"Il est à moi"

Il est à moi, rien qu'à moi! je voulais juste le garder dans mes bras jusqu'à mon dernier souffle, mais il était trop énervé. Je ne voulais pas le blesser mais il m'a forcé et je n'ai eu d'autres choix que de le faire. Il n'aime pas que je le regarde trop car il dis que je le met mal à l'aise alors j'ai essayé pendant quelques semaines de ne pas trop poser mes yeux sur lui mais à aucun moment il ne se montrait heureux de mes efforts! Je le touchais le moins possible pour ne pas le briser et prenait toutes les précautions pour le rendre heureux!

alors pourquoi avait-il l'air toujours aussi triste quand il regardait par la fenêtre? J'ai pourtant tout fait pour lui! Tout! Tout! TOUT! Je lui avais donné sa chambre à lui tout seul, sans être dérangé par mon coeur, Je lui ai acheté plein de beaux meubles pour remplir la pièce, des rideaux, des couvertures et même un jolie miroir que j'avais posé au mur! Il faisait un peu sombre dans la pièce ,c'est vrai. Mais je ne pouvais pas me permettre d'ouvrir la fenêtre trop souvent, il aurait dû le savoir! Si j'avais ouvert les volets il aurais put s'envoler et partir sans plus jamais revenir; ou pire alors! Etre vu par quelqu'un d'autre que moi qui me l'aurais pris et l'aurais emmener loin de ma peau affamé. Alors il fallait bien que les fenêtres soient condamnées...

Mais tout de même il n'était pas malheureux. Jamais il ne l'aurait été, il me l'aurais dit, je le sais, car je lui avait fait promettre de tout me dire, et justement il ne disait presque rien donc cela veut bien dire que je suis quelqu'un de bon et qu'il était heureux, non? Pourquoi a-t-il fait ça? Nous aurions pu être si heureux tous les deux! Je lui aurais soigné ses ailes, ses magnifiques ailes blanches que j'avais un peu malmener au début de notre rencontre... je les aurais couvert de bandages pour ne plus les arracher et de pommade pour qu'elles ne le fasse plus tant souffrir. Je l'aurais soigné de tous les maux que je lui donnais, l'aurais serré pour qu'il arrête de trembler et lui aurais donné mon sang pour son propre plaisir.

Je n'arrive toujours pas à comprendre! Pourquoi a-t-il fallu qu'il me dise que j'étais fou? Pourquoi a-t-il dit ça?! Il savait pourtant bien que ça m'énervais quand il me faisait ce genre de remarque! Il le savait que j'allais me mettre en colère, alors pourquoi a-t-il dû parler à ce moment?! Je ne lui aurais plus jamais fait aucun mal s'il avait pu être muet... C'est pour ça que j'ai fait ça, je voulais juste... Je voulais... Je voulais qu'il se taise et qu'il arrête de me dire ces choses qui blessent! Qu'il arrête de pleurer aussi quand il me voyait entrer dans la chambre et... Et surtout qu'il arrête de gémir quand, en m'approchant de lui, il me repoussait si brutalement. Même sans aucune force dans ses bras il arrivait encore à me repousser, encore, encore, et indéfiniment!

Alors...Alors c'est normal que cette fois-ci j'ai réagi, je ne suis pas un surhomme! Je n'ai pas pu me retenir et me suis jeté sur lui! Quand j'ai retrouvé ma raison, la chemise que je lui avais mis la veille était au sol, en lambeaux. Ma main avait glissé toute seule jusqu'à sa gorge je le jure! Et...Et il saignait de partout, c'était horrible je ne savais pas ce que j'avais fait. Ses ailes étaient détachées de son dos et ses bras courbés. Je ne pouvais vraiment pas avoir fait ça, mais je me suis vite rendu compte que j'étais bien le coupable...

 Ce n'est pas ma faute! Ce n'est pas ma faute! Bon sang! Il ne fallait pas me traiter de fou! Je ne suis pas fou! Je ne suis pas fou! Je voulais juste l'avoir juste pour moi, juste pour moi , ce n'est tout de même pas si grave! Je voulais juste être le seul à voir sa peau se montrer nue le soir venu, à voir ses ailes palpiter sous les contorsions de son flux sanguin, à voir mon sang bouillir quand mes chairs touchaient les siennes, à sécher ses larmes quand, tout le jour durant, elles sortaient à flot... A le cacher du reste du monde pour le temps de nos communs souffles!

Maintenant je vais au moins pouvoir vivre avec lui pour toujours et peu importe que sa peau disparaisse et ne laisse apparaitre de lui que des restes, dévorés par les larves, peu importe que je ne puisse plus m'insinuer en lui pour lui transmettre mon plaisir, peu importe également que je ne puisse plus jamais voir ses séraphiques larmes tomber sur ses joues rouges de honte, peu importe car maintenant il est silencieux et il ne voudra plus me dire des choses méchantes. Nous pourrons nous aimer comme j'en ai rêvé jusqu'à ce qu'il ne soit plus que cendre dans les draps de sa chambre dans lequel je l'avais fais vivre de son vivant. Il est à moi!