Chapitre 25 : Tempête

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Je le repérai sans difficulté, habitué à ses yeux verts, son visage devenu familier pour moi. Je me figeai sur lui, horrifié de voir qu'il était présent. Il ne devait pas ! Il allait avoir des ennuis !

-Oh... Je ne vous ai pas encore présenté mon invité d'honneur ! Tu dois l'avoir reconnu, toi, pourtant Noal, n'est-ce pas ? Oh, ne te cache pas, il y a moins d'hommes ici que ce que tu ne crois, je vais finir par te démasquer... me surprit la voix douceureuse de Smôrbolg.

Noal devait s'en aller ! Vite et loin, avant de se faire repérer, pas pour moi, il ne pouvait pas se faire capturer pour moi. Pas une mort supplémentaire sur la conscience !

Je fermai les yeux, las. La douceur lancinante qui brûlait dans mon corps entier ne m'aidait pas à garder les idées claires et je peinais à suivre le déroulement des événements. Tout ce qui importait était Noal. Fuis ! voulais-je hurler. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais rien faire.

Je clignai des yeux, commençant à avoir des difficultés à garder les paupières ouvertes. Quand je trouvai la force de les relever, je ne repérai plus le visage du sauveur. Je balayai la foule à toute vitesse, affolé.

Les villageois se mettaient en mouvement, poussés par les gobelins. Les hommes furent alignés sur ma gauche, entassés les uns sur les autres, agenouillés, souillés par la boue. Mais aucune trace de Noal. Aucune trace de ses yeux verts, de son pull en laine miteux, rien. Je ne pouvais pourtant pas avoir rêvé !

Je tentai de chasser la douleur qui parcourait mon crâne et recommençai ma recherche. Des centaines de paires d'yeux se succédaient, bruns, noirs, bleus, gris, verts mais pas les siens. Pour être sûr de ne pas l'avoir raté, je vérifiai dans les rangées de femmes.

Nulle part. Il avait tout bonnement disparu.

Un mélange de soulagement et de déception m'envahit. Il n'allait pas être tué par le baghros... Mais il n'allait pas non plus me sauver de ses griffes.

-Noal ? Mon petit Noal, où te caches-tu ? demanda Smôrbolg.

Il éclata d'un rire tonitruant.

-Allez, fouillez les hommes. Tuez ceux qui opposent une quelconque résistance, on passera à la suite après avoir trouvé Noal ! ordonna-t-il d'un air plus sérieux.

Trois gobelins se chargèrent d'arranger les rangées d'hommes, alignant parfaitement cinq lignes d'une cinquantaine d'hommes au moins. Et cinq autres monstres commencèrent à fouiller les villageois.

Un par un, ils furent examinés, menton levé vers les gardes, corps tâtonné à grands coups de poings, comme s'ils cherchaient des armes par la même occasion. Le baghros ne perdit pas patience, bras croisés contre son torse poilu. Un sourire taquin au bord des lèvres, il attendait que sa proie lui soit amenée. Il n'envoya pas d'autres gobelins aider ceux qui cherchaient, comme s'il avait tour son temps. Comme si chaque seconde passée pouvait terrifier Noal et le forcer à commettre une erreur et être démasqué.

Il ne le fut pas.

Ses sbires revinrent vers lui en haussant les épaules piteusement. Aussitôt, l'expression du monstre changea du tout au tout. Ses yeux s'étressirent, son sourire narquois disparut. Il serra les poings et, perdant tout son contrôle, hurla :
-Amenez moi cet enfoiré !

Sa phrase résonna au dessus des centaines de villageois, tous se raidirent d'un même mouvement. J'écarquillai les yeux, surpris par ce soudain changement de comportement. Ouvrir aussi brusquement mes paupières amena à nouveau des petites étoiles devant mes yeux. Des points noirs dansaient sous mon regard fatigué.

Les gobelins baissèrent les yeux et se remirent à la tâche. Chacun d'entre eux vérifia tous les habitants qui furent ainsi examinés cinq fois. Mais le résultat ne changea pas. Le sauveur restait introuvable.

Okitio [En Pause] Where stories live. Discover now