— Mais je t'aime. Toi, et uniquement toi.

Son attention se reporte sur la route, et Louis continue de le regarder.

— Je n'ai jamais couché avec Nick. Je ne l'ai jamais souhaité, et je n'en aurais jamais été capable. C'est toi que j'ai décidé d'épouser. Alors oui, il m'aurait sans doute tenu la main dans la rue et aurait dit à tout le monde que j'étais son copain. Mais il n'est pas toi, Louis. Merde, tu es tellement plus que lui à mes yeux, ce serait même incroyable de penser que je veuille coucher avec lui. Je voulais juste te pousser à bout, te faire parler sans aucun filtre.

Louis ne répond pas. Il l'observe quelques instants, lui et ses boucles folles, avant de tourner son regard sur la route, lui aussi.

— Tu ne me crois pas, n'est-ce pas ?

Louis ne répond pas.


* * *


Ils ont roulé jusqu'à ce que le soleil se fasse plus bas, et que les couleurs du ciel déclinent. D'après les panneaux, ils se trouvaient dans une petite ville paumée qui devait abriter moins de mille habitants et qui longeait une rivière, ce qui faisait de cet endroit le lieu parfait pour une série netflix destinée aux adolescents. Harry gara la voiture devant un espèce de motel près de la ville. Ils restèrent quelques minutes dans le véhicule, immobiles, la lumière des néons dansant sur leurs visages.

— On devrait rester là cette nuit, Harry brisa le silence qui avait duré des heures. On avisera ensuite. Ça te va ?

Louis hoche simplement la tête, sans lui lancer un regard. Il entend le léger soupire qui s'échappe de ses lèvres mais ne dit rien, ouvrant la portière à la place. Il ignore ce que " aviser " peut bien pouvoir dire à cet instant. Allaient-ils se donner plus de temps pour réfléchir, encore repousser au lendemain ce qui finirait par arriver, ou prouver qu'ils méritent tous deux une deuxième chance ? Tout ce qu'il veut, à cet instant, c'est fermer les yeux et peut-être même ne jamais se réveiller. Du moins, pas dans cette réalité. Il veut se réveiller des mois en arrière, aux côtés de son mari, et le rassurer. Lui dire qu'il en a fini d'être un lâche.

Il suit Harry jusqu'au comptoir du motel, regardant sa silhouette se balancer à chaque pas. Est-ce encore possible de le désirer après tout ce qui s'est passé ? De le désirer au point de sentir la chaleur embrasser son corps ? Il secoue la tête, portant son attention sur la tête qui dépasse du comptoir. Une vieille dame les observe d'un air las, comme si ça la faisait honnêtement chier de voir des clients.

Combien de nuits ? elle demande d'une voix ravagée par la cigarette, après un rapide signe de tête qui voulait soit dire "bonjour" soit "dégagez de là".

Hm, une nuit.

Chambre à part ?

Ils s'échangent un regard.

Une seule chambre, Louis intervient.

Ce serait ridicule de faire autrement après des années de vie commune. La dame leur adresse un regard chargé de jugement, ses yeux noirs les scannant tous deux de haut en bas. Voilà donc le fameux esprit sud-américain qui faisait surfasse. On sait qu'il existe, on en parle parfois sur les réseaux sociaux et dans les livres, de ce regard qu'on lance à deux hommes qui s'aiment. Eux n'ont jamais eu à le subir, et Harry comprend soudainement la peur que Louis aurait pu ressentir à l'idée de croiser cet exact regard. Alors il tourne la tête vers lui, prêt à le voir mort d'embarras, le regard baissé. Et ce qu'il voit le surprend.

DIVORCE PAPERS ✧ larry short storyWhere stories live. Discover now