- C'est plutôt à toi qu'il faudrait poser la question ! grogna-t-il comme à chaque fois que quelque chose ne lui plaisait pas. Pourquoi tu ne m'as pas attendu ?

- Parce que tout le monde me dévisage quand je suis avec toi et que je n'aime pas ça !

- Ça suffit, ordonna-t-il en passant ses bras sous mes jambes pour me porter. Nous aurons cette conversation dans mon bureau.

- Non ! lui assurai-je en me débattant pour qu'il ne puisse pas me soulever du sol. Arrête de faire ça. Je vais très bien y arriver.

- Margaret, ta cheville est encore fragile...

- Cesse de me traiter comme une gamine et aie un peu confiance en moi.

- Je te le répète, nous parlerons de ça dans mon bureau, chuchota-t-il pour ne pas ameuter plus encore tous ceux qui ralentissaient exprès à notre hauteur pour entendre notre conversation.

Folle de rage, je me détournais de lui et gravis les marches une à une en me cramponnant à la rambarde. Charles me suivait, la mâchoire serrée. Une fois en haut des escaliers, il me tendit ces fichues cannes que je ne supportais plus et les refusais plus pour le contrarier que parce que je n'en avais pas besoin. Je pris sur moi de marcher sans, gardant pour moi mes grimaces de douleurs.

Nous prenions le dernier virage menant à son bureau quand j'aperçus Gab qui nous attendait, appuyée contre la porte de ce dernier. Imperceptiblement, je ralentis, prête à faire demi-tour, mais me heurtais contre le torse de Charles qui n'avait pas anticipé ce changement de rythme. Gabrielle nous vit enfin et se redressa en attendant que je vienne à elle. Décidément, que ce soit avec Charles ou ma meilleure amie, apparemment, je n'échapperais pas à une bonne prise de tête. Je soufflai autant que je le pus.

- Ça ne te dérange pas de m'attendre à l'intérieur ? demandais-je à Charles plus pour la forme que pour avoir son avis. Il faut que je parle à Gab !

- Nous devons parler aussi, se renfrogna-t-il.

- Oui et bien chaque chose en son temps. Va faire ce que tu as à faire, je te rejoins dans cinq minutes.

Il n'insista pas et nous rejoignîmes enfin Gabrielle. Charles la salua poliment et rentra dans son bureau après quoi il ferma la porte. Je me retrouvais face à mon amie à devoir tenir une conversation que je ne voulais pas avoir, dans un couloir bondé de monde. Malheureusement pour elle, j'étais déjà bien énervée et elle risquait de subir ma toute récente colère bien qu'elle n'y soit pour rien. Je n'avais pas besoin qu'elle en rajoute ou qu'elle jette de l'huile sur le feu.

- Qu'est-ce que tu fais là ? attaquai-je.

- C'est mon bâtiment je te rappelle.

- Dans ce cas bon cours, conclus-je en voulant partir.

- Attends ! me supplia-t-elle. Il faut qu'on parle toi et moi. Je me suis comportée comme une idiote et j'en ai bien conscience.

- Comme une idiote oui !

- Je me suis refait le film de notre conversation un million de fois dans ma tête et j'avoue que je n'ai peut-être pas très bien choisi mes mots hier soir.

- Tu crois ça ? m'agaçai-je. Tu n'as pas la moindre idée de l'effort que ça m'a coûté ! J'attendais de ta part un peu plus de compassion.

- Et c'est le cas, je compatis réellement. Je suis prête à t'aider. As-tu pensé à aller voir quelqu'un ?

- Mais enfin Gab qu'est-ce que tu crois ? Ça fait des années que je tente de me reconstruire, bien sûr que je suis allée voir quelqu'un.

- Et que pense cette personne de ta relation avec Charles Potens ?

Cœur ArtificielWhere stories live. Discover now