Your House, my House

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Dans la maison aux murs clairs, au milieu de la rue, dans la chambre à l'étage, sur le lit, il écrit. Ou plutôt il griffonne sur un cahier tiré du fatras de son sac de cours. TaeHyung a des grands posters sur ses murs et un tas de livres sur sa table de chevet. Et pendant qu'il a son casque sur ses oreilles, qu'il a l'air de ne penser qu'à ses papiers, la nuit se lève.

C'est le soir et TaeHyung essaie de faire ses devoirs. Il pige rien aux théorèmes. En fait TaeHyung ne comprend pas parce qu'on ne lui explique pas d'où viennent les formules. Et TaeHyung aime comprendre. Sauf que leurs calculs sortent de nulle part. Non, il pige pas. Mais c'est pas très grave. Il balance son cahier sur le sol avec les autres cahiers et attrape le livre tout en haut de la pile. Il en est resté à la phrase. Il la lit, la relit, la relit encore. Maintenant il comprend tout. Il est satisfait, mais il préfère dire que ça l'agace. C'est que l'autre rien du tout est pas con en fait. Et qu''il faut que ça l'agace.

Mais pas trop non plus.

TaeHyung s'empare de son crayon de bois et recopie ce que lui a dit JungKook en haut de la page. Puis il s'enfonce lentement dans son oreiller et concentré dans son bouquin, plongé dans sa musique, il oublie ce bordel de chien de monde. Au bout d'une heure et même s'il a pas trop avancé, il ferme le livre et le remet en haut du tas. Et toujours affalé dans son lit défait, ses yeux planent, lorgnant sur la couleur de son sweat, puis sur la couleur de son bas de pyjama. Il regarde, presque inexpressif, sur sa jambe gauche un point situé ici, juste au dessus de son genoux. Il se rappelle la main de JungKook qui n'était pas vraiment là. Il se rappelle la lumière orange. Il se rappelle la veste jaune et le tableau sur le mur au dessus du lit.

« -Pourquoi je pense à ça ? »

Finalement il met sa capuche sur sa tête, s'installe correctement sur son matelas et éteint la lumière. TaeHyung, dans le noir, garde les yeux ouverts.

« -Va-t-en. »

Le silence lui répond.

« -Tu n'es personne. »

Et puis finalement il démarre une autre playlist et capté par les paroles de cette chanson géniale dont il connaît même pas le nom il ferme les yeux. Et il fait nuit dehors.

Dans une autre maison, sans étage, dans la rue pleine d'arbres, à son bureau, il dessine. Ou plutôt il griffonne. Dans son lecteur qui date de l'Antéchrist passe un tube des années 80 dont il connaît presque les paroles. Et tout en étant captivé par sa feuille, JungKook remue inconsciemment sa jambe. Dans la maison retentit les cris de gosses déchaînés. Il entend des pleurs, des grondements et des cris encore. Un tsunami passe dans le couloir. Et quelques minutes après sa porte s'ouvre.

« -Éteints la musique, lance sa mère, disparaissant aussitôt après.

-Ok. »

JungKook obéit sans rien ajouter. Il continue son dessin. Sa mère pousse une gueulante dans le salon et soudain le silence devient fort. Il continue son dessin. Puis un hoquet retentit dans son dos. Il s'arrête et se tourne pour voir sa petite sœur le toiser depuis le couloir, à travers la porte ouverte. JungKook la dévisage en retour sans bouger ne serait-ce qu'un sourcil. Enfin, il lâche :

« -T'es moche. »

Et dans la seconde qui suit, sans que personne n'ait rien vu, rien compris, sa mère déboule, attrape la gosse et disparaît à nouveau de l'autre côté du couloir. JungKook se retourne sur sa chaise, récupérant son crayon et marmonnant :

« -La porte. »

Personne ne l'entend. Forcément. La porte reste ouverte. Ça l'énerve. Enfin non. Ce n'est pas la porte qui l'énerve. Il ne sait pas ce qui l'énerve. Peut être la mine du crayon suspendue dans le vide. Alors il repousse son dessin avec les autres griffonnages qui ne sont même pas beaux et enfonce sa tête dans sa main. Son regard flotte sur le sol puis remonte vers le lit vide. Il le fixe. Longtemps. TaeHyung était assis là. Il était assis à côté. Et même que c'était vraiment très silencieux.

JungKook se détourne et se frappe le crâne plusieurs fois.

Puis il se calme.

Puis il se lève, ferme la porte d'un coup de pied et tombe à plat ventre sur son lit. Un jour tout disparaîtra hors du temps.

Follow me to the bottle and we'll figure it out

I will leave my troubles by the river

L'Empire des Lumières / SOUS CONTRAT D'ÉDITIONWhere stories live. Discover now