- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas revenir jeudi ? le questionnai-je.

- J'ai dit que je partais deux ou trois jours ! répondit-il sèchement en se frayant un passage à l'intérieur. Je voulais te faire la surprise. Tu n'es pas contente de me voir ?

- Si bien sûr !

- C'est bon je l'ai retrouvé, il avait glissé sous le canapé ! s'exclama soudainement Gontran tout en joie en se redressant du sol sur lequel il s'était tenu à quatre pattes cinq secondes plus tôt.

Lorsque Charles et Gontran s'aperçurent, leurs réactions furent très différentes. Chez Gontran ce fut principalement de la surprise, de la gêne et une incapacité à savoir comment réagir face à ce nouvel invité qu'il ne connaissait pas. Il le salua brièvement de la main et attendit. Charles, fronça des sourcils, bouillonnant de l'intérieur au point que ses narines se mirent à gonfler sous la colère. Il se redressa par fierté et ne chercha pas à s'attarder sur sa personne. Il revint rapidement à moi, m'interrogeant du regard pour tenter de déceler en moi la moindre petite once de culpabilité. Il était hors de question que je lui fasse ce plaisir. Sa mâchoire se serra automatiquement et je dus faire appel à toute la diplomatie du monde pour qu'il n'y ait pas d'esclandre.

- Charles, je t'en supplie, pas de scandale, le suppliai-je en chuchotant.

Je posai ma main sur son bras en guise de réconfort et de soutien. Je voulais qu'il sache que je n'aimais que lui, qu'il n'y avait que lui à mes yeux, sans pour autant être obligé de le lui dire.

- C'est un ami, continuai-je de manière suffisamment audible pour que l'un et l'autre puissent m'entendre. Nous avons un exposé à faire ensemble et la note contera pour les partiels. Nous étions en train de travailler.

Charles, qui n'avait toujours pas daigné répondre au signe de main de Gontran s'avança vers lui, échappant à mon contact et aussi au contrôle que je pouvais avoir sur lui. Je m'empressais de fermer la porte d'entrée pour les rejoindre au salon. Si Charles décidait de lui sauter dessus je ne pourrais rien faire. Je priai comme jamais pour que ça n'arrive pas.

Charles tendit finalement la main à mon invité qui se détendit enfin en constatant qu'il n'avait pas l'air aussi hostile qu'il l'avait laissé paraître en l'observant du pas de la porte.

- Charles Potens ! se présenta-t-il.

- Enchanté ! Gontran !

Charles ne lui lâcha pas la main, attendant que mon ami se présente dans les formes et fasse connaître son nom de famille également. J'assistais impuissante à son étalage de force et de concupiscence sans rien pouvoir faire. Intervenir, c'était discréditer Charles devant Gontran et lui offrir sur un plateau d'argent une foule de reproche qu'il aurait l'honneur de me faire par la suite. C'était aussi montrer à Charles que la manière dont il traitait celui qui était pour lui inconnu avait une importance pour moi. C'était le cas, forcément, mais je ne devais pas me montrer trop concernée par son sort bien que ça me fasse mal de devoir agir ainsi.

- Juste Gontran ! renchérit-il en libérant sa main de la poigne de fer de Charles.

- Je ne savais pas que Margaret devait recevoir de la visite ! gronda Charles.

- Ça s'est fait un peu à la dernière minute, répondit Gontran très mal à l'aise car il ne comprenait pas qui était cet individu qui avait ainsi interrompu notre soirée.

- Et bien si ça ne vous dérange pas, je compte passer le reste de ma soirée avec elle.

- Oh, s'exclama soudain Gontran en ayant une illumination. Vous êtes son petit ami ?

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now