toujours calée dans un coin du fauteuil
elle sirotait son whisky, l'air débraillée, et m'considérait avec dédain, genre d'arrogance mélangé à du sarcasme, cocktail Molotov, prête à exploser, toujours têtue, sourcil droit arqué, presque sévère, elle me méprisait, sa clope au bec, pis s'mettais à rire, en m'soufflant sa fumée au visage
« putain, tu m'fais chier. »
c'était sa façon d'dire qu'elle m'aimait, un paradoxe, elle pouvait m'foutre une tarte pour m'embrasser, ou pleurer pour exprimer sa joie, milan était telle qu'il était impossible d'la suivre, et j'pense qu'elle même n'arrive pas à suivre le mouvement,
parce que milan c'est une vague déferlante, on l'a voit arriver au loin mais on peut pas l'arrêter, pis elle emporte tout, elle détruit tout, sans exception, mais elle y peut rien, elle a été conçue d'cette manière, ses gènes ont dû provenir d'un loup, solitaire, ou d'un autre animal sauvage, car elle est sauvage, milan, avec sa perruque et ses lèvres rouges,oui, milan aime le rouge,
et la drogue, et boire comme un trou, mais elle a pas peur de mourir, parce qu'elle sait qu'elle va mourir, elle attend la mort, assise dans l'coin son fauteuil, sirotant un autre cocktail
parce que milan à le cancer tu sais, elle a le cancer mais elle s'en tape, elle s'en tape donc elle fume des clopes même si elle n'aime pas le goût du tabac dans la gorge, pis elle s'en tape comme elle s'en tape de prendre ces médocs pour se sentir mieux, parce qu'elle sait qu'elle ne se sentira jamais mieux, parce qu'elle sait qu'elle doit mourir
et parce qu'elle sait qu'elle veut mouriroui, milan aime la mort,
« morphine, mort fine », qu'elle dit
et elle aime quand on baise jusqu'à pas d'heure, parce que le sexe avec elle c'est un peu comme s'défoncer la gueule à coup d'MD, et même si j'aime pas la drogue, j'pourrais m'niquer, avec la coco, jusqu'au bad trip, juste pour elle,
parce que le sexe avec elle c'est fun, parce que je l'aime, comme un con, comme un accro, parce que j'suis accro à milan, et tsais un jour ça va me tuer comme son cancer, mais j'y peux rien parce que milan, elle m'a déjà emporté, avec sa folie et sa dépression
et oui, milan est dépressive, elle pleure sans arrêt, parce qu'elle s'embrase, se consume, elle se détruit toute seule, elle s'emporte elle même dans cette vague, dans cette rage, milan est toujours en colère contre tout, milan c'est un orage, un tonnerre, une tempête, et elle me fait peur quelques fois milan, la nuit, quand elle crie, dans son lit, quand elle cauchemarde, à cause des drogues, quand elle me dit qu'sa fin est proche,
et en secret milan aussi elle a un peu peur, elle a un peu peur, de tout perdre, trop vite,
d'pas avoir profiter assez, donc résultat, elle profite pas, par peur d'être déçue, et fuit ce qu'elle aime, elle me fuit, trop vite,
alors elle m'insulte, me frappe, me mord, (me "mort" ?), elle me consume, elle m'fume, et fume de plus en plus, elle boit, elle s'drogue, elle pleure, elle crie, elle baise, et elle dit;« JE N'VEUX PLUS D'TOI DANS MA VIE. »
encore un paradoxe
elle voulait plus de moi dans sa vie, milan
elle voulait que j'm'en aille
mais quelque part je sais qu'elle avait encore besoin de moi
mais je suis parti
aussi vite que j'ai pu
comme un lâche
le problème
c'est que la vague milan
est partie
mais plus vite que moi
beaucoup
trop vite
et elle a emporté tout le reste
avec elle
laissant derrière elle
un amas
de cendres et de ruines
un amas
de culpabilité et de tristesse
bref, un amas
de moi
(merde, je t'aime milan)