Le repas fut excellent, comme toujours avec ma mère aux fourneaux, et avant de me coucher, j'envoyais un message à Jenn'. Je tenais à m'excuser à nouveau. J'avais pris du recul et réalisé à quel point j'étais un immense connard et que j'avais gâché mon amitié avec une fille géniale.

Je m'endormais en espérant qu'un jour peut-être, elle pourrait me pardonner et que je pourrais la retrouver.

Les jours suivants se déroulèrent habituellement, mis à part que je passais la plupart de mes soirées sur mon portable à Lui répondre, et si on oubliait l'effervescence dans tous nos cours d'allemand depuis que nous avions appris que l'échange franco-allemand aurait lieu en février ou mars. Jenn' ne m'avait pas répondu, mais elle m'avait souri au détour d'un couloir au lycée. Je savais donc qu'elle avait bien reçu mon message même si elle n'y avait pas répondu. Ce n'était pas encore un pardon mais j'étais vraiment heureux.

Quant à Victor que je ne voyais plus que lors de nos cours d'allemand en commun, je ne reconnaissais plus mon ancien meilleur pote. Lui qui était toujours enjoué, bruyant et bavard, assis au premier rang pour faire enrager nos profs, faisait maintenant parti du groupe du fond de la classe. Des gens près desquels il n'aurait jamais été auparavant et qu'il aurait même pas regardés sans soupirer de désespoir quant à leur « bêtise innée ».
Matthieu trainait toujours avec lui, mais d'après ce que m'avait dit Louis, il commençait à en avoir marre. Il disait ne plus reconnaître Victor et ne pas aimer les gens avec qui il était obligé de traîner pour rester en sa compagnie. Louis avait cité : « Je n'ai pas envoyé chié un connard pour en suivre un autre. »

En bref, Matthieu ne supportait plus Victor, mais il ne reviendrait pas non plus vers moi.

C'est dingue comme le lycée pouvait séparer des amis qui se croyaient inséparables. Même si c'était ma connerie de sortir avec Jenn' qui était à l'origine de la scission du groupe, je sentais que nous nous serions quand même éloignés les uns des autres. Parce que nous évoluions tous de notre côté, et que nous n'avions plus grand-chose en commun...

Louis semblait se trouver au milieu de la tornade, si ces cernes dignes d'un toxico étaient des témoins suffisants ... Il continuait d'alterner entre moi et les gars, et en plus de ça, il m'écoutait quand j'avais des problèmes, de même que Matthieu ou encore Victor, apparemment.

Je voyais bien que c'était beaucoup trop pour lui, même s'il ne disait rien et ne s'en plaignait jamais. Quand j'avais réalisé à quel point nous nous reposions tous beaucoup trop sur Louis, j'avais cessé de lui parler ou de lui envoyer un message au moindre problème. J'avais bientôt 16 ans, j'étais assez grand pour gérer tout seul certaines choses.

Les jours puis les semaines défilèrent. Cependant, même si je n'embêtais plus Louis et que Victor ne lui parlait plus, ses cernes et son état en général semblait aller de mal en pis ...

Le problème était sûrement plus personnel mais je n'osais pas aborder le sujet, préférant qu'il m'en parle de lui-même. Je me demandais aussi si j'étais le seul à voir qu'il allait mal puisque personne à part moi ne semblait s'en inquiéter ... Je me disais que si d'ici les vacances de Noël il ne m'avait pas parlé, je le forcerais à me donner des explications. Nous étions début décembre quand j'avais pris cette décision. Pendant les deux semaines qui restaient avant les vacances, je ferais tout ce que je pourrais pour aider Louis

Quand à mes échanges par textos avec Lui, ils duraient chaque soir un peu plus longtemps. J'appris ainsi que depuis qu'il était au lycée, il avait décidé de commencer à apprendre l'allemand plutôt que de continuer l'espagnol comme il le faisait au collège.

Il n'était pas dans le même cours que Louis, Matthieu, Victor et moi, étant donné que nous avions commencé en sixième, donc nos niveaux étaient assez différents. Cependant, Il m'avait dit qu'Il espérait faire partie des 6 personnes sélectionnées dans ce cours pour participer à l'échange franco-allemand avec notre classe. Un peu moqueur, je Lui avais répondu qu'après seulement quelques heures de cours, Il serait complètement perdu dans une famille allemande ne parlant pas un mot de français. Ce soir-là, Il avait cessé de me répondre, et je m'étais fait la réflexion que je devrais faire un peu plus attention la prochaine fois à son côté susceptible.

Lui [BxB]Where stories live. Discover now