1 Un trajet en bus

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Il devait s'arrêter, il sentait qu'il s'enfonçait.

Le rire cristallin du blond lui fit une raison. Il était trop occupé à fondre devant tant de mignonnerie pour parler.

Cette fois il prit son temps et rangea ses idées soigneusement, en rang d'oignon : bon sens, logique, éloquence, courage.

Puis il reprit clairement :

-Assieds-toi.

Réflexion, doute, angoisse,regret : sa proposition ressemblait plus à un ordre non... ?

Il cessa de s'inquiéter en constatant le sourire d'Armin, qui s'assit.

Jean détourna les yeux pour lui cacher son visage qui s'était transformé en une magnifique tomate bien mûre.

-Merci, dit alors Armin.

Armin...

Sa merveille, son trésor, son soleil... il était... vraiment à côté de lui ... ?

Il reporta son regard dans sa direction.

Son visage angélique était bien là, beau, souriant, éblouissant. Et ses yeux...

Jean ne les voyait pas bien.

Ce fut un peu comme un réflexe :il souleva délicatement la frange blonde qui lui barrait la vue et plongea son regard dans le sien, désormais à découvert.

Une fraction de seconde.

Avant que la raison ne l'emporte sur la simplicité, et qu'il se retire brusquement, comme si la mèche de miel l'avait brûlé.

Mais il ne put s'empêcher de dire, la voix tremblante :

-L'autre suicidaire a raison :tu devrais les couper. On te voie plus...

-Ah... souffla le blond. Tu as entendu... toi aussi tu trouves ?

Il soupira. Jean ne répondit pas, car l'autre reprit en baissant la tête :

-Je n'aime pas mes yeux... ils sont trop grands et trop clairs...

Jean se redressa, sidéré.

Quoi ?

Abasourdi, il s'exclama :

-Mais non, ils sont magnifiques tes yeux !!

Et magnifiques... quel euphémisme... comment pouvait-il penser ça de lui-même ? Ses yeux étaient si... indescriptibles. Ils étaient tout.

Jean voulait lui dire. Il voulait lui dire à quel point il se trompait. Il voulait lui dire que ses yeux étaient deux perles d'un azur parfait, deux océans regorgeant de vie, deux cieux emplis d'astres scintillants... deux mondes à eux seuls. Deux mondes où il aurait voulu s'aventurer pour ne plus jamais en revenir.

Mais il ne lui dit pas. Il se contenta de « Tes yeux sont magnifiques ».

Il voulait lui dire plus, tellement plus... il ne le fit pas.

Cependant, rien qu'à ces simples mots, ce simple « Mais non, il sont magnifiques tes yeux !! »,le porteur de ces yeux se redressa, ces derniers brillants d'espoir,et il demanda :

-Vraiment ?

Jean déglutit.

Perles. Océans. Cieux. Mondes.

-Vraiment.

Armin ne demanda rien de plus. Il se contenta de sourire.

Et ça, c'était la plus belle chose que Jean pouvait espérer.

Mon trésorOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz