Un rien avait suffit

Les sentiments à sens unique

Elle ne se sentait pas perdue ; car elle savait ce qu'elle devait faire. Elle ne se sentait pas seule ; car au fond elle aurait pu en parler à ses amies les plus fidèles qui l'auraient écoutée sans la juger. C'est ce qu'elle faisait d'ailleurs, le plus possible. Mais elle n'arrivait jamais à dire tout ce qu'elle avait dans la tête, parce que à l'intérieur après tout, c'était le bordel. C'était brisé. Elle ne se sentait pas malheureuse non plus ; car après tout, elle avait tout pour être heureuse.

Non en réalité elle ressentait juste un manque... Le manque de lui... Au fond elle gardait juste espoir. L'espoir qu'il puisse un jour la regarder. Elle espérait qu'il ait une autre image d'elle que celle qu'elle avait peur de renvoyer. Elle espérait qu'il puisse se rendre compte de ce qu'elle était réellement. Une jeune fille imparfaite, c'est sûr mais surtout pas le genre à dire des choses fausses ; encore moins sur le point sentimental. C'était une fille très traditionnelle en therme de relation ; et très sobre. Mais peu importe comment elle se voyait, ce qu'elle voulait c'était simplement qu'il apprenne à la connaître.

Pourtant elle ne le connaissait pas ; mais il avait suffit d'un seul geste pour la toucher. Une action si simple, mais ce jour là ; elle avait reçu comme un violent coup dans la poitrine. BOOM ! Comme un coup de foudre. Qui avait suffit à lui rappeler ce qu'elle aimait vraiment chez une personne. Sur le coup elle ne comprenait pas ce qui lui avait autant plu chez un autre. Car au fond ce qui l'attirait réellement : c'était ça. Tout ce personnage qu'il reflétait : un garçon gentil, calme, silencieux, modeste, désireux d'apprendre, de s'enrichir. Un garçon qui ne se montrait pas. Et elle en était éperduement amoureuse. Parce qu'il reflétait tout ce qu'elle voulait être. Elle l'admirait tellement, et plus les jours passaient plus elle en apprenait sur lui, plus elle l'aimait...

Mais elle ne le connaissait pas, elle ne lui avait jamais parlé ! Mais c'est en l'observant qu'elle ressentait déjà tout ça. Elle pensait toujours à lui, elle rêvait de pouvoir lui parler. De pouvoir dire: "oui je le connais." 

Mais la même question revenait sans cesse. Était-elle réellement amoureuse ? Parce que en fin de compte elle ne le connaissait pas justement. Peut-être était-ce simplement elle qui se faisait des illusions par rapport à lui. Peut-être se servait-elle de lui pour créer le garçon de ses rêves. Pourtant elle ne rêvait pas ; tout ce  qu'il faisait, elle le voyait vraiment ramasser ces différents objets ? N'était-ce pas une preuve pour en déduire qu'il était respectueux ? Elle ne rêvait pas, il tenait bel et bien la porte à toute sa classe avant de pouvoir lui-même y entrer ? Quelle amabilité non ? Elle le voyait bien au C.D.I. en train de lire différents articles de lecture, pouvait passer d'un manga à un manuel de philosophie à un magazine de science ou bien même à un dictionnaire ?! Cela signifiait qu'il aimait s'instruire, non ?

Sa voix était si douce, une voix si polie. Son regard si mystérieux, ses tics, ses manières, la simplicité dans sa façon de s'habiller ; tout lui plaisait chez lui. Elle en était folle, elle pouvait le regarder pendant des heures. Elle, elle avait déjà séché les cours pour pouvoir l'admirer secrètement dans son coin. Une chose qu'elle n'aurait jamais fait avant. Le voir lui apportait un plaisir si immense, elle se sentait si apaisée quand il était aux alentours. 

Et pourtant au fond elle se sentait si triste, il ne voulait pas apprendre à la connaître. Il ne s'intéressait pas à tous ça. Et c'est exactement ça qui la faisait autant souffrir ! Ce manque de lui. Elle n'arrivait pas et en même temps ne voulait pas l'oublier. Car il était tout ce qu'elle voulait. Elle avait tellement peur de passer à côté de quelque chose...

Et voilà, un simple geste de sa part avait suffit à la rendre complètement folle de lui, un rien avait suffit.