Douce terreur à Masongrove

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Il était une fois à Masongrove, des villageois qui vivaient en paix. Ils se réjouissaient de leurs récoltes : ils avaient des terres prospères, de la nourriture et du vin en abondance. Puis vînt le jour où des sorcières surgirent de nulle part pour s'installer dans le village. Au bout de quelques années, les sorcières furent découvertes lors d'un rituel de sabbat. Chassées, mutilées et brûlées par les humains, elles mirent la petite bourgade à feu et à sang pour se débarrasser de ces derniers : elles pillèrent les maisons, les réserves de moissons et de vin et reprirent la route vers leurs sanctuaires. Ainsi Masongrove devint un village fantôme durant de nombreuses années.

Quelque dizaines d'années après l'événement, un homme qui aimait la solitude s'installa dans ce bourg. Il vivait dans l'une des plus grandes maisons du village, et l'une des seules qui ai échappée à l'incendie. Il y avait tout autour de la maison un mur qui séparait l'espace privé de la rue. Il y avait un jardin, parsemé de buissons, d'immenses arbres et des fleurs de toutes sortes, qui s'épanouissaient de tous côtés autour de la maison. La bâtisse comportait de nombreux éléments ornementaux, qui la distinguait des autres du village par sa grande richesse.

L'homme était grand, bien bâti. Il avait les cheveux d'un châtain assez foncé. Il semblait avoir une bonne trentaine d'années derrière lui. Il aimait la nature et rêvait de vivre de ses propres cultures. Il était seul, n'avait aucune famille autour de lui. Le village semblait être pour lui l'opportunité de mettre en avant ses projets. Les femmes ne l'attiraient guère. Il avait amené avec lui une dizaine d'oiseaux de tous genres (colombes, perroquets, canaris ...) et de toutes les couleurs (gris, bleus, violets) , un chien obèse, une chouette rose, un hiboux aux yeux minuscules et l'un des plus fidèles de ses compagnons, Storm, son cheval vieux de 67 ans. Ces animaux semblaient appeler leur maître sous le nom de Lucien Johnson. Ce dernier était très étrange et semblait venir d'un espace lointain ou d'une autre civilisation.

Tout ce petit monde s'était totalement intégré au paysage de cette petite contrée et au bout de quelques temps, Monsieur Johnson pu commencer à récolter ses propres semences avec l'aide de Storm. Tout se déroulait pour le mieux, les rendements étaient au rendez-vous. Cet homme savait qu'il aurait de quoi manger pendant au moins trois mois d'hiver. Pour aller et venir au champ, il lui fallait passer à travers le village en charrette. Le village était plutôt grand. On y voyait bien l'ancienne hiérarchie sociale car les maisons les plus grandes se trouvaient au centre du village et les plus pauvres habitaient en périphéries dans de petites maisonnettes en pierre ou en bois tels de petits chalets de montagne. Chaque jour, en parcourant les étroites ruelles, il avait entendu raconter que la disparition de ce peuple s'était déroulée dans d'atroces souffrances. Maintenant, les rues étaient désertes, il y régnait un froid perpétuel, même en pleine saison estivale. Ce sentiment provenait sûrement des maisons brûlées et de la réaction étrange qu'avait Storm à l'approche de ce lieu. Lucien savait que les chevaux sentent des choses imperceptibles pour les humains, et cette réaction ne le rassurait pas.

Un jour qu'il revenait du champ, son fidèle compagnon prit peur et la charrette où Lucien était assis se renversa. L'homme se releva, dépoussiéra son veston et regarda autour de lui. Il ne vit rien, il fronça ses grands sourcils et se dit que son cheval n'avait pas paniqué sans raison. L'homme se rembrunit quand il vit que Storm s'était blessé au postérieur gauche. Lucien, inquiet pour sa monture se dépêcha de dételer la charrette. Lorsque son cheval fut libéré, l'homme prit les brides et finit le trajet jusque chez lui à pied avec sa bête. Une fois arrivé, il se mit à le soigner. A plusieurs reprises, le canasson s'agita et Lucien essaya de le rassurer et continua les soins avec deux fois plus de douceur dans ses gestes. Une fois l'animal soigné et stabilisé, l'homme se dirigea vers la rue pour aller rechercher sa moisson qu'il avait laissée en plein milieu de la ruelle. De toute façon, personne ne lui aurait volé. De retour chez lui, il stocka sans attendre tous ses produits pour être tranquille les jours à venir.

Douce terreur à MasongroveWhere stories live. Discover now