannie. Bien dormi ?
-Un bonheur, merci. Quand partons-nous ?
-Tu vas suivre Léa. Elle ne devrait pas tarder, elle a toujours du mal à se lever, elle n'est pas du matin.

Il soupira légèrement de soulagement, peut être que Léa allait le laisser tranquille, au moins pour ce matin. Blue prépara rapidement son sac avec les affaires qu'on lui avaient fourni : feuilles, stylos et quelques livres. C'était simple et efficace, tout à fait son style. Il se servit une tasse de café et se prépara mentalement pour son premier jour dans un nouveau lycée. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à cette épreuve mais il n'aimait pas l'environnement scolaire, encore moins quand il est en plus accompagné d'un saut vers l'inconnu. Surtout dans un lycée, l'endroit où chacune de ses actions était jugée. Il haussa légèrement les épaules : l'avis des autres ne l'avait jamais intéressé de toute façon.

Léa descendit peu de temps après qu'il eut fini son petit déjeuner liquide. La jeune fille se contenta de prendre son sac et de faire un léger signe de la main à ses parents.
-À ce soir tout le monde, fit elle mollement en partant vers la porte.
-A ce soir ma chérie, répondit Jeannie. Au fait Blue, voilà pour ton déjeuner.

Elle donna un peu d'argent à Blue qui, après avoir dit au revoir, sortit à la suite de Léa. Cette dernière marchait rapidement vers l'arrêt de bus avec son frère provisoire sur les talons. Contrairement à ce à quoi il s'attendait, sa tenue était des plus ordinaires : Jean, t-shirt et un grand manteau. Le jeune homme quant à lui s'était habillé de la manière la plus neutre possible afin de ne pas attirer l'attention le premier jour.
-Tu ne te demandes pas pourquoi je t'ignore? Demanda Léa.
-Je croyais que tu n'étais pas du matin, répondit Blue nonchalamment. Mais maintenant que tu le dis je pense que je sais pourquoi.
-Pourquoi tu m'as mise dehors hier soir?

Blue leva les yeux au ciel en voyant ses espoirs de tranquillité s'envoler.
-La route m'a épuisé, répondit-il pour couper court.

La suite du trajet se fit en silence, pour le plus grand bonheur de Blue. En regardant aux alentours, il constata que le quartier était encore plus calme qu'il ne le pensait. Les maisons n'avaient qu'un seul étage... Blue allait devoir trouver un autre quartier pour en faire son terrain de jeu, après tout, il aimait la hauteur. Il observa le ciel qui lui semblait annoncer de la neige dans un futur proche. Il soupira : la neige compliquait tout, elle cacherait tout ce qu'il y aurait d'intéressant, ferait  apparaitre les traces de pas et surtout elle rendrait toute les surfaces glissantes, ce qui était le pire pour lui.

Léa s'assit à l'arrêt de bus, refusant toujours de lui adresser la parole.
-Au fait, pourquoi vous n'allez pas dans un établissement privé, demanda Blue en rompant le silence. Vous semblez pourtant en avoir les moyens.
-Mon père pense que les environnements protégés rendent les enfants mous, soupira-t-elle. Mais je pense qu'il veut nous faire suivre le même chemin que lui. Ou bien il économise pour quand j'irai dans le supérieur.
-Un personnage intéressant, ton père.

Léa ne répondit pas.
-Tu as des conseils pour mon premier jour ?
-Baisses la tête. Évite les bandes et les bagarreurs. Te fais pas remarquer. Trouve toi des potes rapidement et si on te cherche ne réponds surtout pas.
- Fermes-la et écrase-toi, en somme, résuma Blue en s'étirant.
-C'est ça.

Le bus arriva rapidement et ils embarquèrent. Les élèves s'y entassaient déjà et Blue se demandait où s'assoir. Pas à l'avant évidemment, il n'avait pas envie d'être fiché comme tête d'ampoule. A l'arrière ? Non, c'est la place des mauvais garçons... Non pas qu'il eut été un enfant de choeur mais les autres n'avaient pas besoin de s'en rendre compte tout de suite. Il s'assit tranquillement à l'exact centre du bus. Comme à l'accoutumée les gens qui étaient là semblaient tous très différents. Des rockeurs, métalleux, skaters, des victimes de la mode, des intellos, des sportifs... Ce lycée semblait être un grand exemple de diversité sociale.
-T'es nouveau, non ? demanda un jeune homme installé à côté de Blue, le sortant de sa réflexion.
-Ouai, répondit-il machinalement, je m'appelle Blue.
-Moi c'est Timothy, mais tout le monde m'appelle Tim.