J'aurais aimé ne pas être ce monstre. J'aurais aimé ne pas être si fragile. J'aurais aimé ne pas me laisser détruire par le plaisir sadique des autres. J'aurais aimé ne pas avoir eu à me tuer pour survivre dans ce monde. J'aurais aimé garder mon esprit. Ma vivacité. Mon existence. J'ai préféré tout jeter pour ne pas mettre trop de cœur dans les choses. Et pourtant, prise dans un engrenage, le coeur en avant, j'ai suivi mes sentiments, j'ai suivi mon cœur. Écrasée, tordue, torturée, et laissée en attente parmi les simples querelles. J'étais en train de crever là, au milieu d'une foule de simples crétins qui ne comprennent aujourd'hui encore rien à la mort de l'esprit. Aujourd'hui, je me noie. Et c'est irrésistiblement les abysses qui m'attirent dans leurs bras. Ma vie ne tient qu'à une poignée de poussière depuis trop longtemps. Je ne vis plus que pour quelques visages. Je m'accroche à leurs sourires, je me suspends à leurs paroles. Je suis instable. Imprévisible. Horrible. Rien ne va. La lune est la seule témoin de ce massacre, car il n'y a qu'elle lorsque je montre mes blessures. Et ainsi, alors que le soleil s'apprête à se lever de nouveau, j'essuie mes larmes pour recommencer une fois de plus cette ritournelle. Et chaque jour je retombe dans ces engrenages qui me compressent et m'étouffent, en attendant toujours que l'on vienne me chercher, m'empêcher de tomber dans ces engrenages affamés. En attendant, je me détruis, et j'identifie le moindre de mes points faibles.
