My boy builds coffins

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Des jours d'été sans fin. D'une beauté bleue sans nuages. D'une chaleur infernale.

C'est drôle. On se dit souvent que quand on sera en vacances, on fera des tas trucs.

Et puis finalement on se retrouve allongés sur notre lit, à sentir nos yeux osciller entre la fenêtre ouverte et le plafond, sans regarder nulle part, à fondre dans les draps défaits.

Enfin je sais pas pour les autres mais pour moi, c'est ça.

Et je me mets à penser à des trucs auxquels j'aurais jamais cru penser un jour.

Je suis comme perdu dans le désert, sans eau et sans personne à qui dire ce que je peux pas dire.

Puis je suis là, en travers du matelas, à chercher le courant d'air.

J'aimerais avoir conscience de l'infini dans ma tête.

J'aimerais me sentir tout petit sur la planète, aussi inexistant qu'on peut l'être.
Mais ça marche pas comme ça.

Je serais toujours assez grand pour m'allonger dans ce lit, assez grand pour vivre dans cette maison, assez grand pour marcher dans cette ville.

Tout ça, ça compte. Dans une micro seconde planétaire on sera mort. Mais on compte quand même.

Si c'est pas cruel.

Parfois je pense tellement que j'arrive pas à m'exprimer correctement.

Alors je bouge, je fais autre chose.

J'agis, quoi.







Cet été j'ai trouvé un job dans un café. En général j'ai pas vraiment le temps de m'ennuyer. Je regarde les gens qui défilent. Parfois je vois des visages familiers. Parfois pas. Et quand il n'y a personne je m'assois dans un coin et je lis. Au moins je fais quelque chose et mes parents sont un peu fiers que je reste pas à rien faire.

Eux ils ont pas trop de congés, mais quand ils sont à la maison, ils insistent pour qu'on fasse des trucs tous ensemble. En famille.

Ma mère m'a emmené au centre commercial pour m'acheter de nouveaux vêtements. Elle trouve que je fais pas trop d'efforts. C'est sûrement vrai. Je passe pas beaucoup de temps seul avec ma mère. Ce qui est sûr c'est qu'elle comprend pas tellement mes goûts. Ça se voit sur son visage. Je sais qu'au bout d'un moment, c'est normal que les enfants soient exaspérés par leurs parents. Mais je sais pas si c'est normal que les parents soient exaspérés par leurs enfants. Non. Je sais pas ce que c'est d'être parents.

Mais au moins, même si elle aime pas, ma mère me laisse mettre ce que je veux.

Elle est pas méchante ma mère. Mon père non plus d'ailleurs. C'est juste qu'on est à des kilomètres l'un de l'autre. Je le sens. Et quand on est tous les deux assis à la table d'un restaurant, elle essaye toujours de combler les blancs. Et moi pas. Elle comprend pas. Je le sens.

Au début des vacances on a fêté le diplôme de ma sœur. Elle, elle avait l'air super heureuse. Et il y avait pas mal de gens de la famille. On était tous ensemble et même si tout le monde n'aime pas tout le monde, on se sentait bien.

Je n'ai pas reparlé du bal à ma sœur. Et elle non plus.

A part ma famille et les autres serveurs du café, je vois pas grand monde. Ça vient sûrement de là, l'idée du désert.

J'ai quand même aperçu YoonGi une fois. J'étais au grand parc, sur la colline. Je lisais mon livre et parfois je regardais le ciel. Quand je me suis levé pour partir, je l'ai vu au loin, sur le terrain de basket, avec un groupe de gars. Il se tenait contre la grille, et il me regardait. Je lui ai fait un signe vague du visage en passant. Il a rien fait, rien dit. Et ça m'a pas surpris.
Mais il m'a regardé quand même.

Dès que je travaille pas ou que je reste pas allongé sur mon lit à penser comme un fou, je lis. Je lis des grands livres qui me laissent pas m'ennuyer. Mais souvent je m'ennuie quand même. Alors je me balade un peu. Je regarde les gens et les voitures qui passent dans la ville devenue vide. Je m'assois par terre au bord du trottoir et je compte les avions dans le ciel. Je me demande si quelqu'un d'autre quelque part regarde le ciel. Je me demande si là bas, il fait nuit.

Et puis j'écoute de la musique. La musique de JungKook.

JungKook est parti plusieurs semaines avec sa famille. Plutôt loin. Je sais pas ce qu'il fait. Je sais pas ce qu'il devient. Je sais même pas vraiment quand il revient.

Je sais que quand il est pas là, la vie semble soudainement plus calme. Tout est beaucoup plus sensé, beaucoup plus rangé. Et je m'ennuie.

Mais ça, c'est pas dit que ce soit à cause de lui.

Parfois je vais courir le matin, quand c'est encore frais. Je vais jusqu'au pont et je regarde l'eau couler. Et parfois j'y vais le soir, alors qu'il fait nuit. Et au loin on voit les lumières qui scintillent et aveuglent les étoiles. Ce qui est à la fois joyeux et triste.

Il me reste une semaine de boulot. J'ai mis tout l'argent gagné dans une boîte faite exprès que j'ai calée entre mes livres. La plante au bord de la fenêtre continue de pousser. Maintenant elle est presque grande. Un peu comme nous.

J'ai aussi des playlists entières de chansons nouvelles qui rendent le soir pas trop sombre.

Alors je dors plutôt bien. Et je ne pense pas vraiment au lendemain.

Et c'est plutôt bien.

Sinon, Jimin fait une sorte de fête chez lui.
Et il m'a invité.
Enfin voilà.


TaeHyung

L'Empire des Lumières / SOUS CONTRAT D'ÉDITIONWhere stories live. Discover now