- Peur ? m'offusquai-je. Et on peut savoir de quoi j'aurais peur ?

- De trouver un homme suffisamment amoureux de vous pour tout tenter pour vous garder. Vous êtes terrorisés.

- Charles ne m'aime pas !

- L'amour ne passe pas forcément que par les mots, il existe aussi dans les gestes.

Je pris conscience, même si je le savais déjà avant, que Charles et moi étions plutôt mal barrés. Je ne pouvais aimer qu'à travers les mots et lui à travers les gestes. Ma colère retomba et je pris une grande inspiration pour me calmer. Après tout, tout cela n'était pas vraiment la faute de Paul, il ne faisait qu'obéir aux ordres. J'observais mes clés de voiture dans ma main, me sentant comme la reine des idiotes.

- Il vous a appelés ? le questionnai-je le regard bas, honteuse de m'être emportée contre lui.

- Oui !

- Comment a-t-il réagi quand vous lui avez dit que j'étais retournée chez moi ?

- Il était furieux !

Furieux, répétai-je dans ma tête. Il avait bien caché son jeu hier soir au téléphone. Il m'avait paru si calme. Même s'il y avait fait allusion avant de raccrocher, j'avais du mal à imaginer qu'il ait pu se contenir ainsi durant tout le temps que dura notre appel et qu'ensuite il ne m'ait pas fait la morale pendant des heures. Il voulait que je culpabilise, c'était gagné.

- Vous ne vous êtes pas trop fait disputer parce que j'avais échappé à votre vigilance ?

- Notre conversation a été houleuse, avoua-t-il sans montrer le moindre signe de rancœur.

- Je suis vraiment désolée ! m'excusai-je d'être le catalyseur de ses problèmes avec son patron. Je lui dirais qu'il n'a rien à vous reprocher. Il n'a pas menacé de vous virer au moins ?

- C'est inutile ! Monsieur Potens sait très bien qu'il ne trouvera personne d'autre qui sera aussi loyal que je le suis envers lui. Il a toute confiance en moi et ce ne serait le cas avec personne d'autre croyez-moi.

- Qu'a-t-il dit à mon sujet ? tentai-je d'en savoir un peu plus.

- Rien que je ne puisse vous dire mis à part qu'il m'a demandé de venir vous rendre vos clés.

- D'accord, cédai-je en devenant tout à coup très mélancolique. Quand vous le verrez, dites-lui que je suis désolée.

- Vous lui direz vous-même.

- S'il accepte de me revoir.

- Ne dites pas de bêtises. Il était en colère, c'est vrai, mais il n'a jamais été question d'en rester là pour autant.

- Alors pourquoi me ramenez-vous mes clés de voiture ?

- Parce que Monsieur s'est rendu compte qu'à force de vouloir vous contrôler il réussissait seulement à vous éloigner.

- Il a compris ça tout seul ou un ami l'a aidé ?

- Qui sait, répondit-il avant s'éclipser comme il était arrivé, de manière agaçante.

J'étais heureuse de retrouver ma voiture. Je courus jusqu'à ma chambre et me dépêchais de me préparer pour aller à mon rendez-vous avant d'aller en cours. Je sautai littéralement dans un jean taille haute et enfilais un long et large pull beige que je rentrais légèrement dans mon pantalon sur le devant. Je laissais mes cheveux détachés et ne leur fis même pas l'honneur d'un coup de brosse à cheveux. Je pris mon téléphone et enfilais une paire de boots noires avant d'attraper mon sac à dos pour les cours.

Cœur ArtificielTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon