Laure

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Dans la voiture de papa, Charlie est au volant. Je le regarde conduire. Il chantonne la chanson qui passe à la radio. Lorsque le refrain débute sa voix se confond instantanément avec celle du chanteur. Si Barbara était là, avec nous, elle aurait été tenté de chanter aussi pour détruire joliment et à sa façon la chanson. Nous faisant rire aux éclats. Mais moi j'aime bien écouter mon frère chanter.

Là, dans cette voiture, on parle, on rit et on s'amuse comme jamais. La rue et les maisons défilent les unes après les autres. En regardant à travers la vitre j'ai l'impression que tout va trop vite, mais non. Charlie respecte les limitations de vitesses tout en continuant de fredonner.

Je ne sais pas où l'on va, vers quoi on se dirige. La route, devant nous, nous ouvre les bras. Chaque fois que la voiture s'approche d'un feu il passe au vert. Alors Charlie passe la vitesse supérieur et commence à monter dans les aigües accompagnant le chanteur.

Il fait encore jour mais il y a étrangement peu de monde dans les rues. Les gens ont dû profiter du soleil pour aller. Brrr.

La voiture est propulsée et commence à faire des tonneaux. Je hurle sans qu'aucun son ne veuille sortir de ma bouche. Charlie a les yeux clos et du sang coule en trombe de son arcade. La voiture se stoppe enfin dans un violent coup qui me propulse très, même trop près du pare-brise. Ma ceinture de sécurité m'arrête et me retiens de passer à travers. Je rattéris sur le siège et me cogne viollement contre l'appuie-tête ce qui m'assomme presque. Je ne peux plus bouger.

Les minutes passent. Dehors je perçois les maisons, les gens bougeant au ralenti. Du monde courent dans tous les sens et pourtant tout me semble passer lentement.

Je tourne la tête vers Charlie. Ses mains ont lâchés le volant pour se retrouver sur ses genoux. Lui non plus ne bouge plus. Il reste là. Inerte. Les yeux clos. Le sang coulant de son front ne s'arrête pas. Je veux crier. De peur et de colère. J'ouvre la bouche mais ne parviens pas à dire quoi que ce soit. Pas un son ne veut sortir de ma gorge nouée. J'essaye de la main de le réveiller, de le secouer comme je peux. Aucune réaction de sa part. Il ne bouge toujours pas.

J'arrive à me détacher et tente de me sortir de la voiture. Un petit air frais me fait remarquer que la vitre de ma porte est brisée. De toute ma faible force et avec mon adrénaline je me débats pour ouvrir la porte. Je n'arrive à rien et un sentiment de panique commence à m'envahir. Je tourne la tête de tous les côtés et tente d'appercevoir quelqu'un pour appeller à l'aide. Un homme dans un uniforme bleu s'approche. Un ambulancier. Il se poste près de moi et me demande de me calmer.

Je jette un coup d'œil furtif vers mon frère. Il n'a toujours pas rouvert les yeux.

Sans en prendre conscience ma respiration se calme et je me concentre sur la voix appaisante de l'ambulancier qui aidé par d'autre me sort de la voiture. Il m'installe sur un brancard et à cet instant une douleur atroce me prend à la jambe. Ne pouvant pas bouger, je passe avec précaution mes doigts sur ma cuisse. A l'endroit où la douleur est la plus forte, mes doigts se frottent à des bouts de verres. J'en déduis qu'il provienne de la vitre brisée de la fenêtre de ma portière. Mais j'oublie à nouveau toute douleur en découvrant mon frère allongé sur la route. Tous les ambulanciers se pressent autour de lui. Une jeune femme sérieuse et qui ne laisse percevoir aucune émotion tente d'arrêter le saignement de son arcade tandis qu'un grand homme chauve lui déchire son tee-shirt. Et puis son corps se soulève. D'un coup. Plus personnes ne bougent. Il se soulève à nouveau, secoué par les électro-chocs.

Comme un coup de poing dans le ventre, comme une claque en pleine figure, je réalise enfin la gravité de la situation. Ce n'est pas possible. Pas encore. Pas Charlie. Pas lui. Son corps se soulève encore. Et retombe sur le bitume de la route.

Seul le bruit assourdissant des sirènes vient interrompre ce silence. Des gens, guidés par leurs curiosité sont arrêtés par la police. Tout le monde retient son souffle.

Je hurle, de toute mes forces mais toujours aucun son ne se fait entendre. A gorge déploier je parviens à mes fins.

"Charlie." Criais-je.

Les larmes m'assombrissent la vue et coulent sur mes joues. Je distingue toujours son corps se soulever.

"Charlie. Je t'en prie, le suppliais-je. Charlie."

Impuissante je regarde tout ses membres se soulever. Encore et encore. En vain.

"Laure réveille-toi. Je suis là."

Cette voix. J'ouvre les yeux précipitament. Il est là. Charlie est bien assit sur mon lit. Dans ma chambre. Il me sourit. Je ne réalise pas. Je n'arrive pas à tendre les bras. A le toucher pour me faire à l'idée que c'est bien lui. Pour de vrai, cette fois, les larmes innondent mon visage. Il me couvre de ses bras puissant. C'est réel. Tout le reste n'était qu'un horrible cauchemar.

"Ne me laisse pas tomber. Lui soufflais-je à l'oreille.

- Je ne t'abandonnerais pas Laure. On est deux maintenant." Me rassure-t-il de sa voix grave.

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Les nombreuses demandes des lecteurs de ma premiere histoire m'ont poussé a en publier une autre :)

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Le jour après la mortWhere stories live. Discover now