Ballerines sanglantes

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Conservatoire de danse de Rennes, 5h41.

Lison marchait dans le long couloir qui reliait le conservatoire et le théâtre, poussant du bout des doigts un chariot croulant sous les produits ménagers, serpillières, et seaux d'eau. Elle s'arrêta devant une imposante porte dont les dorures luisaient dans l'obscurité. Elle l'ouvrit et entra avec lassitude dans le grand théâtre. Plongée dans le noir, la salle était très effrayante, et Lison aimait, chaque matin, imaginait ce qu'elle pourrait renfermer. Cependant, ce qu'elle trouva étendu sur le sol ce matin là dépassait ses inventions les plus horribles...

Commissariat de Rennes, 6h02

Face à la large fenêtre de son bureau, Ernest Pichaut soupira. Inspecteur depuis 37 ans, la mort était devenue sa triste routine. Et cette dernière avait encore frappée...

Il se retourna pour faire face à la jeune femme tremblante et pâle assise devant son bureau.

- Racontez-moi encore une fois comment vous avez découvert le corps, mademoiselle Coronelle, répéta-t-il une énième fois

Celle-ci s'essuya les yeux d'un revers de main et murmura :

-Comme chaque matin, j'allai faire le ménage au théâtre. Je suis entrée dans la pièce, puis j'ai allumé la lumière et c'est là que... que...

Sa voix se brisa et une ombre de terreur voila son regard, suivi par un déluge de larmes.

Ernest observa silencieusement la demoiselle. Ses mains étaient jointes, et il nota mentalement qu'elles étaient tâchées d'encre. Par-dessus son pantalon noir et son tee shirt vert, elle portait un tablier de ménagère bleu, sur lequel était brodé l'écusson du conservatoire de danse pour adultes de Rennes, ainsi qu'était accroché un petit badge sur lequel était écrit « Lison ». Ses longs cheveux noirs tombaient en désordre sur ses épaules et cachaient une partie de son visage, laissant apparaitre un œil d'un bleu transparent.

-Bien, fit le commissaire en se levant brutalement, ce qui fit sursauter la jeune femme, je pars rejoindre mon équipe au théâtre. Je vous raccompagne ?

Quelques minutes plus tard, les 2 compagnons arrivèrent devant le Conservatoire. Une vielle femme à l'air aigri les attendait. Dès qu'elle vu la demoiselle, elle s'écria :

-Vous ! Que vous a-t-il prit de hurler quand vous avez découvert le corps ? Vous avez réveillé tous mes danseurs et danseuses. Sans une nuit de sommeil complet, ils pourraient perdre leurs talents ! Mais vous ne pouvez pas comprendre puisque vous n'en avez aucun !

Lison tressaillit sous le poids des ces insultes. Elle rentra dans le bâtiment et disparut.

La vielle femme la suivit des yeux, avant de se retourner vers l'inspecteur.

-Je suis Madame de Sade, la directrice de ces lieux. Suivez-moi.

Ernest obéit, silencieux. La dame le conduisit devant d'une gigantesque porte en chêne verni, où avait été ajoutée une banderole rayée rouge et blanche, sensé interdire l'accès à la pièce.

-Vous étiez proche de la victime ? demanda-t-il

-C'était une élève comme une autre.

-Son nom, peut-être ?

-Aurore Coronelle.

L'inspecteur fit immédiatement le lien avec Lison.

-Avait-elle un lien de parenté avec votre femme de ménage ?

Ballerines sanglantesWhere stories live. Discover now