Elle me paraissait tellement différente, intelligente et mature par rapport à la norme. Et puis mordante, pleine de répartie. Ça m'avait plu tout de suite je m'en souviens.

Elle ne me tournait pas autour, et moi non plus. Nous ne nous sommes jamais dragués jusqu'à la seconde.

Seulement, il y avait ce truc, cette attractivité autant physique que mentale qui nous liait. Nos comportements changeaient dans la minute lorsque nous étions en présence de l'autre, nous faisions attention à tous nos mouvements toutes nos paroles, nous ne vivions que sous le regard de l'autre.

Et nous en avions tous les deux conscience, bien qu'on le refoulait exactement de la même manière.

Deux beaux menteurs qui n'ont jamais su assumer ce qu'ils ressentent. Il était évident que jamais rien n'évoluerait entre nous, d'autant qu'aucun de nos amis n'avait remarqué notre comportement avec l'autre.

Et puis un soir, lors d'une soirée donnée chez Avril, tout le monde avait bu sauf Amy et moi. Avril était presque ivre la première mais avait du coup dessoulé plus tôt que les autres. A un moment, la jolie rousse et moi nous sommes retrouvés dans sa salle de bain.

Je me souviens elle avait les joues rosies, les yeux pétillants et les cheveux en bataille. Moi je l'observais, et je ne pouvais pas détacher mon regard d'elle.

Elle m'a embrassé la première, j'ai répliqué, et puis notre étreinte s'est révélée plus proche du combat de fierté que de la passion amoureuse.

Nous nous battions presque, savoir lequel serait le plus fougueux, le plus sensuel, le plus envoutant. Nous étions tous les deux dépendant de notre attraction, incapables de résister, c'était qui plaquerait l'autre contre le mur le plus rapidement, qui s'allongerait le premier sur l'autre, qui embrasserait le mieux.

Après cet épisode resté profondément secret, nous étions vus de plus en plus souvent. Tout le temps même, c'était nouveau pour l'un et pour l'autre cette attractivité, nous étions accros à l'un et à l'autre.

Mais le jour nous cachions tout devant les autres, et tout passait par les jeux de regard, de sourire, le plus discret gagnait la bataille cette fois. C'était presque un jeu de faire craquer l'autre face à nos amis.

Jamais personne n'a gagné, nous étions tous les deux de bons menteurs.

Ça a duré huit mois. De très longs mois.

Et un jour, Avril m'a quittée. Sans explication. Elle m'a simplement demandé de tout oublier, de ne plus jamais en parler, et de garder le secret à jamais.

Je ne sais toujours pas pourquoi elle l'a fait, je ne l'ai jamais su.

Les jours qui ont suivi la rupture ont été les plus durs de ma vie peut-être. Pourtant je n'en ai jamais rien montré, et jamais personne n'a su ce qu'il se produisait dans ma tête.

C'était pareil de son côté. Aucun de nos amis n'a jamais su quels amants Avril et moi avions été.

Petit à petit, l'amitié s'est réinstallée, bien que la tension soit toujours là lorsqu'Avril et moi sommes trop proches. Mais à force de dissimuler quelque chose, on finit par s'habituer et oublier même ce qu'on dissimule.

Je me suis habitué à être l'ami d'Avril, et j'ai fini par oublier mes... Sentiments.

Je lève la tête au moment où je découvre que je suis arrivé devant la maison de la jolie rousse.

Je ralentis, et puis descend de mon vélo pour le poser près de la fenêtre de la cuisine.

Je n'ai même pas le temps de reprendre mon souffle que déjà la porte s'ouvre sur le visage d'Avril.

La Dernière NoteWhere stories live. Discover now