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Je me retournai encore et encore dans mon lit.

La douleur m'empêchai de m'endormir confortablement. J'abandonnai l'idée d'un sommeil paisible, et portai mon regard sur la lumière de la lune passant à travers ma fenêtre. Éloignée de quelque mètres de mon lit, je pouvai aisément distinguer chaque rayon se répercutant sur le sol sombre de ma chambre.

Je somnolais, et me mit à rêver que je passais par la fenêtre pour m'échapper de cette maison et de qui l'habitait. J'eus un sourire fatigué. Et où pourrai-je aller ? Et surtout, pourquoi partir ?
Mais mon épopée onirique continuait, et j'ouvris mentalement la fenêtre d'un coup sec, que je pus presque entendre.

Cette pensée me sortit de ma torpeur.

"Presque ?" Pensais-je.

Non. Je l'avais vraiment entendu. Je me relevai de mon lit, et portai mon regard vers ma fenêtre, désormais ouverte comme dans mon songe.
Je pivotai sur mon matelas, et posai mes pieds sur le sol froid, tandis qu'une paire de mains hasardeuse fit son apparition à l'encadrure de l'ouverture. Les rayons de la lune disparurent, confirmant la présence d'un individu obstruant la lumière à l'extérieur, même si n'ayant toujours pas fait son apparition.

Intriguée, je gardai le silence afin de découvrir l'identité de cet intru.
Une forme ovale correspondant probablement à un visage passa la fenêtre, suivit d'un torse , puis de deux jambes.
En un rien de temps, l'étranger était entré dans la pièce sans un bruit, ne percevant pas encore la présence de quelqu'un qui l'observait.

Mais, comme avertit d'un signal muet, il se retourna vers moi, me laissant apercevoir son visage, ou plutôt ce qui le masquait. Un large masque bleu, où seuls deux trous béants et noirs au niveau des yeux souillaient sa surface, laissant suinter un liquide sombre que je ne pu identifier.

Nous restâmes quelques secondes à se dévisager l'un l'autre en silence, avant qu'il ne fit quelques pas dans ma direction. Un éclat de lumière éphémère m'informa soudainement qu'il tenait une longue lame argentée dans sa main droite, ce qui ne m'effraya étonnamment pas. Je fus tiraillée par une incommensurable curiosité envers ce garçon qui semblait avoir mon âge.

"Tu es là pour me tuer ?" Demandais-je innocemment.

Cette idée ne m'inquiétais pas. J'étais étrangement fascinée par cette option qui se présentait à moi, et je l'acceptai sans appréhension.
À l'écoute de ma voix, le garçon se figea quelques secondes, paraissant réfléchir, avant de s'avancer de nouveau.

"Maintenant que tu m'as vu, oui." Déclara une voix étonnamment grave pour l'âge que l'adolescent semblait avoir.

Désormais, l'inconnu était juste en face de moi, et je pouvais mieux distinguer sa corpulence. L'hypothèse qu'il ait mon âge se confirma, à la vue sa taille réelle. Il m'observa en retour, puis leva brusquement sa main droite, paraissant possédé par une violente pulsion. Je souris à la vue de l'arme qui allait me faire quitter cette maison, puis fermai les yeux, attendant ma fin, mais le coup ne vint jamais. J'ouvris les yeux, et vit que le garçon s'était figé dans son mouvement.

"Eh bien ? Qu'est-ce que tu attends ?" Lui demandai-je, en fronçant imperceptiblement les sourcils.

Je vis son bras trembler, semblant forcer pour finir son mouvement.
Je ne comprenais pas ce que j'étais en train de voir. Je pouvais moi-même percevoir qu'il voulait en finir avec moi, mais son corps paraissait le lui interdire.

Je ne savais comment réagir, mais avant même de m'en rendre compte de ce que je faisais, je sentis la surface lisse du masque sous mes doigts. Ma main avait été attirée vers celui-ci par la même force mystérieuse qui retenait le bras du garçon. Toujours possédée par cette insatiable curiosité, mes phalanges coulèrent et parcourèrent l'accessoire de long en large, m'imprégnant de la sensation irrégulière du morceau de bois.

La surface de ma peau atteignit la substance inconnue, et je mémorisai cette sensation nouvelle. Tandis que je m'attendais à être brûlée ou congestionnée par la douleur à ce seul contact comme dans un vieux film d'horreur, il n'en fut rien. Le liquide coula simplement le long de mes doigts souillés, avant que je ne les ramène plus près de mes yeux. J'observai à nouveau les reflets inexistants de l'étrange matière. Sa noirceur sans fond paraissait aspirer le peu de lumière qui habitait cette pièce, et je sentais presque ma propre entité être aspirée par les remous de la noirceur.

Le garçon avait laissé son bras retomber le long de son corps, et vivait avec moi cet étrange moment d'intimité qui nous liait par une puissance obscure. Il baissa la tête dans ma direction, m'analysant en silence.
Il ne changea pas de position, alors qu'il leva ses mains au niveau de ses tempes.
Je compris immédiatement son intention et me crispait en imaginant ce que ce masque pouvait cacher, mais ne bougeai pas.

Le garçon fit glisser le morceau de bois vers le haut dans une langueur insupportable, jouant avec mes nerfs, avant de finalement découvrir ce qu'il cachait.

Je restai immobile devant ce que j'aperçu, mais dû me faire violence pour ne pas exprimer ma stupeur. Son visage était ordinairement fin et affichait une peau étonnamment grisâtre, mais le plus notable était ses deux yeux. Il étaient noirs, entièrement noirs. Même la sclère, partie ordinairement blanche de l'oeil, était d'un noir sans fond. Ces deux yeux qui me fixaient semblait n'être que deux morceaux d'obsidienne que l'on avait enfoncé dans ses orbites.

C'était comme regarder le fond d'un puit.

Son regard faisait même de la concurrence à la substance qui collait à mes doigts fins.
Et tout comme chaque être humain est irrésistiblement attiré à chercher une lumière parmi les recoins obscures de la nuit, j'étais irrépressiblement happée par ces deux abysses qui me faisaient face. Aussi étrange que cela puisse paraître, je ne fut ni rebutée ni apeurée par ce que je voyais, mais simplement hypnotisée, comme l'est une souris dangereusement fascinée par les mouvement d'un serpent.

Le garçon remit son masque d'un mouvement de la main après avoir observé ma réaction, avant d'élancer sa main gauche dans ma direction. Je n'eus même pas le temps de réaliser que c'était peut-être la dernière vision que j'aurai jamais eu de ma vie, que la violente douleur apparaissant dans ma nuque me fit sombrer.

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La partie deux avec seulement 1 semaine d'attente !! Je suis si fière de moi T^T ! Bon aller, comme d'habitude, si vous avez aimé, n'oubliez pas de voter et de commenter ^^!

Bonne journée/ soirée/ nuit à tous/toutes !

Qui es-tu ? | Eyeless Jack x OC |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant