Elle courait avec frénésie dans le désert aride, alternant entre chutes maladroites et pas indécis. Sa gorge sèche la brûlait et les perles de sueur gênaient sa vue.
Pourtant, elle ne s'arrêtait pas.
Pas avant qu'elle le trouve.Pas avant qu'elle ne le voie une dernière fois.
Subitement, dans le teint ombré qui régnait sur le paysage dans cette nuit étoilé, apparaît une chevelure rouge de feu.
Elle s'arrêta.
Des larmes chaudes s'écoulaient à présent sur ces joues alors qu'un vent sec faisaient virevolter ses cheveux noirs de jais, mais cela ne l'empêcha pas de s'avancer doucement.
Elle l'avait trouvé.
Il était là tel qu'il l'avait quitté. Toujours aussi calme et froid.
Et son regard.
Ses yeux dorés brillaient dans l'éclat de lune et l'ombre d'un sourire s'emparait de ses lèvres.
La distance entre eux se raccourcissait. Encore une douzaine de pas et elle pourra sentir cette odeur de familiarité qui lui manquait tant.
-Te voilà !
Elle fut surprise du ton de sa voix, l'éclat enfantin qui résonnait dans ses intonations avait laissé place à une maturité qui la déconcerta.
Mais la voilà qui souriait de tout son âme, et d'un ton jovial, elle ne put s'empêcher de sauter dans ses bras.
-......
Il a dit quelque chose mais le temps semblait s'arrêter et comme si elle avait la tête plonger dans le fond d'un océan, le son de sa voix fut bizarrement étouffé
-Quoi ? Je n'arrive pas à ...
La douleur tardait à se faire sentir.
Mais le sang qui s'écoulait de sa poitrine alors qu'il plongeait un couteau profondément dans son cœur criait trahison.
Elle ne put s'empêcher d'écarquiller ses yeux, tombant tel un ange déchu sur le sable fin avec une plainte figé dans sa gorge que la douleur intense réclamée.
Comment a-t-elle pu croire qu'il allait changer ?
Comment se sentait-elle si sereine alors que la mort venait l'emporter ?
Peut-être c'est les nues nocturnes qui semblaient l'engloutir.
Ou la brise qui s'était calmée et commençait à apaiser sa douleur.
Elle entendait à peine ses pas alors qu'il s'éloignait portant un couteau ensanglanté de son sang et cachant son visage avec une écharpe bleue qu'elle lui avait donné des ans de cela, la laissant gisante aux mains de la faucheuse.
Les vestiges de sa résistance semblaient l'abandonner et toute force la quitter, alors elle se laissa aller contre le sol réconfortant.
Les étoiles étaient si belles ce soir.
Elle leva doucement la main vers la lune qui la regardait de retour, alors que les larmes striés son visage qui peinait sous le choc et la douleur.
Tout était rouge.
La lune de sang.
La plaie dans son corps.
La paysage qui l'entourait.
Et ce rouge devint noir quand sa conscience la quitta enfin l'enfonçant dans un royaume d'obscurité.
...
-Non !
Son cri perça le silence de la nuit.
-Un rêve ! un rêve... oui c'était seulement un rêve.
Elle peinait à respirer et son cœur affolé ne l'aidait non plus.
Qui était-ce dans ce rêve ? Ce jeune homme à la chevelure rougeâtre.Elle semblait le connaître mais dans ses 19 ans d'existence, elle n'avait aucun souvenir de lui.
Qui était-ce donc ?
Essayant de se lever toute groggy, elle laissa ses pieds toucher le sol froid la ramenant ainsi à la réalité .Pourtant sa respiration ne se semblait pas se calmer, alors elle se contenta de tourner en rond, les pensées voyageants aussi rapidement que la lumière.
Elle se sentait nauséeuse tout d'un coup et la sueur ne faisait qu'empirer son état, alors elle se laissa tombé sur la petite chaise pour se verser un verre d'eau de la carafe rouge.
Tel que ses cheveux.
Elle devrait chasser son souvenir de son esprit.
En agitant doucement la tête, elle but longuement avant de pouvoir respirer à son aise de nouveau. Mais elle se leva tout de même entamant une nouvelle marche nerveuse faisant les cents pas autour de sa chambre jusqu'à ce qu'elle finisse par ouvrir sa fenêtre et l'air estival l'assaillit de tout part. Cela faisait des semaines que son village se préparait pour la lune de sang.
Plus que deux jours et les festivités commenceront, et elle ne put s'empêcher de sentir une excitation viscérale qui s'emparait de toute la population face à cet événement phénoménal. Pourtant, elle était nerveuse car ses rêves devinrent plus en plus sanglant depuis l'approche de l'éclipse. Mais ce ne sont que des chimères, et pour l'instant elle vivait dans le réel et le tangible.
Alors elle ferma les yeux, savourant le délicieux air de l'aube qui annonçait une nouvelle journée.
Et même derrière ses paupières fermées, elle voyait encore l'éclat de ces yeux dorés sous le ciel étoilé.
