Chapitre 5. Le départ.

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En observant Rain, son assurance face à mes nouvelles interrogations, je compris qu'il ne se contentait pas de suggérer. Il avait étudié la faisabilité de son plan bien avant de me retrouver. Mon cœur se gonfla de joie, d'espoir, même si mon ressentiment n'était jamais loin.

— Nous trouverons les autres métamorphes comme je t'ai trouvé toi, exposa-t-il. Avec des indices. Ce soir, je t'ai trouvé parce que je sais que tu aimes te perdre dans les lieux bondés par moments.

— Tu aurais pu me chercher à Times Square ou sur Hollywood Boulevard, objectai-je. Et tu ne m'aurais pas trouvé.

— Je savais que tu étais dans l'Ouest, Ilya. Je sais où tu habites. Où tu as habité avant. N'oublie pas que je peux te sentir sans que tu le saches, dévoila-t-il.

— Tu as toujours eu ce putain d'avantage sur moi, grinçai-je, alors que mon rythme cardiaque s'affolait. Tu viens de me signifier que tu n'as jamais rompu le lien avec moi, c'est ça ? Bordel !

— Ça ne changeait rien pour toi, tu devais l'ignorer pour que Raven l'ignore aussi, expliqua Rain.

— Raven, toujours Raven ! Parle-moi de ces métamorphes qui nous aideront à lui exploser la tête, le priai-je en me passant la main dans les cheveux.

— En effectuant des recherches, je suis tombé sur le blog d'un humain qui enquête justement sur les métamorphes. Il se prend pour un journaliste et il n'aura jamais le prix Pulitzer avec ce sujet-là. Il est tombé sur des photos qu'il a reliées entre elles et a vu qu'il existait des gens qui ne vieillissaient pas et qui n'avaient rien de vampires blafards. Des gens liés à des témoignages étranges sur des apparitions d'animaux. Je ne sais pas si les lecteurs de son blog le croient ou aiment se faire peur, mais lui, il est tombé en plein dans le mille. À ton sujet, entre autres.

— Quoi ? m'exclamai-je.

— Tu as fait partie de la haute aristocratie russe d'avant la révolution, Ilya, rappela Rain. Comme tous les nobles de l'époque, tu as été photographié assez souvent. Le geek a comparé ces clichés-là avec ceux de ta période acteur aux USA des décennies plus tard. Tu n'as évidemment pas changé.

— Merde, grognai-je, les sosies, ça existe, non ?

— Le geek a choisi des hypothèses plus complexes et a relié ton cas à d'autres. Tu penses bien que je n'allais pas laisser ton secret, qui est aussi le mien, entre les petits doigts agiles de ce fureteur.

Je tentai de me souvenir de la dernière fois où je m'étais fait photographier. Sûrement avec mon appareil, dont Mikhaïl se servait pour tromper l'ennui ou l'angoisse, avant, bien avant que nous partions. Il était trop volumineux pour que je l'emporte et je l'avais laissé derrière moi lors de notre fuite à Odessa.

Odessa, la dernière étape avant mon autre vie. Là-bas, je cherchai d'abord ma famille dans toute la gare, en me disant qu'ils ne la quitteraient pas sans moi, s'ils étaient parvenus à notre point d'arrivée. Rien. Le bureau des enregistrements par où j'étais passé n'avait pas plus de renseignements à m'offrir.

Rain et moi nous louâmes une petite chambre avec une unique fenêtre qui fermait mal et qui faisait du bruit dès que le vent soufflait. Les barreaux de fer laqués de blanc des lits s'écaillaient et les matelas étaient pleins de crevasses. Le concierge était méfiant à cause du physique de Rain et parce que nous étions deux hommes. Est-ce que nous couchions ensemble ? Est-ce que nous complotions ? Les deux ? Il se tut cependant. Il n'était pas idiot et savait qu'en ces temps troublés, ça valait mieux.

Nous nous lavâmes vite, Rain et moi, de toute la saleté qui s'était imprimée sur nos corps. Nous devions aussi nous occuper de nos vêtements crasseux.

LIGHTS, roman édité, 5 chapitres disponibles Où les histoires vivent. Découvrez maintenant