- Qu'est-ce qui s'est passé ?! Me demande Jerry.

- J'en sais rien, je suis tout autant étonné que vous...

- Il n'a pas fait de score aussi bas depuis plus de cinq ans ! Dit-il inquiet.

Aie ! Lorsque Aidan quitte la piste, il arbore une mine lugubre, et conduit directement Joyce jusqu'aux boxs. Je me lève, et me dirige, déterminé, vers son emplacement pour comprendre ce qu'il s'est passé.

Lorsque j'arrive, à pas de loup, j'entends un grand fracas. Je me mets immédiatement à courir, m'attendant au pire.

- Aidan ! M'écrié-je.

Il est accroupi, le dos appuyé contre le mur. Joyce tente en vain d'attirer son attention en martelant les parois de ses sabots, mais il nous ignore. Je rentre dans la stalle et m'agenouille devant lui. Mon cœur rate un battement lorsqu'il relève les yeux vers moi. Une larme roule doucement le long de sa joue et ses lèvres tremblent légèrement. Je ne pensais jamais voir Aidan ainsi désarmé, désemparé. Ma respiration se fait sifflante.

Je souffle et baisse mes barrières devant lui, résolu. Puis, sans lui laisser une chance de me repousser, je presse rapidement mes lèvres contre les siennes. Les larmes qui ont coulées donnent une légère saveur salée à sa bouche, et cette dernière en est d'autant plus douce. Je passe mes deux mains sur ses joues, et accentue mon baiser. Contre toute attente, il commence à me le rendre, faisant exploser mon cœur dans ma poitrine. Je pousse un léger gémissement. Aidan revient soudainement à lui, et m'écarte violemment, me faisant tomber sur le cul, dans la paille.

Nous nous regardons en silence, aussi essoufflé l'un que l'autre. Il me dévisage, en portant les doigts à ses lèvres. Je n'ose faire un geste, de peur de le bouleverser davantage. Bon sang, qu'est-ce qui m'a pris ?!


Pdv Aidan

Wowww... Alors ça, c'était du baiser. Je ne sais plus quoi penser, et mon pauvre cœur devient fou. Jamais dans ma vie, je n'aurais un jour pensé embrasser un homme, et encore plus... aimer ça. Samuel ne dit plus rien, et semble aussi surpris que moi. Ce petit garnement a profité de ma faiblesse pour me sauter dessus ! Malgré tout, je n'arrive pas à lui en vouloir. La seule raison qui m'a poussé à interrompre ce baiser est que je suis certain de voir débarquer Jerry d'un instant à l'autre.

- Sam... Dis-je d'une voix rauque. S'il te plait, reviens chez moi...

Ses yeux s'écarquillent subitement, et il déglutit péniblement, pris de court. C'est lorsqu'il ouvre la bouche pour me répondre que Jerry déboule comme une furie. Merde !

- Aidan Baker ! S'exclame-t-il. Tu as intérêt à avoir une bonne explication !

Samuel et moi échangeons un regard en nous levant, et nous sortons en silence du box.

- Et puis qu'est-ce que vous foutiez par terre ?! S'écrie le vieux.

- Foutiez ? Tu parles rarement comme ça ! lui répondis-je du tac au tac.

- Oh ne joues pas à ça avec moi jeune homme !

- Tu vas vraiment me faire un sermon ? Ajouté-je en relevant un sourcil.

Jerry me fusille du regard. Ah ! Il est vraiment en pétard...

- Sam, va à la voiture. Maintenant ! Ordonne-t-il.

Samuel s'enfuit presque en courant, sans un regard pour moi. J'ai l'impression de me retrouver seul face à un lion qui vient d'être libéré de e sa cage.

- Je veux des explications, Aidan !

- Je... Je suis désolé. J'ai perdu mes moyens et... Je n'étais pas dans mon assiette.

- C'est tout ?! Sérieusement ?!

- Je sais, je sais... Mais disons que quelque chose m'est tombé sur la tête, et que je ne m'y attendais vraiment, mais vraiment pas, papa...

Mon père était sur le point d'en rajouter encore une couche, mais lorsqu'il m'entend l'appeler « papa », ses mots ne sortent pas. Il m'observe attentivement. Puis il souffle bruyamment, et m'attire contre lui dans une étreinte chaleureuse, et paternel. Je me laisse aller contre lui, en faisant tout mon possible pour ne pas être submergé par mes sentiments.

Doucement, il me relâche, et m'écarte légèrement en me tenant à bout de bras.

- Tu sais que tu peux tout me dire, mon garçon ?

- Je sais... Je ne comprends tout simplement pas le mal qui me ronge.

- Est-ce si mal que ça ? Demande-t-il d'un ton très doux.

- Je... Je sais pas.

- Prends quelques jours, et réfléchis-y, me dit-il en tapotant mon épaule.

- Ok...

Sans un mot de plus, il passe son bras autour de mes épaules et nous regagnons la voiture, où l'origine de mes perturbations nous attend avec un air faussement innocent. 

Un Amour InattenduWhere stories live. Discover now