Montre-les-moi

1.7K 40 9
                                    

Dédicace à Madame 69, bon anniversaire ma belle !

Thorn détacha enfin son regard du verre d'eau pour le braquer sur elle. Ses prunelles pâles projetaient un éclat incisifs à travers la pénombre.

- Vous rappelez-vous ce que je vous est dit l'autre soir, devant l'entrée du Mémorial ? Que je ne voulais pas de vos bons sentiments ?

Ophélie hocha le menton.

- J'étais sincère, poursuivit-il d'une voix implacable. Je n'en veux pas.

Il se renfrogna, comme si il avait un goût désagréable en bouche. Ses doigts firent valser son verre d'une main à l'autre avant qu'il ne se décide à le poser.

- Du moins pas seulement.

Ophélie s'humecta les lèvres. Thorn n'avait pas son pareil pour la faire se sentir tour à tour glacée et brûlante.

- Vous ne...

- Pas de demi-mesure, la coupa t-il. Je ne suis pas et je ne veux pas être votre ami.

- Essayer la pince à sucre automatique, c'est l'adopter ! L'adopter ! Les mâchoires à ressort s'actionnent d'une simple pression du doigts ! Du doigts !

Ophélie s'empressa de baisser le volume du poste.

- Je refuse de vivre avec l'impression continuelle de vous mettre mal à l'aise, enchaîna Thorn d'une voix abrupt. Si ce sont mes griffes qui vous rebutent... je suis conscient d'être peu attractif... cette jambe ne m'empêchera pas de...

Il balaya son front d'une main excédée, comme s'il endurait un véritable calvaire grammatical.

Toute la nervosité d'Ophélie disparut aussitôt. Elle se débarrassa des ses gants comme d'une ancienne mue. Les coups durs avaient abîmé Thorn et les dégâts étaient plus considérable au-dedans qu'au-dehors. Elle se fit la promesse de le protéger de tous ceux qui pourraient l'écorcher davantage, à commencer par elle.

Elle s'approcha de manière à bien se tenir dans son champs de vision. C'était une bonne chose qu'il fût assis, ça les mettait à égalité. Il tressaillit quand elle appuya ses mains nues de part et d'autre de son visage. C'était un être anguleux de corps comme de caractère, sans jamais une formule aimable, ni un geste galant, ni un mots d'humour, préférant la compagnie des chiffres à la société des hommes. Il fallait avoir une bonne motivation pour regarder Thorn en face.

Ophélie en possédait une.

Elle embrassa ses cicatrices, d'abord celle qui fendait le sourcil, ensuite celui qui lui crevait la joue, enfin celle qui lui traversait la tempe. À chaque contact, Thorn écarquilla davantage les yeux. Ses muscles, à l'inverse se contractèrent.

- Cinquante-six.

Il désenroua sa voix d'un raclement de gorge. Jamais Ophélie ne l'avait vu aussi intimidé, en dépit des efforts qu'il déployait pour ne rien montrer.

- C'est le nombre de mes cicatrices.

Elle ferma, puis rouvrit les yeux. Elle le sentit à nouveau, en plus violent encore, cet appel impératif qui lui venait du fond du corps.

- Montre-les-moi.

Ses mains vinrent se placer sur les épaules de Thorn pour descendre lentement le long de son torse déboutonnant un à un les boutons. Thorn suivait des yeux ses doigts, quand ils atteignirent le bas de la chemise ils se stoppèrent, hésitant. Thorn agrippa les pans du vêtement et le retira pour le laisser tomber derrière lui.

Montres-les-moiWhere stories live. Discover now