Oubli Automnal

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L'amour charnel n'était alors plus la priorité, il se décolla progressivement de la femme qu'il désirait plus que tout au monde pour se rapprocher de ce corps sans vie.

Il effleura la lame, lisse et rouge de sang séché du bout des doigts...Cette lame se trouvait dans cette main féminine froide et douce. 

Un meurtre sans doute.

Il s'agenouille près de la victime, elle était jolie, de longs cheveux blonds pareil à l'ondulation d'un cours d'eau, un teint pâle, des lèvres bleuies, son corps n'était pas atrophié.  Son souffle était trop faible. Elle mourra dans quelques secondes.

5, 4, 3, 2, 1...

Elle est morte, le rictus qui était alors placardé contre sa bouche s'efface peu à peu...Qui a fait ça ?

L'étendu de la scène se présente alors à leur regard. Un classique, une pièce sombre et sinistre, des cordes qui enserraient toujours les poignets si fin de la malheureuse victime, une lame abandonnée au milieu d'une flaque de sang vermillon, une vraie oeuvre d'art à en croire les films d'horreur. Un meurtre sans doute.

Il contemple à nouveau le cadavre, Absinthe pleurait. Ses petites perles salées qui dégoulinaient le long de ses joues rougies par le désir qu'elle avait éprouvé.  Il la prit dans ses bras, un élan de tendresse envers sa petite créature, celle qu'il voulait protégé, il avait si peur pour ce petit bout de femme, il ne voulait pas qu'elle vive avec ce moment-là gravé dans sa mémoire. Ce moment qui aurait dû être magique entre deux personnes qui depuis le début éprouvent l'une pour l'autre de l'envie, de l'amour. Il avait tout gâché par cette femme morte au milieu de la pièce, la pièce où il l'aurait pu lui démontrer son amour. 

La vie est injuste dirait-il, s'il était assez égoïste mais il se mit à la place de ce corps sans vie, de son entourage, de sa famille et puis il réfléchissait. Il n'avait pas l'accès à cette chambre normalement, tous deux, Absinthe et lui étaient entré, en dehors des règles, ils ne pouvaient  se permettre de se faire interroger, de se faire questionner. 

La seule chose à faire, était de quitter cette pièce, de nettoyer chacun des endroits où ils avaient mis leurs corps, leurs membres, leurs empreintes. 

Blaise demanda à Absinthe, de l'écouter, la pauvre femme était maintenant assise en position fœtale et se balançait comme un veille femme ou une jeune et douce enfant, elle avait peur. Elle était étrange, mais il n'avait pas le temps de la consoler. Il trouva dans un placard de l'eau de javel, un chiffon et s'y attela, avec toute la hargne et la détermination d'un coupable.

Une demi-heure plus tard, il n'y avait plus rien qui contenait leurs traces de pas ou d'empreintes, aucune trace de leurs ébats, de leurs tendresse l'un envers l'autre. Il se sentait pourtant couvert de ses baisers, de ses baisers brûlants sur sa peau, qu'il devait oublier ne serait-ce que pour cette nuit. 

La pièce était vide et sombre, leurs photos qu'ils avaient mis à sécher étaient ramassés, il ne restait plus qu'une lame aiguisée, nettoyée dans la main du corps sans vie, et ce corps, pesant et lourd dans leurs esprits. 

Qu'allaient-Ils faire dorénavant ? Comment effacer ce visage dénué de vie, de leur mémoire? Il prit Absinthe dans ses bras, la conduisit dehors, en silence, lui fit promettre de se taire, il ne leur restait plus qu'un seul mot en tête que chacun se répétait chaque jour : 

l'Oubli



Oubli AutomnalWhere stories live. Discover now